La présidence du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dirigée par l’opposant Maurice Kamto a officiellement fait part d’une intention. C’est celle de la participation à la grande élection présidentielle qui arrive 2025 pour essayer une nouvelle fois de déjouer les plans du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) conduit par Paul Biya.
Depuis cette annonce retentissante, on essaie de savoir si la décision du MRC à prendre part à la compétition électorale en 2025 est-elle réfléchie et opportune. Pour certains observateurs, c’est l’affirmative. D’autres pensent que non.
A quelques années seulement du moment très attendu, Maurice Kamto semble plus que jamais à la croisée des chemins. Lui et son parti doivent soit s’allier avec un autre parti de l’opposition qui a des représentants à l’Assemblée nationale, ou soit alors avoir le nombre de signatures qu’il faut pour un parti qui veut participer à une élection présidentielle sans représentant au Parlement.
Beaucoup de paragraphes entrent en jeu. Ce qui incite Me Christian Bomo Ntimbane à surnommer Maurice Kamto « l'opposant tampon ».
Maurice Kamto : l'opposant tampon
La notion d'opposant tampon que j'ai évoquée hier sur un post, est une stratégie des officines des pouvoirs consistant à favoriser la montée en seconde position d’un opposant entre le véritable opposant qui pourrait bousculer les lignes et le régime au pouvoir.
Cette démarche politique s'inspire de la notion géopolitique d'Etat tampon, qui est un Etat situé entre deux puissances afin de les séparer et éviter un affrontement direct entre eux.
Cet Etat tampon doit de ce fait, garder politiquement une distance égale par rapport à chacune des puissances.
Maurice Kamto est bel et bien, malgré lui, cet opposant tampon qui a pour but d'empêcher un affrontement politique direct entre Cabral Libii, soutenu par la population jeune de toutes les régions du Cameroun et le pouvoir RDPC qui est bien conscient qu'une opposition jeune pourrait déboucher par des grandes manifestations de rue qui peuvent ébranler les institutions.
C'est la même stratégie employée ces derniers temps en France par le régime Macron.
Marine Le Pen sert, de candidat tampon pour éviter un affrontement politique direct entre Emmanuel Macron et Jean Luc Mélenchon, reconnu politiquement plus redoutable.
Il ne se fait pas de doute sur l'issue de la dernière élection, si Macron avait été opposé à Mélenchon au second tour de l'élection.
Je le répète, c'est le rôle de Maurice Kamto.
Il n'est pas une menace pour le pouvoir. C'est l'opposant tampon.
C'est tout comme Marine Le Pen qui donne cette illusion en France d'être la vraie opposition.
Pourtant, elle ne peut pas gagner. Son rôle est d’empêcher la présence au second tour de candidats de gauche ou de droite plus dangereux pour les pouvoirs en place.