Sa position était très attendue après la sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc) annulant «l’ensemble du processus électoral de la Fécafoot», le 12 novembre dernier. Bidoung Mkpatt a finalement tranché mercredi dernier à l’issue d’une concertation qu’il a initiée en réunissant toutes les parties prenantes, principalement la Fécafoot et le Cnosc.
Dans le comité final, le ministre des Sports et de l’Education physique « constate la validité du processus électoral à la Fécafot, dans les ligues régionales et départementales ». Tout en soulignant : «qu’en se prononçant sur un cas afférent au respect de la légalité républicaine, cette Chambre a outrepassé ses compétences en violation des règles de compétence qui, du reste, sont d’ordre public».
Qu’elle soit saluée ou huée, le Minsep a pris sa décision. Celle de la continuité avec l’équipe actuelle à la tête de la Fécafoot. Et dans les deux cas de figure, les superlatifs foisonnent, ravivant les passions. Bidoung Mkpatt met ainsi un terme à ce feuilleton à rebondissement. Désillusionnant ainsi les élans contestataires des uns et des autres.
Car, lors du dernier conseil ministériel présidé par le Chef de l’Etat, ce qui n’est pas souvent courant, il a été question de l’état des préparatifs des deux évènements sportifs majeurs que le Cameroun abritera. Déjà, l’année prochaine se déroulera le Championnat d’Afrique de football féminin et deux ans plus tard, en 2019, la Coupe d’Afrique des Nations seniors. Il avait notamment pris la parole pour entretenir l’assemblée sur le sujet. Son retour à ce département ministériel était manifestement à dessein. Mercredi dernier, il a notamment conclu : «l’heure est à la préparation des grandes échéances qui nous interpelle : Can 2016, Can Gabon 2017, Mondial Russie 2018 et Can 2019».
La position de Bidoung Mkpatt aura des conséquences sur le fonctionnement et la dynamique du mouvement sportif qu’il a rejoint, il y a un peu plus d’un mois et demi [Ndlr. Le dernier réajustement ministériel survient le 2 octobre dernier]. Jusqu’ici, il a posé des actes qui ont fait l’unanimité au sein de celui-ci avec notamment le paiement, au pied levé, des primes aux joueuses de la sélection nationale de basket-ball. Chaque vice-championnes d’Afrique a reçu la somme de 15 millions de Fcfa, après plusieurs jours de grève. Il y a également eu la résurrection des subventions aux fédérations sportives nationales. Et plus récemment, l’appui de l’Etat aux équipes finalistes de la Coupe du Cameroun de football.
Pas d’entraves
Toutefois, en décidant du maintien de Sidiki Tombi A Roko à la présidence de la Fécafoot, Bidoung Mkpatt montre qu’il ne permettra pas d’entraves dans l’organisation administrative ou matérielle de ces deux compétitions majeures. L’épée de Damoclès de la Caf et de la Fifa planera-t-elle avec « cette ingérence de l’Etat » ? Coïncidence ou hasard, les deux institutions sont actuellement présidées par le compatriote : Issa Hayatou.
Le Minsep est un habitué des situations «compliquées » et des victoires. Lorsqu’il change de porte feuille, en quittant la Jeunesse et l’Education civique pour les Sports et l’Education physique, il y a une vive tension au sein du Conseil national de la jeunesse, qui frôle la scission. Son successeur héritera de cette patate chaude. Comme ministre de la Jeunesse et des Sports, les expéditions glorieuses de Lagos en 2000 et de Bamako en 2002 portent sa griffe. La finale malheureuse de la coupe des confédérations en France en 2003 s’est jouée sous son magistère. Des épopées ternies par la campagne du mondial coréen et japonais de 2002, hypothéquée par de sempiternelles revendications des primes. Au final, élimination au premier tour.
Alors que l’équipe nationale dispute la Can en Tunisie en 2004, Puma conçoit l’Uniqt, un maillot deux en un porté par les joueurs. Ce qui coûtera un retrait de six points et une amende de 80 millions de Fcfa au Cameroun. Il est limogé le 23 avril de la même année éponyme. Grâce à l’intervention du président de la République en personne, à l’issue d’un entretien avec Sepp Blatter alors président de la Fifa, la suspension du Cameroun sera levée, les six points remis, le maillot réhabilité (Puma refusera simplement de le rééditer).
A 62 ans (né le 16 novembre 1953 à Nanga Eboko, l’ancien directeur de l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs) entre au gouvernement pour la première fois le 18 mars 2000. Puis, de nouveau ramené le 9 décembre 2011 comme ministre de la Jeunesse et de l’Education physique, jusqu’à son récent changement de portefeuille.
Auteur des pièces «Monsieur le préfet», «En dessous de la nappe verte» ou encore «les Charognards», il est aussi chargé des relations avec l’organisation des femmes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Ofrdpc) et l’organisation des jeunes du parti au pouvoir (Ojrdpc).