Actualités of Monday, 12 September 2022

Source: La Nouvelle N°666 du 12-09-2022

Prospérité de Paul Biya : Quand le bout du tunnel s’éloigne

De la démocratie, parlons-en ! De la démocratie, parlons-en !

En espérant laisser à la postérité, un Cameroun démocratique et prospère, le président Paul Biya semble ne pas trouver tous les ressorts pour ce qui est de la prospérité. Et pourtant !

Le 22 juillet 1990 à Paris, face à Yves Mourousi, journaliste officiant à l’époque pour le compte du média français Radio Monte Carlo (Rmc) et profitant d’une visite officielle du président Biya en France, ce dernier répondant à la question du journaliste de savoir qu’est-ce qu’il souhaitait que les Camerounais gardent de lui ? Le chef de l’Etat camerounais a eu cette réponse historique à savoir que les Camerounais gardent de lui, l’homme qui a apporté au Cameroun, la démocratie et la prospérité.

De la démocratie, parlons-en ! Il faut être suffisamment de mauvaise foi pour ne pas reconnaitre que le chemin a été balisé depuis des lustres. D’ailleurs, dès sa prise de fonction à la tête de la magistrature suprême au Cameroun, le président Paul Biya n’a jamais manqué une occasion pour marquer les esprits quant à son esprit démocratique. Il va d’ailleurs l’expérimenter dans son propre parti, le Rdpc, dès sa création à Bamenda en mars 1984. Le parti va ainsi organiser dans la foulée, ses premières opérations de renouvellement des organes de base avec des élections constituées de plusieurs listes en concurrence. Ce mouvement, tout aussi historique, a connu la chute de nombreux baobabs de la scène politique nationale de l’époque, ceux-là même qui faisaient la pluie et le beau temps dans le parti unique. C’est encore Paul Biya qui appelle ses camarades à une éventuelle concurrence au moment où le mur de Berlin s’écroule et que la France conditionne dorénavant son aide à ses partenaires africains à l’ouverture démocratique. On sortait alors du sommet de La Baule avec le président François Mitterrand à la baguette. Ses camarades du parti ont beau marché pour refuser toute forme de multipartisme qu’ils jugeaient précipité, en 1990 donc, les digues sont levées et les libertés démocratiques deviennent une réalité incontestable.

Les gens commencent à s’exprimer publiquement. Seulement, avec le temps, il n’a échappé à personne que cette démocratie est de plus en plus mise à mal par des politiciens véreux qui ont d’autres desseins pour le Cameroun et qui veulent à tout temps prendre des raccourcis antidémocratiques pour arriver au pouvoir. Mais en réalité, le chemin est balisé et la démocratie aujourd’hui au Cameroun reste irréversible.

Horizon 2035

Sur le second volet, celui de la prospérité, les choses ne semblent pas aller comme il se doit. Pourtant, ce n’est pas faute pour le président Biya d’avoir donné le ton à travers des programmes qui visent tout simplement l’émergence du Cameroun. Le cap a même été à l’horizon 2035. C’est ainsi qu’on a eu le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp) qui s’est vite transformé en Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), qui lui-même ne fera pas long feu. Il va être remplacé aujourd’hui par la Stratégie nationale de développement 2020-2023 (Snd 30). D’où la question essentielle et inévitable qui se pose aujourd’hui : la Snd 30 réussira-t-elle là où les premiers programmes ont échoué ?

Difficile de présager du même sort pour cet autre programme de nouvelle génération qui semble bâti sur la correction des errements des premiers programmes.

Seulement, l’on a vite fait de percevoir comme une main noire qui s’abat sur les projets initiés depuis quelques années qui apparaissent comme des éléphants blancs. Devraiton encore parler de délestages au Cameroun avec la construction de nombreux barrages hydroélectriques ? Que non ! Et pourtant, le Cameroun broie encore du noir et paye le prix fort sa consommation en électricité qui demeure insuffisante pour véritablement accompagner l’industrialisation du pays.

Il y a près d’une décennie, le Cameroun se lançait dans un important programme de construction des autoroutes. Notamment Douala-Yaoundé, Nsimalen-Yaoundé, Kribi-Edea.

Force est de constater qu’à date, aucune de autoroutes n’est achevée. Le Port autonome de Kribi, qui aurait dû être ce hub central de l’Afrique centrale est loin d’être achevé. Tous ces projets de seconde génération restent de véritables serpents de mer au point où nos lecteurs ont tôt fait de mettre tous les blocages connus dans la réalisation de ces projets sont le fait des luttes de positionnement et des batailles byzantines qui font rage dans le sérail en vue de la succession du « grand timonier ».

Comment expliquer qu’au début des années 1980, après une décennie de forte croissance, le Cameroun était comparé aux économies d'Asie de l'Est.

Cette célébrité s'est brusquement arrêtée à la fin des années 1980, lorsque le pays s’est enfoncé dans l’une des périodes de récession les plus profondes et les plus prolongées de l’histoire. Depuis, les autorités se sont fixé comme objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire haut d'ici 2035, ancrant leur stratégie de croissance sur la construction d'infrastructures structurantes. Après un certain succès initial, avec une croissance réelle qui est passée de 1,9 % à 5,9% entre 2009 et 2014, le pays est de nouveau confronté à des tensions budgétaires. Les crises multiformes aidant, la prospérité semble davantage s’éloigner du pays comme le souhaitait le président Biya. Seulement selon certains analystes, pour devenir un pays à revenu intermédiaire haut d’ici 2035, le Cameroun devra accroître sa productivité et libérer le potentiel de son secteur privé. L’on pense aussi qu’avec la possibilité aujourd’hui d’exploiter en toute liberté les richesses de son sous-sol, tout est encore rattrapable. La cession du premier permis d’exploitation du fer de Kribi est un exemple. A condition que les compatriotes chargés des négociations de ce genre de contrats le fassent dans le seul intérêt du peuple camerounais. Evitez de suivre mon regard