La prochaine Coupe d’Afrique des nations désormais à 24 équipes, est sans aucun doute, un chantier qui s’annonce colossal pour le pays hôte. Mais, relèvera-t-il le défi dans un environnement économique morose où le pays de Roger Milla est presque étranglé par le poids de la dette ?
Paul Biya tient à sa Coupe d’Afrique des Nations pour flatter l’égo de son électorat ; Bidoung Mkpatt veut relever le défi même de l’impossible et Tombi A Roko ne jure qu’au nom de ce qu’il présente comme un cadeau que le Prince veut offrir à la jeunesse. En dépit des obstacles plus ou moins visibles et malgré les rumeurs plus ou moins alarmistes, le gouvernement continue de faire de l’organisation de cette CAN2019, une priorité absolue. La preuve par 10 avec la circulaire du chef de l’Etat relative à la préparation du Budget pour l’exercice 2018 ; laquelle insiste sur les dépenses liées à la tenue de cette grande fête du sport africain. Pas question d’abdiquer même si le cahier de charges de la CAF s’épaissit, laissant parler les indicateurs qui démontrent parfaitement qu’il faudra un miracle pour être "up to date" avant le jour-j.
Baisse des recettes publiques
Impossible n’étant pas un vocable propre à l’usage des camerounais, on est prêt à tout pour « sauver son honneur ». Sérénité et objectivité à toute épreuve sont donc désormais les maitres mots du Comité local d’organisation. Contre vents et marées, il faudra prouver à la CAF que le Cameroun peut.
Or, on semble oublier que face à une conjoncture économique morose, caractérisée par une baisse des recettes publiques et des tensions de trésorerie, le Trésor public camerounais a de plus en plus de mal à honorer certains engagements. Selon le bilan d’exécution à mi-parcours du budget 2017 de l’Etat publié récemment par le ministère des Finances, les dépenses publiques du pays, projetées à 982,2 milliards de Fcfa au premier trimestre 2017, n’ont été honorées qu’à hauteur de 735,9 milliards de Fcfa (taux d’exécution de 75%), soit un déficit de plus de 246 milliards de Fcfa.
Cette diminution des dépenses publiques, apprend-on des économistes, s’observe sur les trois grandes catégories que sont les dépenses courantes (électricité, eau, téléphone, consommables, etc.), les dépenses d’investissement et le service de la dette publique. De quoi semer le doute dans les esprits.
Ce d’autant plus qu’abriter une CAN à 24 implique de nouvelles dettes contraignantes ainsi que d’importants décaissements. Et comme dans ce pays, on attend généralement la pluie pour déféquer dans le torrent, les camerounais vont donc désormais être inondés de messages préfabriqués dans des officines en haut-lieu, qui auront pour but de les détourner du vrai débat autour de cette CAN qui n’est pas le oui ou le non à sa tenue au Cameroun, mais bel et bien l’énorme gouffre que va impliquer son organisation en raison des retards accusés du fait de l’inertie maladive des gouvernants.
Il faudra encore demander au peuple de serrer les ceintures et de supporter. Gare à l’étouffement !