Des proches du ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, font distiller une fausse et grossière information sur une enveloppe, de 1 milliard dé francs, qu’aurait reçu le ministre de la Communication. Un fonds pourtant jamais débloqué par la task force dont le SgPr est, par ailleurs, lui-même, le gestionnaire.
Ainsi donc la visite, par le ministre d’État et secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh, des sites destinés à accueillir la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football 2021 est avant tout destiné à corriger, voire à rattraper les bourdes et retards du patrop de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi, dans son cahier de charges. C’est du mpins ce que laissent filtrer certaines publications, qui commeon l’imagine doivent tenir (‘«information» de source proche du dossier.
L’on apprend ainsi que M. Sadi est bénéficiaire, sur sa propre sollicitation et ce depuis août 2021, d’une enveloppe spéciale de l’ordre de 1 milliard de francs, débloquée par les bons soins du Sg/Pr et destinée à la mise en œuvre d’un plan de communication en quatre modules pour la compétition.
A la tête de l’organe technique qu’est le département dont il a la charge, il aurait également bénéficié d’une autorisation, par les Marchés publics (Minmap), d’attribuer lesdites prestations à des opérateurs privés par la voie du gré à gré. Le Mincom, à ce jour, n’aurait pas bougé d’un pouce. D’où l’amer constat de l’inertie, Ferdinand Ngoh Ngoh étant obligé de mouiller le maillot pour sauver les meubles.
Pour les chroniqueurs des guéguerres du sérail, il y a sans aucun doute matière à polémique. En élargissant, le Cameroun tient enfin le coupable idéal des retards constatés dans la réalisation des infrastructures de la Can, et à travers lui la source de tous les tripatouillages financiers régulièrement relayés par la presse sur le sujet.
René Emmanuel Sadi ainsi jeté en pâture, le Sg/Pr, également patron de toutes les ta$k forces pour la gestion des juteux marchés à milliards de francs (Can, Covid), peut enfin montrer à Paul Biya que c’est vraiment lui le sauveur du pays. Sauf que la réalité est moins prosaïque, particulièrement sur le dossier de la Can 2022.
Beau rôle. Selon les investigations de votre journal en effet, le Mincom, tutelle technique de la compétition dans son domaine, a effectivement élaboré un plan destiné à présenter la meilleure image du Cameroun à nos futurs hôtes. Validée, la mise en œuvre de cette stratégie nécessite des financements estimés à 1 milliard de francs.
Pour ce faire, et en collaboration avec le Minmap, tous les appels d’offres passés. Nos sources, dans ces deux départements ministériels, sont formelles sur le fait que la task force n’a jamais débloqué le moindre franc pour la cause, René Emmanuel Sadi en étant réduit à faire-appel aux maigres ressources du Budget d’investissement public (Bip) de son département.
Mais l’essentiel, dans un système où certains cherchent des boucs émissaires, est que M. Ngoh Ngoh se taille le beau rôle dans l’affaire. Et que, parmi tous les départements ministériels impliqués dans l’organisation de la Can, le patron de la Communication, lui, soit présenté comme non seulement l’un de ceux qui sabotent l’action de l’exécutif, mais surtout dans les habits d’un mauvais gestionnaire. Ceux ayant un tant soit peu côtoyé l’homme se veulent pourtant unanimes sur un fait : René Emmanuel Sadi est de ceux qui se montrent particulièrement sourcilleux vis-à-vis de la fortune publique. D’aucuns se souviennent comment il a été accusé faussement d’avoir perçu des milliards, dans le cadre de la gestion des fonds Covid. Plus tard, il sera établi que le ministère de la Communication n’a jamais reçu aucun autre financement au titre du Covid-19 que celui d’un montant de 100 millions Fcfa, du reste octroyé par le premier ministre chef du gouvernement à la fin du mois de mars 2020, pour lui permettre de faire face aux impératifs urgents de la communication.
One man show. Au fait, quelle était la véritable finalité de la tournée nationale du Sg/Pr ? Au départ, il était indiqué que le ministre d’Etat, envoyé spécial du président Paul Biya, allait s’enquérir des derniers détails des préparatifs de la Can au plan infrastructure!. Que cette descente sur le terrain allait donner droit à un rapport au président de la République quant à d’éventuels manquements constatés.
Mais ce que les Camerounais viennent de vivre, durant une dizaine de jours, s’apparentait davantage à un one man show. Flanqué d’anciennes stars internationales du ballon rond et d’une nuée de journalistes étrangers, Ferdinand Ngoh Ngoh, à voir le faste logistique et financier déployé, avait manifestement à cœur de recueillir l’allégeance des différentes personnalités exerçant en région.
En lieu et place d’une visite destinée à recueillir les imperfections et à les porter à la connaissance de qui de droit, il s’est offert des bains de foule à chaque étape, allant jusqu’à se faire dérouler le tapis rouge au sens propre – ici et là. Dans ce test de popularité, il a mis de côté les autres administrations publiques en charge des dossiers de la Can 2022 dont il se veut désormais le super-patron. On en a presque oublié que le Cameroun dispose d’un Premier ministre, chef du gouvernement.