« Mon plus beau souvenir, c’est quand on a remporté la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) avec le Cameroun. Déjà, jouer la finale contre l’Egypte, ce n’est pas anodin. On savait que ça allait être dur parce que c’est une équipe qui n’était pas forcément attendue et qui s’était battue pour être en finale. J’avais commencé le match sur le banc. En plus, j’avais lu un article avant la rencontre qui disait que le gardien égyptien rentrait toujours dans le stade avec une bouteille d’eau qu’il mettait dans les cages. C’était son grigri, ça l’empêchait de prendre des buts. Quand je l’ai vu rentrer avec cette bouteille, j’ai été touché psychologiquement. Et quand l’Egypte a commencé à mener 1-0, je me suis vraiment dit que c’était fini, qu’on allait perdre la finale.
« C’était inimaginable »
Sur le banc, j’étais le troisième coach. J’étais debout la plupart du temps, je replaçais mes coéquipiers, je les encourageais. Puis, en deuxième période, on a commencé à mieux jouer, à se procurer des occasions et on a réussi à prendre l’avantage. Je suis allé m’échauffer derrière les cages du gardien égyptien, puis je suis entré en jeu. La victoire, personne n’y croyait. Déjà, pour nous, arriver en quarts de finale, c’était déjà énorme. Alors remporter la compétition, c’était inimaginable. À la fin du match, on a pas mal chambré Nicolas Nkoulou parce qu’il avait commencé sur le banc avant d’entrer en jeu à la place de Teikeu et de marquer le but de l’égalisation. Du coup, on lui a dit qu’il fallait qu’il soit plus souvent remplaçant (rires).
« On a réussi à apaiser les tensions dans le pays »
À la base, on devait rentrer au Cameroun directement, tard dans la nuit. Mais la Fédération a changé de programme pour qu’on puisse arriver en journée et pour qu’on soit bien accueillis. Du coup, on a quitté Libreville vers midi et quand on est arrivé au Cameroun, tout le pays était dans la rue. C’était incroyable. On a vu des trucs comme ça qu’à la télé, mais là, ça se passait en vrai. Ce jour-là, on s’est vraiment rendus compte que faire ce métier, c’était fantastique. Tu ne joues que pour vivre des moments comme ça.
Au Cameroun, il y a eu tellement de problèmes avec l’équipe nationale. Souvent, quand on arrivait dans une compétition, c’était un fiasco. Et là, on est allés à la CAN avec une équipe tellement jeune que pour nous, l’objectif était juste d’aller au second tour. Revenir avec le trophée à créer une effervescence dans tout le pays. Quelques semaines avant, beaucoup nous crachaient dessus. Quand on allait à l’entraînement, on recevait des insultes. Mais le peuple camerounais aime la victoire, il ne connaît pas la défaite. L’équipe nationale doit gagner à chaque fois.
Vu les discordes qu’il y a encore actuellement au Cameroun avec les Anglophones, en ramenant la coupe au pays, on a réussi à apaiser un peu les tensions dans le sud-ouest. On a vraiment été accueillis comme des héros. »