Actualités of Thursday, 2 March 2017

Source: camer.be

La crise anglophone fait son apparition au FESPACO

'Life Point', le long métrage camerounais en compétition à Ouagadougou 'Life Point', le long métrage camerounais en compétition à Ouagadougou

C'est d'abord une histoire d'amour. Amour improbable ntre Mballa Etoa Jacob, professeur de Français à l'Université de Buea, en fin de carrière, sur la retraite, veuf, au bord du suicide, qui retrouve goût à la vie, grâce à sa rencontre avec Saadatu Ousmane, une jeune danseuse à qui il rend au bas mot une quarantaine d'années.


Cette jeune femme, en elle est toute une histoire : mère nigériane, père centrafricain, rescapée des tueries du pays de son père, et qui survit à Buea en donnant des cours de danse aux étudiants... Pourquoi Buea ? Parce que la mère nigériane de Saadatu y est née et y a grandi, mais surtout a demandé à sa fille d'y retourner. Les deux tourtereaux filent alors le parfait amour, jusqu'à ce que surviennent les enfants déjà adultes du vieil homme, qui ne voient en cette gamine qui fait danser leur papa, qu'une profiteuse.


Du déballage qui s'en suit, s'écoulent les histoires enfouies dans les parcours compliqués de chacun. L'amour triomphera, mais lequel ? Telle est l'énigme que laisse planer Achille Brice, le jeune réalisateur. Techniquement, tous les spécialistes sont unanimes, ce film est au point. Mention spéciale pour la photographie qui est particulièrement bien tenue, par Émile Vibain, un jeune autodidacte, ayant tout appris dans cette " Buea Valley " qui s'affirme désormais comme le laboratoire où se révèlent toutes les innovations notables de ce qu'il conviendrait d'appeler le "nouveau cinéma camerounais": jeune, inventif, à petits budgets, mais surtout... Anglophone. Des piliers de " l'ancienne école " pour ceux qui sont vifs, l'ont vite,- quelques-uns du moinscompris, eux qui viennent apporter leur touche à ce que ces jeunes anglophones ont déjà mis sur pied.


Ainsi est-il de Gérard Essomba, qui campe avec maestria le vieux prof amoureux, et qui d'un bout a l'autre, porte ce film, avec ses jeunes acteurs. Ainsi est-il de Basseck Ba Khobio, le producteur, à travers Terres Africaines, qui a eu du nez avec ce coup d'essai qui promet. Reste le choix de ce film, qui est clair : Achille Brice, le réalisateur, Nkanya Kwai le co producteur et second rôle, Tabi Ayuk Tambi qui incarne avec sensualité Saadatu, sont tous de jeunes anglophones. Mais ils ont choisi de jouer en français, dans ce qui est leur première oeuvre majeure. Par ces jours où il y aurait des problèmes à cette cohabitation, ce film est un étendard qui claque à tous, la vérité de ce pays dont les peuples se parlent, sans aucune suspicion.


Les dialogues de Life.Point vont du français à l'anglais et glissent au pidjin, dans un melting pot linguistique auquel nous, camerounais, sommes habitués, et dans lequel nous vivons, et avec lequel la majorité des camerounais souhaitent construire leur pays. Cette volonté et ce choix n'ont rien d'opportunistes de la part de ces jeunes anglophones camerounais. ils ont été faits depuis avril 2016, plusieurs mois avant que n'éclate ce que l'on désigne aujourd'hui la "crise anglophone"...


Lorsqu'on aime le cinéma, on passe un bon moment avec ce film tour à tour léger et emportant, dont on ne s'aperçoit des portées dramatique et pourquoi pas le dire, politique qu'après coup. Les membres du jury furent impressionnés. Le public apprécia. Mais au Fespaco, la compétition est relevée.


Fiche technique


• Genre : Drame
• Durée : 90mn
• Réalisateur : Achille Brice
• Scénario : Nkanya Nkwai
• Musique: Salatiel L. Bessong.
• Acteurs : Gérard Essomba, Tatiana Ngong, Tabi Ayuk Tambi , Nkanya Nkwai - Prod