Sous hautes instructions du président de la République, le gouvernement a racheté tous les billets et a décidé plutôt de procéder par des invitations pour la finale de cette 10e Can féminine qui oppose demain à Yaoundé, le pays hôte à la sélection nationale du Nigeria. Une décision qui a provoqué le courroux des supporters, presque sûrs de regarder ce match à domicile ou dans les bars.
12h 30 ! Il fait une chaleur suffocante ce vendredi 2 décembre 2016 à Yaoundé. Mais cette canicule n’entame en rien la hardiesse des nombreux supporters des Lionnes indomptables, pris en tenaille dans l’interminable rang qui fait le pied de grue devant le palais polyvalent des Sports. On dirait une file indienne. C’est que le martyr de ces pauvres hommes et femmes, passionnées du football, a démarré depuis 8h du matin.
Arrivés en catastrophe au stade Ahmadou Ahidjo pour s’acheter un ticket d’accès au stade, ils ont été sommés de retourner au siège de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) pour retirer plutôt des cartons d’invitations qui leur seront délivré gratuitement. Sans se faire prier, ceux-ci vont foncer à Tsinga où une foule avait déjà pris d’assaut le siège de l’instance faîtière du football camerounais pour le fameux sésame. Mauvaise nouvelle : le lot d’invitations remises à la Fécafoot ne suffira pas pour satisfaire tout le monde. C’est l’hystérie totale.
Le tacle irrégulier de la Fécafoot
Il faudra l’intervention énergique des forces de l’ordre pour calmer la furia de ces mordus de football qui ne savent plus à quel sain se vouer. Un communiqué signé du secrétaire général vient rajouter au désarroi de cette marée humaine, pourtant déterminée à obtenir ce fameux pass avant le jour-j : « Tout en appréciant la ferveur populaire en faveur des Lionnes indomptables, la Fécafoot ne dispose plus d’aucun billet à répartir. La quantité qui était disponible a été distribuée totalement le jeudi 1er décembre 2016. Il n’est donc pas utile d’insister devant le siège de la Fécafoot », écrit Blaise Moussa qui compte sur le civisme et la bonne compréhension de tous. Le dernier recours n’était donc plus que le palais des Sports où on annonçait également la rupture des stocks lorsque nous mettions sous presse.
Le COCAN au banc des accusés
Cette situation embarrassante fait suite à un communiqué de presse signé la veille de Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt, le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et non moins, président du Comité d’organisation locale de la 10e Coupe d’Afrique des nations « Cameroun 2016 ». Le patron des Sports sur hautes instructions du chef de l’Etat, informait alors le public des nouvelles dispositions prises pour cette finale qui oppose le Cameroun au Nigeria. « Dans le cadre de la cérémonie de clôture de ladite compétition prévue le samedi, 03 décembre 2016 au stade omnisports de Yaoundé, l’option de vente des billets d’entrée au stade n’a pas été retenue. Seules les cartes d’invitation gratuites seront valables ».
Des invitations qui devront être distribués par la Fécafoot, le Palais Polyvalent des Sports et les délégations d’arrondissement du Minsep du Mfoundi. Une nouvelle qui n’a pas été du goût des supporters qui voient en cette mesure drastique, une volonté pour le gouvernement, de confisquer cette apothéose à laquelle ils souhaitaient vivre en direct. A moins de 24h du coup d’envoi, les différents sites agrées sont à sec.
Le RDPC suce sa Can
Conscient du désagrément que va causer cette option, le président du Cocan a annoncé dans la foulée qu’« il sera installé des écrans géants sur quelques sites de la ville de Yaoundé afin de permettre au plus grand nombre de supporters, de suivre en toute convivialité cet important événement ». Dès ce soir, des écrans géants seront donc disposés au stade annexe Omnisports N°2, au palais Polyvalent des Sports de Yaoundé et au stade militaire de Yaoundé. Où sont donc passés les plus de 25 000 cartons d’invitation que le Comité d’organisation a imprimé pour la circonstance ? De sources bien introduites, des importantes quantités ont pris la direction de l’Assemblée nationale, du Sénat, du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et de ses démembrements ; des représentations consulaires, des sociétés publiques et parapubliques…
Bref, les fonctionnaires se sont taillé la part du Lion. On s’achemine donc vers un stade où on aura dans les travées plus de spectateurs que des supporters. Des spectateurs qui n’hésiteront pas à entonner des louanges à la gloire du « premier sportif camerounais », au grand dam des vrais fans. Sacré Biya !