Les reportages humiliants ne cessent de pleuvoir sur le Cameroun. Il y a quelques jours, le média allemand DW (Deutsche Welle) a titré un article : « Dans l'ombre de Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh » , un article dans lequel le média se pose la question de savoir si Paul Biya serait-il toujours en capacité de gouverner.
Dans cette même posture, Dr Aristide Mono qui analyse les affrontements musclés dans le sérail, en vient à se demander si effectivement le Cameroun est encore gouverné par le président de la République, Paul Biya. Dans un texte rapporté par le confrère journal du Cameroun, le politologue ne se voile pas la face et pose des questions que bon nombre n'osent pas poser.
« Le Cameroun est-il gouverné, du moins, le pays a-t-il encore à sa tête un chef d’Etat. A-t-il encore à sa tête un président de la république ? Si oui, où est-il ? Si oui, est-il encore réellement président ? Voilà des questions que beaucoup se posent depuis quelques années, même s’ils sont peu à oser poser ces questions en public, parce qu’elles peuvent être interprétées par l’ordre répressif comme une haute hostilité contre la patrie ; ou un outrage à chef d’Etat.
Parce que chez nous, dans notre démocratie et ses libertés ligotées et sous embargo, il est interdit de poser certaines questions comme celle de l’effacement ou de la transparence du chef de l’Etat; n’en parlons pas de ses capacités à continuer à régner sur son empire.
De toutes les façons, posons-nous d’abord vite la question du jour, le Cameroun est-il encore réellement gouverné? Dispose-t-il encore d’un président de la république effectif ? Pourquoi cette question à risque? Pourquoi cette question ce matin? C’est quoi son opportunité et son prétexte?
Le prétexte c’est tout simplement la guerre de chiffonniers à laquelle se livrent ces jours deux clans prétendants à ta succession de l’infatigable bâtisseur, l’homme qui ne cesse de nous épargner de la taxe sur l’oxygène que nous consommons au Cameroun, mieux, dans son royaume.
Une guerre dont la manifestation la plus plausible ces derniers jours est la rumeur sur le mandat d’amener qu’on aurait émis contre le secrétaire général de la présidence de la république, le vice-Dieu qui serait en train d’être consumé par la chaleur vive que dégage le Dieu soleil. News et Fake News? Infos ou intox? Le peuple regarde seulement. Mais ce que nous retenons, c’est juste la cacophonie.
Cette actualité qui est une orchestration du dan rival à celui proche du Sgpr nous rassure que notre pays est en train de consommer son ère de la cacophonie, son âge de la cacophonie; sûrement les livres d’histoires des années 2070 en tiendront compte. Parce que ce qui se passe depuis quelques années au sommet de L’Etat est exceptionnel! C’est de l’inédit! Le premier ministre marmonne de son côté; il se lamente dans son petit coin; il est inaudible; il y a des ministres qui ne le gèrent pas du tout dans ses affaires.
Certains donnent l’impression de lui filer des injonctions. Il dit “A », eux ils disent “B”; et après c’est le “bia kad bo’o naia njom teg bo’oh Le Sgpr signe une note, le ministre de la justice lui demande de justifier son acte; le ministre de la justice de son côté dit que tel bandit ne doit pas être libéré; le Sgpr de son côté dit le contraire, et tout ceci publiquement. Les impôts disent que tel doit se soumettre à la répression fiscale, le ministre des finances dit niet.
Le directeur des impôts récidive, sa collaboratrice de la région du Centre est jetée expéditivement en prison comme une vulgaire arracheuse de sac de Mokolo. Elle est libérée des semaines et organise du coup une messe d’action de grâce. La justice décide d’embastillement du directeur du port autonome, la présidence de la république décide autrement.
C’est comme ça que les hautes instructions pleuvent, on dirait que le président ne pouvait pas user du temps et de la signature qu’il dépense pour donner ses hautes instructions pour signer lui-même et directement ce qu’il veut ou ce qu’il veut dire aux gens dans ses hautes instructions. C’est l’anarchie.
Le peuple est confus. Les gens volent chaque jour comme des souris. Les audits accablants sont produits par la haute juridiction de l’Etat, les détournements plausibles de l’argent du corona virus et de l’argent de la Can. Ce pourquoi l’argent est débloqué n’est pas réalisé. Les gens mettent près de 10 ans pour boucler une autoroute de 15 kilomètres.
La construction des stades de football met plus de 15 ans, pour ne pas être finalement livré, jusqu’à ce que la CAF les suspende. La voiture du président tombe en panne en plein défilé; Mais après, c’est le «bia kad bo’o nala njom teg bo’o».
Le président de la république est comme quelqu’un qui vivait à l’Onu et qui vient nous rendre visite tous les trois mois lorsqu’il fait beaucoup. Pour le voir physiquement, il faut alors passer près de 7 heures à l’aéroport international de Nsimalen à l’occasion de ses multiples départs vers le pays qu’on appelle l’Europe. Ou de ses multiples arrivées triomphales.
Dans le cas contraire, vous allez vous contenter de sa main qu’il sort souvent de sa voiture vitre fumée pour saluer quelques ultras patriotes amassés tout le long de ses itinéraires. On ne voit que sa main et en vitesse. Pour le voir même à la télé, c’est déjà un autre problème; entendre ne serait-ce que sa voix, c’est une césarienne. Nous ne savions pas jusqu’ici qu’avoir un président de la république visible en chair et en os était quelque chose de si compliqué. De toutes les façons, nous on a toujours vécu comme ça, «bia kad bo’o na’ala njom teg bo’o
Dr Aristide Mono »