Le ministre des Sports et de l’éducation physique, interpellé sur la préparation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) féminine de novembre 2016 et même celle de février 2019, a usé de ruse et de subterfuge pour tenter de convaincre les députés lors de la traditionnelle séance des questions orales vendredi dernier à l’Assemblée nationale.
Alors que de nombreuses inquiétudes pèsent sur les chantiers, le patron des Sports jure la main sur le cœur que le pays hôte sera prêt avant le jour-j.
Il se doutait bien que les élus du peuple le cuisineraient copieusement lors de cet exercice que plusieurs ministres du gouvernement Biya maudissent comme la peste.
Il savait qu’en cette année de CAN, la traditionnelle séance des questions orales aux membres du gouvernement par les membres du parlement à l’Assemblée nationale ne pourrait se dérouler sans qu’on ne l’interpelle sur l’organisation de cette compétition que le Cameroun aura l’honneur d’abriter dans quelques mois.
Et c’est très sémillant Martin Oyono, député Rdpc de l’Océan (région du Sud) qui a cueilli au frais le patron des Sports sur la CAN féminine 2016 prévue pour novembre prochain.
Telle une mitraillette, l’homme a arrosé le Minsep d’une batterie de questions au rang desquelles, l’efficacité du dispositif opérationnel de la CAN féminine 2016, l’évolution des chantiers, la fiabilité des infrastructures et les conditions d’hygiène et de sécurité, l’organisation et le déroulement de la préparation de la sélection nationale féminine, la rumeur persistante au sein de l’opinion concernant le déploiement tous azimuts des collaborateurs du Minsep sur les chantiers alors que les travaux n’avancent pas, mais surtout « le plan d’organisation de la CAN 2016, son budget opérationnel ainsi que l’état de son exécution ».
Des fonctionnaires retraités dans les commissions
Le ministre Bidoung Mkpatt, qui s’est plié à l’exercice, a rappelé que l’organisation de la CAN 2016, et masculine de 2019 est assurée par le Comité national de préparation des Coupes d’Afrique des nations de football 2016 et 2019 en abrégé Comipcan, crée par décret présidentiel n°2014/389, du 03 novembre 2014.
Cette commission a « pour mission de définir les orientations stratégiques et le plan d’actions à mettre en œuvre dans le cadre de la préparation de la CAN féminine 2016 et masculine 2019 », a précisé le ministre qui a ajouté que « les membres des différentes commissions techniques ont été installés dans leurs fonctions le 13 mai 2016.
Un délai de 20 jours leur a été donné pour déposer leur programme d’action, leur chronogramme d’activités et les projets de budget ».
Au sujet des assurances exigées par Martin Oyono sur l’efficacité du dispositif organisationnel de la Can 2016 au vu des multiples structures créées et de la nomination par les soins du Minsep des nombreux fonctionnaires du Minsep à la retraite, Bidoung Mkpatt confie que l’organisation d’un événement d’envergure à l’instar de la CAN préconise l’implication de toutes les expertises dans les différentes commissions d’organisation.
« C’est sur la base de cette recommandation que la très haute hiérarchie a signé des textes qui déterminent les différentes structures impliquées dans l’organisation. Et ce sont ces différentes structures qui désignent leurs représentants au sein du comité d’organisation.
Le ministre des Sports constate d’ailleurs la composition du Comité d’organisation sur la base des propositions faites par les différentes administrations et structures.
Ces différentes parties prenantes ont désigné chacune des personnalités expérimentées dans les domaines qui relèvent de leurs compétences respectives », explique-t-il avant de confesser que les rapports qui lui parviennent font état d’un haut sens de responsabilité et d’engagement dans les travaux dont les personnalités font montre dans les commissions et du souci qu’elles ont toutes de contribuer au succès de l’organisation de la Can féminine 2016.
Black out sur le budget
Sur le budget proprement dit, Bidoung Mpkatt a choisi de faire dans la langue de bois : « je voudrais à ce niveau et pour répondre à la préoccupation de l’honorable Martin Oyono concernant le budget préciser que les procédures de validation du budget en cours à la Caf [Confédération africaine de football. Ndlr] sont particulières.
Les projets de budgets des commissions qui sont en étude au sein du comité de finances du Comité central d’organisation doivent subir une prévalidation interne en vue de leur acheminement auprès de la CAF comme l’exige le cahier de charges de cette organisation, avant leur transmission à la haute hiérarchie.
A cet effet, une mission Minsep-Fecafoot va se rendre dans les prochains jours au Caire, siège de la CAF pour procéder aux derniers réglages, dont celui relatif au budget de la CAN 2016 ».
Mesures de sécurité dans les chantiers
La compétition a lieu dans cinq mois et on se rappelle que le Minsep était au cœur d’un scandale de 567 millions de Fcfa. Cette somme représente le coût d’acquisition de 16 véhicules destinés au suivi des travaux de construction des infrastructures sportives des CAN 2016 et 2019.
Cette opération, objet d’un appel d’offres, avait suscité des indignations sur les réseaux sociaux au moment où 3 000 fonctionnaires sont sans salaire depuis quatre mois, dans un contexte où l’accès à l’eau potable, l’électricité, les soins de santé primaire sont un luxe.
Mais surtout dans un contexte où, Paul Biya, le président de la République lui-même reconnait que le Cameroun est en mode résilience à cause de la baisse des recettes pétrolières et l’effort financier colossal qu’impose la guerre contre Boko Haram.
Sacré Bidoung Mkpatt.