Elle ressemble à une grande trompette, mesure environ un mètre de long et produit jusqu'à 130 décibels, ce qui équivaut à la sirène d'un véhicule de pompier. Sa pratique nécessite un souffle puissant qui permet à son utilisateur d'émettre un son monotone qui s'apparente à celui d'une corne de brume. La vuvuzela, puisqu’il s’agit de lui, instrument phare des supporters de football dans les stades d'Afrique du Sud lors de la Coupe 2010, est omniprésente dans la ville de Garoua depuis quelques jours déjà.
En effet, difficile de ne pas remarquer la présence de cet instrument symbolique des supporters d'Afrique du Sud, et dont la sonorité rappelle le bourdonnement d'abeilles qui retentit sans arrêt lors des rencontres dans les stades depuis le Mondial en Afrique du Sud. Installé au carrefour de la Beac, des jeunes vendeurs accostent les passants pour leur proposer des gadgets. «Tu veux un drapeau ? Un chapeau ? Prends ta vuvuzela c’est le dernier stock», lance au passager d’une voiture Mohamed Lamine, 21 ans, vêtu de la tête aux pieds du vert, rouge et jaune, les couleurs nationales du Cameroun. «On vend des drapeaux, des chapeaux aux couleurs des 04 pays de la poule D, mais la star c’est la vuvuzela. Tout le monde veut l’acquérir», nous confie le jeune vendeur. Avec des prix qui oscillent entre 500 et 1500 FCFA selon la taille, ils se vendent comme des petits pains. «La taille et la puissance déterminent le prix.
Aujourd’hui à Garoua, c’est tout le monde qui veut avoir sa vuvuzela car c’est l’attirail indispensable du vrai supporteur de football», déclare Mohamed Lamine. A Garoua, bon nombre d’habitants sont sous le charme de l'exotisme de l’instrument. «Depuis la coupe du monde 2010, la vuvuzela fait partie du folklore, c'est bizarre mais c'est typique», déclare un supporteur rencontré dans les rues du Garoua. «Le vacarme des vuvuzelas, c'est fabuleux car ça nous rappelle que les stades c’est l’ambiance», renchérit un autre. Si la populaire vuvuzela met une ambiance du tonnerre, l’objet présente aussi un risque auditif majeur car elle fait un boucan d’enfer, surtout lorsqu’elle est maniée au même moment par des milliers de supporters. Son amplitude sonore est grande : jusqu’à 130 décibels, c’est à dire plus que le bruit d’une tondeuse à gazon, d’un klaxon de voiture, d’une tronçonneuse, d’un marteau piqueur ou même d’une discothèque ! Dès lors, on peut comprendre pourquoi l’objet qui est plébiscité par les supporters en tribunes, est devenu un objet de détestation chez certains acteurs du monde sportif.
De la part des joueurs eux-mêmes, tout d’abord, qui ne s’entendent plus sur le terrain, ne peuvent plus communiquer ; de la part des arbitres, dont les coups de sifflet sont couverts par le boucan de ces trompettes ; mais surtout de la part des chaînes de télévision, dont les retransmissions sont sérieusement gênées par les vuvuzelas couvrant la voix des commentateurs. Malgré les réserves des opposants aux vuvuzelas qui protestent contre son utilisation dans les stades, elle est partout aujourd’hui à Garoua. C’est l'instrument indispensable des supporteurs qui promettent de faire résonner sa grave sonorité toutes les journées et toutes les nuits dans la ville de Garoua qui accueille les matchs de la poule D de cette 33e édition de la CAN TotalEnergies 2021.