À quelques mois de la présidentielle d'octobre 2025, le député Théophile Baoro se retrouve propulsé premier responsable du RDPC dans l'Adamaoua, une région historiquement difficile pour le parti au pouvoir. Ce fils du Mbéré, surnommé "chef de la résistance" depuis les années 1990, incarne la nouvelle stratégie de reconquête du parti présidentiel dans cette zone traditionnellement acquise à l'UNDP.

Sa nomination le 26 mars 2025 par Paul Biya en personne n'est pas le fruit du hasard. Inspecteur principal du Trésor de formation, Baoro a su démontrer ses qualités politiques lors des législatives de 1997, devenant alors le seul élu RDPC dans son département. Un exploit qui lui a valu d'intégrer le bureau de l'Assemblée nationale puis, progressivement, les cercles les plus proches du pouvoir.

Pourtant, son parcours n'a pas été un long fleuve tranquille. La mort d'Abbo Ousmanou en 2023, principal financier du RDPC dans la région, a provoqué une violente guerre de succession dont Baoro a failli être la victime. Écarté dans un premier temps des obsèques officielles par le gouverneur Kildadi Taguiéké Boukar, il doit son salut à l'intervention personnelle de Jean Nkuete, secrétaire général du comité central du RDPC.

Aujourd'hui à la tête de la délégation régionale du parti, Baoro mise sur sa discrétion légendaire et son sens du dialogue pour unifier les troupes. "Il vaut mieux rassembler", confie-t-il régulièrement à ses proches, selon des informations recueillies par Jeune Afrique. Une approche qui contraste avec les méthodes habituelles de la politique camerounaise, mais qui pourrait s'avérer payante dans cette région complexe.