Actualités of Wednesday, 1 November 2017

Source: actu-plus.cm

La division s'installe dans le rang des leaders anglophones

De plus en plus de dissensions sont observées entre les défenseurs de la cause anglophone De plus en plus de dissensions sont observées entre les défenseurs de la cause anglophone

Dans la nuit du 28 octobre à Mamfe (région du Sud-Ouest), la résidence de Agbor Nkongho Balla a été consumée par les flammes. Selon plusieurs sources, l’incendie est d’origine criminelle. Ce qui a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et fait l’objet d’un large traitement dans la presse classique. Pour des commentateurs, il s’agit d’un coup des services secrets de Yaoundé, tandis que pour d’autres, plus nombreux, des extrémistes anglophones sont derrière cet acte.

Ces derniers manifesteraient ainsi leur désapprobation sur les positions de ce leader du Consortium, qui a appelé quelques jours plus tôt à une reprise des cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en même temps qu’il se prononçait clairement contre la partition du Cameroun. Inadmissible pour certains, qui depuis plusieurs semaines déjà l’assimilaient à « Judas Isacriot », celui-là même qui a trahi Jésus-Christ. En effet, Agbor Nkongho Balla est considéré depuis quelque temps comme un traître à la cause anglophone.

La « fatwa » qui semble avoir été lancée contre lui laisse apparaitre le fossé de plus en plus grandissant entre séparatistes et fédéralistes, entre extrémistes et modérés. Un fossé qui a commencé à se creuser dès le 31 août 2017, date à laquelle plusieurs manifestants emprisonnés avec les leaders du Consortium ont été libérés sur décision du chef de l’Etat. Beaucoup avait perçu cet acte du président Paul Biya comme un coup de mou, le résultat d’un « deal », et appelé à intensifier la revendication.

Les rangs des extrémistes, qui avaient gonflé et s’étaient fortement radicalisés après l’arrestation desdits leaders, poussaient désormais pour une sécession pure et simple des régions anglophones. Et le week-end du 22 septembre, des manifestants prenaient à partie des élus du Social Democratic Front (SDF), principal parti de l’opposition, des régions anglophones, les menaçants de mort si ces derniers ne renonçaient pas à leur mandat de parlementaires. L’embarras qui s’en était suivi au sein de cette formation politique particulièrement implantée dans lesdites régions, et qui a le fédéralisme chevillé dans son programme politique, révélait alors un défaut de vision commune dans ce mouvement de revendication.

Plus tôt, dès sa sortie de prison, Agbor Nkongho Balla, qui se tisse progressivement une étoffe internationale après avoir imposé sa voix au pays, a clairement pris ses distances avec Tapang Ivo Tanku et Mark Barreta, les deux leaders qui assuraient l’intérim du Consortium depuis janvier. Ceux-ci se sont radicalisés au fil du temps, rejoignant progressivement les factions sécessionnistes incarnées par Julius Ayuk Tabe, le président de la « République du Southern Cameroon ».

Wilfred Tassang l’un des membres du collège des leaders du Consortium (avec Agbor Nkongho Balla et Fontem Neba), en exil depuis janvier, s’est lui aussi rapproché des sécessionnistes au point de « siéger » dans le « gouvernement » formé par Julius Ayuk Tabe. Aujourd’hui le mouvement de revendication anglophone semble être à la croisée de trois factions, que rien ne rapproche : les partisans d’une décentralisation effective, les fédéralistes et les sécessionnistes.