L’actualité politique camerounaise est secouée par une action en justice inédite. Theiller Onana Léon, conseiller municipal de Monatélé et militant du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a officiellement assigné son propre parti devant les tribunaux. L’objectif : faire constater la vacance du poste de Président National, actuellement occupé par Paul Biya, et empêcher sa candidature à l’élection présidentielle de 2025.
Dans son assignation déposée ce mercredi 25 mars 2025 par voie d’huissier, Theiller Onana Léon s’appuie sur une argumentation juridique précise. Il rappelle que le dernier congrès ordinaire du RDPC s’est tenu en septembre 2011 et que, selon les statuts du parti, le mandat des instances dirigeantes, y compris celui du Président National, est limité à cinq ans.
Le requérant estime donc que les organes dirigeants du RDPC, dont le Comité Central et le Bureau Politique, n’ont plus de légitimité statutaire depuis 2016. Il souligne que cette situation irrégulière pourrait invalider la candidature du parti pour la prochaine élection présidentielle, exposant ainsi le RDPC à des recours juridiques.
Le Tribunal de Première Instance de Yaoundé-Centre Administratif devra se prononcer sur cette affaire lors d’une audience prévue le 10 avril prochain à 14 heures. Theiller Onana Léon demande au juge de désigner un mandataire ad hoc chargé d’organiser un congrès ordinaire du RDPC afin de mettre fin à ce qu’il qualifie de "gouvernance de fait".
Il insiste sur l’urgence de la situation, alors que le processus électoral pour la présidentielle de 2025 devrait bientôt être lancé. Selon lui, seule la tenue d’un congrès dans les règles permettrait au RDPC de présenter un candidat dont la légitimité ne pourrait être contestée.
Un coup de tonnerre dans la vie politique camerounaise
Cette action en justice intervient dans un contexte politique déjà tendu. Alors que beaucoup anticipaient une nouvelle candidature de Paul Biya, cette assignation remet en cause ce scénario. Elle pourrait également relancer les débats sur le renouvellement des élites au sein du RDPC, parti au pouvoir depuis des décennies.
Certains observateurs y voient une manœuvre interne pour forcer une transition au sein du parti, tandis que d’autres considèrent cette initiative comme une véritable bombe politique à quelques mois de l’échéance présidentielle.
Si le tribunal donne raison au requérant, les conséquences pourraient être majeures :
La direction actuelle du RDPC serait considérée comme illégitime
Un congrès extraordinaire devrait être organisé pour désigner de nouvelles instances
La candidature de Paul Biya à la présidentielle deviendrait juridiquement compromise
Cette affaire, quelle qu’en soit l’issue, marque un tournant dans la vie politique du Cameroun. Elle témoigne des tensions au sein même du parti au pouvoir et pourrait annoncer une recomposition du champ politique à l’approche des élections.
Tous les regards sont désormais tournés vers l’audience du 10 avril. Dans l’intervalle, les réactions des différentes factions du RDPC, ainsi que celles des autres formations politiques, seront scrutées avec attention. Une chose est certaine : cette affaire judiciaire vient d’ouvrir un nouveau chapitre dans la vie politique camerounaise.