Actualités of Wednesday, 4 December 2024

Source: www.camerounweb.com

Torture : Me Tamfu sort du lourd pour sa défense lors de la confrontation avec les gendarmes

La torture non conventionnelle est beaucoup utilisée au Cameroun La torture non conventionnelle est beaucoup utilisée au Cameroun

L’affaire de Me Richard Tamfu continue de livrer des détails choquants. On sait que l’avocat a été torturé par des éléments de la gendarmerie. Le lanceur d’alerte Boris Bertolt fait de nouvelles révélations explosives sur l’enquête prescrite par le patron de la gendarmerie.

Suite à l’enquête prescrite par le SED, Galax Etoga, relative aux violences perpétrées à l’encontre de Me Richard Tamfu, l’enquête a débuté à la Légion de gendarmerie du Littoral. Me Tamfu a déjà été auditionné, en présence, coté gendarmerie, de trois enquêteurs et coté barreau du Cameroun, de son avocat Me Fonju Bernard Fuelancha accompagné de Gabriel Kontchou, Me Bongam et Me Achu Daisy.

L’enquête se déroule dans le bureau du commandant en second, le Lieutenant-Colonel Zang qui sera promu Colonel, au cours de l’enquête, à 17h 30 par décret.

Les faits. La cliente de Me Tamfu, Dame Ndansi Olivia, le rencontre le 27 novembre 2024 à 9h et lui explique qu’elle a un différend avec une dame, de qui elle a reçu 20 millions de francs CFA pour l’achat d’un car de marque Coaster.

Faute de temps, Me Tamfu renvoie sa cliente pour plus tard. Mais alors qu’il est à Bonanjo pour une audience, sa cliente le rappelle pour dire que les personnes concernées par le dossier de 20 millions sont dans sa boutique à Bonabéri. Me Tamfu envoie son collaborateur en stage pour assister la cliente. Peu de temps après, il est lui-même sur les lieux et rencontre deux des quatre personnes concernées par le dossier. Il tente une médiation et demande par téléphone au petit frère de sa cliente qui se trouve en Belgique de tout faire pour régler la situation en remboursant la totalité des sommes perçues.

Me Tamfu quitte les lieux pour un besoin pressant. De retour, 10 minutes après, dans la boutique de sa cliente, il constate qu’il y a un attroupement et les voix qui se lèvent et note la présence des gendarmes, trois en uniforme et un en civil. Me Tamfu se présente aux gendarmes et précise qu’il est l’avocat de la mise en cause. Il poursuit et demande l’objet de la présence des gendarmes sur les lieux. Celui en civil qui était le plus gradé (sous-lieutenant) répond à Me Tamfu en ces termes : « Maître, nous sommes venus chercher ta cliente ».

Face à cette réponse, Me Tamfu demande le document justifiant l’arrestation de sa cliente. Une lettre convocation est tendue à la dame sur lequel est inscrit « Dès réception » et Me Tamfu de dire que ledit document n’était pas un mandat et que sa cliente n’allait pas obéir à une illégalité. Il demande que la convocation soit déposée et qu’il allait ramener sa cliente. La réponse va provoquer le courroux des gendarmes qui vont le tabasser.

La confrontation à la Légion de gendarmerie avec ses bourreaux. La confrontation débute autour de 20h avec la présence de trois sur les quatre gendarmes incriminés sans aucune explication sur l’absence du quatrième. Les gendarmes sont arrogants. D’ailleurs le sous-lieutenant, Medjo Eko, celui qui a coordonné la bastonnade, a planté le décor en disant : « J’ai plusieurs avocats et j’aurais pu faire venir ici, avec au moins trois, mais pourquoi faire ».

Tous affirment tour à tour qu’ils n’ont jamais menacé Me Tamfu et n’ont jamais porté main sur lui. Que pire, Me Tamfu serait l’auteur de la bagarre ayant tenté de mordre le sexe du gendarme major Bouen Kiyaki, en tenant entre les mains les deux autres gendarmes, Ebanga Paul et Ntah par leurs uniformes. Dans la salle d’interrogatoire, le sous-lieutenant, Medjo Eko déclare en présence de ses chefs : « On ne peut rien me faire ».

Entendu à son tour, dame Ndansi Olivia, cliente de Me Tamfu, a relaté les faits en précisant que les gendarmes sont arrivés dans sa boutique en état de guerre. Que les choses sont allées trop vite et que c’est à peine qu’elle a eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait. Elle a vu Me Tamfu être trainé au sol comme un vulgaire bandit et jeté dans le pick-up de la prétendue victime.

Selon les gendarmes, Me Tamfu aurait commis les infractions suivantes : empêcher/perturber un officier de police judiciaire dans l’exercice de ses fonctions ; empêcher l’identification de sa cliente ; bagarres avec des officiers de gendarmerie ; propos discourtois envers la hiérarchie de la gendarmerie en ce que Me Tamfu aurait dit « Galax Etoga » sans préfix, Monsieur ou S.E ; refus de Me Tamfu de se présenter aux gendarmes ; qu’ils sont arrivés sur les lieux pour identifier la cliente de Me Tamfu Richard et non pour son arrestation.

D’après Me Tamfu, il s’est présenté aux gendarmes dès son arrivée sur les lieux contrairement aux allégations des gendarmes ; il s’est opposé à l’arrestation de sa cliente sur la base d’une simple lettre convocation ; qu’une lettre convocation ne saurait être un mandat d’amener même s’il est inscrit dessus, dès réception ; il n’a jamais engagé une bagarre avec les gendarmes.

D’après dame Ndansi Olivia ; les gendarmes sont arrivés sur les lieux en état de guerre en répétant « où est la femme » ; les gendarmes ont brutalisé et maltraité Me Tamfu parce qu’il s’est opposé à son arrestation ; Me Tamfu ne s’est pas opposé à son identification, car le but des gendarmes n’était pas son identification mais son arrestation.

Il convient de noter que le véhicule pick-up ayant transporté les gendarmes et Me Tamfu comme colis était celui de la plaignant qui était présente sur les lieux avec son garde de corps, un gardien de la paix de la police nationale. La confrontation s’est achevée à minuit. Les gendarmes incriminés buvaient de l’alcool, car le lieutenant-colonel Zang, patron de l’enquête, est passé au grade de Colonel lundi dernier suite aux nominations du président de la République, Paul Biya.