Dans une interview accordée à Alain Foka, l'ancienne Première dame du Cameroun, Germaine Habiba Ahidjo, décédée en avril 2021, a révélé les motifs ayant conduit son époux, l'ex-président Ahmadou Ahidjo, à choisir Paul Biya comme successeur constitutionnel à la tête du Cameroun. Selon elle, trois raisons principales ont guidé cette décision historique.

Tout d'abord, Paul Biya n'était pas perçu comme tribaliste, un critère essentiel pour Ahidjo dans un contexte où l'unité nationale du Cameroun, pays multiculturel et multiethnique, devait être préservée. Ensuite, Biya, à l'époque, était politiquement "vierge", c'est-à-dire qu'il n'avait pas été compromis par des conflits internes ou des jeux de pouvoir politiques, ce qui le rendait, selon Ahidjo, apte à incarner une certaine neutralité. Enfin, sa maîtrise des deux langues officielles du Cameroun, l'anglais et le français, était un atout majeur pour assurer la cohésion d'une nation bilingue, particulièrement marquée par la diversité linguistique.

En ce qui concerne d'autres personnalités proches d'Ahidjo, plusieurs avaient été écartées pour diverses raisons. Samuel Eboua, bien qu'étant un technocrate chevronné et un expert en gestion des dossiers étatiques, n'avait pas retenu l'attention d'Ahidjo à cause de l'hostilité qu'il nourrissait à l'égard des Bamilékés, une ethnie influente du pays. Ahidjo estimait que cette rancœur constituait un obstacle à l'unité et à la stabilité du Cameroun.

Quant à Victor Ayissi Mvodo, bien qu'il ait été un collaborateur loyal, capable de suivre aveuglément les directives d'Ahidjo, ce dernier le jugeait trop impulsif et brutal pour assumer la fonction suprême. Il ne le considérait donc pas apte à diriger un pays qui avait besoin de diplomatie et de stabilité pour son développement.