Actualités of Sunday, 19 February 2023

Source: www.camerounweb.com

Pourquoi le lieutenant-colonel Justin Danwe suffisamment entraîné a aussitôt tout avoué

Justin Danwe est passé aux aveux Justin Danwe est passé aux aveux

Justin Danwe est le chef commando qui a dirigé l’opération du kidnapping, de la torture et de l’assassinat du professionnel de l’information Martinez Zogo. Ce chef des opérations spéciales à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) est actuellement entre les mains des enquêteurs composés des éléments de la police et de la gendarmerie camerounaises.

Justin Danwe serait le premier homme à avoir craché le morceau quand les enquêteurs l’ont bousculé un peu. Alors on peut se demander pourquoi un lieutenant-colonel suffisamment entraîné pour résister et qui a certainement une idée plus suffisante de l’interrogatoire, s’assiérait aussi vite à table pour avouer un crime qu’il a commis, sachant qu’il irait en prison.

Des explications données par l’avocat au barreau de Paris Me Christian Bomo Ntimbane peuvent servir de réponses à cette interrogation.

Le membre de la Société civile des réconciliateurs explique que « les enlèvements, les tortures et assassinats ciblés des citoyens par les agents de services d'intelligence ne se font plus ».

Autrement dit, « Ce sont des méthodes désuètes, surannées dignes des pouvoirs totalitaires. Lorsqu'un citoyen est suspecté d'avoir commis des actes de trahison, il est déféré aux autorités judiciaires ».

Mais là où ça devient intéressant, c’est lorsqu’il dit qu’un « agent de renseignement ou d'intelligence peut se mettre rapidement et aussitôt à table quand il est interrogé par les autorités de son pays ».

Encore plus « quand il est confronté à des preuves de sa participation à une opération. Il n'est pas en terrain ennemi ou étranger pour résister », élucide Me Christian Bomo Ntimbane.

Par ailleurs, nous sommes en mesure de croire que Justin Danwe aurait très vite compris qu'il ne servirait à rien de cacher une vérité qui finirait par être dévoilée au grand jour, a fortiori face aux différentes preuves laissées derrière et que les enquêteurs seraient en train de découvrir progressivement.

Mais encore, il ne peut pas être exclu la possibilité qu'il bénéficierait d'une quelconque reconnaissance des juges en échange de sa coopération.

C'est une chance qui n'est pas à écarter parce qu'il a déjà été donné de constater que le suspect qui coopère dans le cadre d'une affaire judiciaire est quelquefois moins perdant que ceux qui refusent de se mettre à table mais qui finissent par être reconnus coupables.

Puis aussi, la dernière sortie médiatique de l'avocat conseil de Justin Danwe tend à faire croire que la partie Danwe ne veut pas compliquer les choses, ou autrement dit être un élément qui retarde l'évolution des investigations et par conséquent de la démarche à rendre justice à Martinez Zogo.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, Reporters sans frontières (RSF) a garanti lors de son audition que « selon Justin Danwe, Jean-Pierre Amougou Belinga aurait asséné des coups au journaliste dans le sous-sol de son immeuble.

L’homme d’affaires aurait alors appelé Laurent Esso, le garde des Sceaux dont il est proche, afin de lui demander quel sort réserver au présentateur radio.

Le ministre, un des hommes les plus puissants du régime, lui aurait alors répondu de "finir le travail" pour éviter une nouvelle affaire Paul Chouta, un journaliste laissé pour mort au bord d’une route l’année dernière, après avoir été passé à tabac par un mystérieux commando, qui n’a jamais été identifié.

L’homme d’affaires n’aurait pas assisté à la "fin du travail" que Justin Danwe reconnaît avoir effectué avec ses hommes. Le corps du journaliste a été sévèrement mutilé : doigts coupés, multiples fractures au niveau des bras et des jambes, barre de fer enfoncée dans l’anus (…) ».