Plusieurs dizaines de combattants de Boko Haram ont infiltré et assiégé pendant plusieurs heures la localité de Moutaz dans l’arrondissement de Mokolo le 10 octobre dernier. Des concessions et lieux de retranchement des habitants de ladite localité ont été passés au peigne fin par ces hommes sans foi ni loi. Quatre personnes dont Guidjoua Siloua 73 ans, Nehanta Gabadja 86 ans, Siloua Hassawa 67 ans et Ndjataga Dagoudam 70 ans ont été froidement assassinées par leurs bourreaux.
« Il était exactement 20 heures et 30 minutes quand ces criminels ont lancé l’assaut sur le village et ce après l’avoir encerclé au préalable. Comme à l’accoutumée, ils ont poussé des cris scandant leur fameux slogan : allahouakbar ! allahouakbar ! Ils ont également tiré quelques coups de feu à l’air pour créer la psychose dans les rangs de la population. Ce fut donc une confusion totale dans le village. La population s’est mise à courir dans tous les sens. C’est ainsi que quelques-uns notamment Ndjataga Dagoudam et Habaga Ngaroua ont été rattrapés dans leur course folle et machettés par leurs bourreaux. Ndjataga Dagoudam a été mortellement blessé.
Habaga Ngaroua a été égorgé et laissé pour mort. Il a été secouru par la population et évacué à l’hôpital régional annexe de Mokolo où il est placé sous des soins intensifs. Les trois autres victimes ont été surprises dans leurs maisons», déclare Emmanuel Viziga, président du comité de vigilance de la localité de Tourou.
Cette nouvelle attaque remet à l’ordre du jour la question de la sécurité dans cette partie du pays où des efforts sont fournis par le gouvernement pour réduire à sa plus simple expression ce phénomène d’insécurité. Des postes et des camps militaires sont créés et fournis en éléments.
«Ils ont réussi à contourner les bases militaires érigées dans la région. Ils ont côtoyé Hidoua dans le Mayo Moskota et sont passés par la rivière qui ceinture la région pour accéder dans le village sans être aperçus. Il faut avouer que c’est pathétique. Le défunt Guidjoua Siloua qui était âgé de 73 ans était un membre du comité de vigilance de la localité de Koulkoubaï. Etant donné que la localité Koulkoubaï est située dans la zone rouge, il a trouvé refuge au domicile de son beau-frère Nehanta Gabadja. Les deux se trouvaient dans leur domicile au moment de l’attaque. Ils n’ont pas eu le temps de s’extraire de la concession car ces derniers les avaient encerclés. Ils se sont rués sur eux et les ont découpés à l’aide de machettes. Leurs crânes étaient fendus en plusieurs morceaux. Que c’est horrible de savoir que c’est des hommes qui s’en prennent à d’autres de cette manière», poursuit Emmanuel Viziga.
Quatre enfants dont Bernadette Tewéché 09 ans, Moskota Simbaï 11 ans, Lamissa Simbaï 09 ans et Litiné Bava 11 ans, ont été également enlevés. «Ils ont tenté d’enlever et d’emmener six enfants avec eux. Ils en ont libéré deux. Ce qui fait dire que les quatre autres sont encore entre les mains. Nous n’avons aucune information sur ces derniers», conclut Emmanuel Viziga. Il convient de préciser que la localité de Moutaz qui compte environ 9 000 âmes est exclusivement habitée par des déplacés internes des localités Koulkoupaï et Doulom sises à la frontière du Cameroun avec le Nigéria