Si le public a répondu massivement présent lors du match d’ouverture, celui de Kouekong à Bafoussam, du stade omnisport Ahmadou Ahidjo ou encore de Japoma à Douala, répond aux abonnés absents. La faute aux conditions jugées drastiques d’accès au stade notamment le vaccin et test Covid obligatoires.
Non, merci ! C’est devant le petit écran que la plupart des amoureux du football ont choisi de vivre les matchs comptant pour la phase finale de cette 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can Total Energies Cameroun 2021). Quatre jours apres le démarrage de cette grand’messe du football africain, ce n’est pas encore l’effervescence dans les gradins.
Si les travées du stade d’Olembe étaient noires de monde dimanche dernier lors de la confrontation qui a opposé le pays hôte, le Cameroun au Burkina Faso (2-1), la contagion euphorique tarde encore à se manifester dans les autres stades qui sonnent creux tels : Bafoussam, Douala, Garoua et même le stade omnisport Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. C’est à peine si la jauge signale 200 spectateurs lors des rencontres pourtant alléchantes. La capacité de remplissage de ces stades flambants neufs ou rénovés demeure une vue de l’esprit.
C’est que la Confédération africaine de football (Caf) et le gouvernement du Cameroun dans l’Accord-cadre signé avant le début de cette compétition, se sont mis ensemble pour l’application stricte des mesures sanitaires à prendre pour lutter contre la pandémie à Coronavirus dont un redoutable variant fait actuellement des victimes à travers le monde.
Outre les tests doublés de la prise d’une dose de vaccin anti-Covid, les conditions d’accès sont jugées drastiques par certains fans de football. Si les camerounais se sont montrés intéressés par le match d’ouverture en se conformant en grand nombre aux exigences de l’organisateur de la compétition, ce n’est pas le cas des autres affiches où les gradins sont désespérément vides.
Tenez par exemple, l’affiche pourtant très alléchante dans le groupe C opposant le Maroc et le Ghana, le compteur du stade omnisport de Yaoundé affiche moins de mille spectateurs. Constituée du Ghana, du Maroc, du Gabon et des Comores, ce Groupe voit ses matchs se disputer devant à peine une poignée de spectateurs. Seule la tribune presse est constamment pleine.
Le vaccin anti Covid fait fuir
Pendant ce temps, les fans zones, les bars et autres snacks situés dans le voisinage, grouillent de monde. Interrogés sur cette désertion des stades, les avis sont partagés.
« Je voulais bien vivre la Can dans mon pays mais à cause des conditions d’accès qui nous sont exigées contre notre volonté, je préfère regarder les matchs au bar. J’aurais pu accepter les tests mais pas le vaccin. Autre chose, les prix d’accès au stade ne sont pas à la portée de tous.
On s’attendait à des montants comme 1000 Fcfa ou 2000 Fcfa tout au plus», confie Serge Essono, un fan de football et supporter inconditionnel des Lions indomptables. La première journée dans la poule B a connu le même scénario. Pourtant, le Sénégal enregistre dans ses rangs des stars de renommée internationale tels que : Mendy, Sadio Mané ou encore le capitaine Gana Gueye. Au-delà de la pandémie et de ses exigences, l’heure du match n’arrange visiblement pas tout le monde.
« Il fait très chaud à cette heure. Je ne peux pas laisser mon commerce pour aller payer cher l’accès au stade. C’est un gros manque à gagner. En plus, je n’ai aucune intention de me faire vacciner », tempête Bernard Tall a, un supporter convaincu de la sélection nationale fanion.
« Allons-nous vers un gouffre financier de la Can ? Le constat des stades complètement vides de la Can comme hier au stade d’Olembe, lors du match Cap-Vert contre l’Ethiopie pourtant le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique ; cet après- midi à Bafoussam entre le Sénégal, le pays de grands voyageurs contre le Zimbabwe, et ce soir au stade Ahmadou Ahidjo entre le Ghana et le Maroc , un pays dont la compagnie aérienne Air Maroc dessert tes aéroports du Cameroun, démontre simplement que tes retombées touristiques économiques attendues de cette Can sont incertaines. Les étrangers supporters de leurs pays qualifiés pour ta Can n’accourent pas vers le Cameroun », s’inquiète Me Christian Ntimbane Bomo, de la Société civile des réconciliateurs.
Dans le fond, même si tous les camerounais vont dans les stades, cela n’apporte aucune plus- value sur le plan économique. Un événement comme la Can attire les touristes étrangers qui se déplacent avec des capitaux en devises qui alimenteront le circuit économique de la consommation tout en équilibrant la balance commerciale. Il est dont loisible de comprendre que les visiteurs étrangers n’ont pas fait le déplacement en grand nombre. A cette allure, on s’achemine inéluctablement vers une Can au rabais. Triste !