Voici Ayissi Mvondo, le seul homme qui a porté la main sur Biya dans sa vie

C'est notre histoire. Aujourd'hui, je viens vous présenter Victor Ayissi Mvodo de son nom correct Victor Ayissi Mvondo, le seul Camerounais qui a porté main sur Paul Biya par une violente gifle. Nous sommes alors en 1975 dans le bureau présidentiel de l'ancien palais présidentiel du Cameroun devenu aujourd'hui le musée national.

Ayissi Mvondo qui a déjà occupé des très hautes fonctions au sein de l'État et de la présidence dont la fonction de SG de la présidence est alors ministre de l'Administration territoriale du gouvernement dirigé par Paul Biya qui en est le Premier ministre. Imaginez un ministre frapper son supérieur hiérarchique devant leur patron, c'est pour vous dire l'ascendance et surtout le caractère très trempé du personnage.

Le fils de Mvondo Engelbert et de Mvondo Marie issu du grand peuple Mvele du centre et Biya'a bi Mvondo Barthélémy Paul de son nom officiel Paul Biya se connaissent depuis la tendre enfance et les deux Mvondo ont fait une bonne partie de leurs études ensemble. Victor est le petit frère de Paul de juste 4 mois car ils sont nés la même année pourtant depuis les bancs, c'est le plus caractériel et sanguin des deux.

À la timidité apparente de Paul Biya domine et contraste l'aura du caractère de Victor Ayissi Mvondo. D'abord très proches au départ, Victor va très vite développer un sentiment de méfiance vis-à-vis de Paul qu'il trouve très sournois et très fourbe malgré son apparence angélique qu'il plaît à tout leur entourage sauf à lui.

Victor estimait que son aîné, Paul était très faux et hypocrite car étant le genre de personnes qui vous fait penser qu'elles sont à vos côtés pourtant elles complotent sous votre dos pour vous nuire avec un poignard dans le dos. Cette méfiance va donc se transformer progressivement en animosité au fil des années alors que les deux gravitent les échelons de l'administration centrale jusqu'à son apogée avec la gifle.

L'épisode de gifle. Le 12 août 1975, le président Ahmadou Ahidjo convoque les membres de son cabinet et des ministres stratégiques du gouvernement dans son cabinet au palais présidentiel pour une réunion concernant un voyage qu'il doit effectuer en France dans les semaines à venir. Les deux Mvondo dont Paul et Victor sont de la réunion et plusieurs points à l'ordre du jour sont évoqués et font l'objet de divergences profondes entre les deux.

Alors que Victor estime que le président Ahidjo doit imposer son respect en exigeant du président français de venir l'accueillir à l'aéroport comme c'est le cas quand tous les dirigeants occidentaux partent en Europe, Paul lui s'aligne sur le programme envoyé par le quai d'Orsay qui voudrait que le président Ahidjo soit reçu à l'aéroport par le protocole français.

Tout le monde dans le bureau présidentiel est en opposition contre cet accueil minimaliste du chef de l'État camerounais sauf Paul Biya qui fait tout pour convaincre le président Ahidjo que c'est pas du tout une mauvaise idée car pour lui, il n'est pas du tout préférable de heurter la France au moment même où nous sommes une jeune démocratie qui vient il y a quelques années de recevoir son indépendance de la même France.


Victor Ayissi Mvondo en personne

Une insistance de Paul pour Victor qui va trouver que c'est la goutte de trop face à ce qu'il considère comme de la "trahison" et qui fera en sorte qu'il va bondir de sa chaise pour asséner une retentissante gifle à Paul Biya (il sera arrêté dans son élan au moment où il s'apprêtait à donner une autre et bien d'autres) qui bizarrement, va rester sur son siège en ravalant sa douleur dans un calme de froideur extraordinaire pour tout le monde dans le bureau présidentiel, y compris le président Ahidjo.

Il se dit que c'est en ce moment précis que le président Ahidjo s'est donc dit que Paul Biya serait la bonne personne pour diriger le pays après son départ car sachant gérer ses émotions avec froideur et sans émotions. Des arguments qu'il va d'ailleurs évoquer pour expliquer son choix plus tard de faire de Paul Biya son successeur constitutionnel malgré l'opposition totale de tous ses proches politiques dont Victor et même de sa famille dont feue Germaine Ahidjo.

Paul Biya devient donc président en 1982 conformément à la seule volonté du président Ahidjo et ceci contre l'avis de tous (...)