Infos Sports of Tuesday, 29 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Ballon d'or : l'éternel problème de légitimité

Ballon d'or : l'éternel problème de légitimité Ballon d'or : l'éternel problème de légitimité

Selon Alain Denis Ikoul, le Ballon d’Or, prestigieuse distinction individuelle dans le monde du football, souffre depuis toujours d'un problème récurrent : la légitimité de ses résultats, étroitement liée aux méthodes de vote. Et tant que ces méthodes ne changent pas, nous serons régulièrement confrontés à des polémiques, parfois qualifiées de "mini-scandales". Je m'explique.

Prenons le cas récent de ceux qui affirment que "dire que Vinicius méritait plus le Ballon d’Or que Rodri relève de l’ignorance footballistique". À ces observateurs, je réponds qu’ils ne font que de la récupération facile pour paraître intéressants. Leur posture aurait eu plus de crédibilité si elle avait été adoptée avant la cérémonie de remise du trophée, et non après coup, lorsque tout le monde joue les experts avisés. Venir donner des leçons après l’événement est, à mon sens, non seulement trop facile, mais également maladroit rappelle Alain Denis Ikoul.

"Je ne suis ni un supporter du Real Madrid ni de Vinicius, mais il me semble que le Brésilien cochait plus de cases que Rodri ou d’autres prétendants au Ballon d’Or cette année. Je laisse de côté le débat sur les statistiques et préfère m’attarder sur le véritable problème qui entoure cette distinction : le mode de scrutin" estime Alain Denis Ikoul.

Le cœur du problème réside dans le collège électoral et surtout dans les motivations de vote. Depuis quelques années, seuls les 100 meilleurs pays du classement FIFA sont habilités à participer au vote.

"Cela représente 100 journalistes, chacun représentant son pays. C’est ici que se situe le point de friction : le vote est très souvent subjectif. Un électeur peut choisir Rodri pour de multiples raisons qui n’ont rien à voir avec son niveau de jeu ou ses performances réelles. Il peut être fan du Barça et vouloir discréditer un joueur du Real Madrid, il peut être plus sensible au jeu d’un milieu de terrain qu’à celui d’un attaquant, ou encore être influencé par les médias locaux qui parlent plus de Rodri que de Vinicius. Les raisons peuvent être aussi triviales que la proximité géographique avec un joueur, ou une préférence pour un championnat comme la Premier League plutôt que la Liga" poursuit Alain Denis Ikoul.

France Football a restreint le nombre de votants à 100 pour exclure les pays classés en dehors du top 100 FIFA, sous prétexte que les journalistes de ces nations seraient déconnectés des réalités du football mondial. Cependant, cette approche ignore que même parmi les 100 pays sélectionnés, de nombreux journalistes ne sont plus forcément actifs dans des rédactions spécialisées en football. Certains suivent à peine les matchs et se forgent une opinion via les réseaux sociaux ou à travers le prisme de leurs propres sensibilités personnelles. Cela aboutit à un choix souvent loin d’être objectif, faussant ainsi la légitimité du Ballon d’Or.

En définitive, le Ballon d’Or est victime des mêmes travers que beaucoup de scrutins électoraux à travers le monde.

"Dans certains pays, des dirigeants sont élus avec à peine 20 % de l’assentiment de la population. Ce n’est pas toujours le candidat avec le meilleur programme ou les idées les plus convaincantes qui l’emporte. Les résultats dépendent souvent de critères subjectifs et d’influences personnelles des électeurs. Il en va de même pour le Ballon d’Or : tant que l’on accepte de participer à la course, il faut aussi en accepter le verdict, même s’il peut parfois sembler injuste" ajoute Alain Denis Ikoul.

Le Real Madrid, qui a exprimé son mécontentement face à l'issue de cette édition, n’a malheureusement pas fait preuve du fair-play que le football prône. Mais c’est peut-être là un autre débat.