Les Lionnes Indomptables sont à Akono, une localité située à près de 55 Km de la ville de Yaoundé, pour leur 6ème stage de préparation à la Can féminine de football « Cameroun 2016 ». A 51 jours du coup d’envoi de cette compétition, même si elles se préparent sans rechigner et avec beaucoup de détermination sur le terrain, entre deux séances d’entraînements, la réflexion tourne déjà sur cette question.
« C’est maintenant qu’on doit nous dire ce que nous devons avoir comme primes. Comment les gens ne tirent pas toujours les leçons du passé ? Ils attendent que nous nous fâchions pour commencer à négocier avec nous hein. En tout cas on les attend », nous a confié sous anonymat une joueuse que nous avons pu joindre.
Une autre joueuse « cadre », encore retenue par son club, déplore cette situation : « Il y a un texte du président de la République qui demande pourtant que cette affaire de prime doit être réglée trois mois avant, quand il s’agit d’une Can comme c’est le cas en ce moment. Mais, personne ne nous dit rien jusqu’à présent. En tout cas, quand nous serons là, on va tirer cette affaire au clair avant de continuer. Il faut au moins avoir du respect pour nous, comme on le fait pour les garçons. Est-ce que là-bas on peut tenter ce qu’on nous fait-là ? ».
C’est évident que le décret N° 2014/384 du 26 septembre 2014 portant organisation et fonctionnement des sélections nationales de football n’a pas été respecté par les responsables en charge de régler cette question de primes des Lionnes. L’article 13 (1) portant sur les droits des joueurs et encadreurs dispose : « Les joueurs et les membres des structures d'encadrement des sélections nationales de football sont pris en charge pendant les périodes de stages et/ou de compétitions auxquels ils sont convoqués, selon des modalités définies par un texte conjoint signé par le ministre en charge des Sports et la Fécafoot ».
L’article 14 du même décret, que nous a rappelé la Lionne, précise dans son alinéa 2 : « Le montant des primes des matches officiels et amicaux ainsi que des primes de qualification à l'occasion des compétitions officielles est arrêté par décision du Président de la Fécafoot en concertation avec le ministre en charge des Sports: six mois avant le début d'une phase finale d'une Coupe du Monde; trois mois avant le début d'une phase finale d'une Coupe d'Afrique des nations ou d'une participation aux Jeux olympiques ».
Décret du 26 septembre 2014 violé ?
N’ayant pas pu rentrer en contact avec le directeur des affaires générales (Dag) au ministère des Sports, un responsable proche de l’organisation de cette Can féminine de football s’est confié à nous. « Toutes ces primes ont été arrêtées depuis. 237online.com Le coach Enow Ngachu n’a pas encore publié la liste des joueuses retenues. Plusieurs joueuses devant faire partie de la liste définitive ne sont même pas encore là. On ne peut pas encore parler de primes avec des gens qui risquent de ne pas être retenues pour la compétition. Ce décret parle de six mois avant une Coupe du Monde.
On ne pouvait pas le faire avec les Lionnes cadettes qui sont parties en Jordanie. C’est quand l’entraîneur a sorti la liste définitive que la question des primes a été résolue et chacune est partie sans souci. Il n’y a eu aucun problème. Pour cette Can, il y a un budget déjà prévu pour cette rubrique. Il ne faut pas créer des problèmes là où il n’y en a pas », nous explique ce cadre.
Team manager, Team press, Team security et kitt manager lésés
L’autre question préoccupante au sein de ce groupe de Lionnes Indomptables concerne les encadreurs. En dehors des entraîneurs et des membres du staff médical, un flou persiste sur le statut des autres personnes qui ne perçoivent pas de primes. Ce fut notamment le cas après la Coupe du Monde au Canada en 2015 où le Team manager, la Team Press officer, la Team security et le Kitt manager ont été « oubliés » lorsqu’il a fallu payer aux joueuses la sommes de 21 millions FCfa chacune.
C’est des mois plus tard qu’il leur a été octroyé la somme de 3 millions FCfa chacun. Cette situation, même si les concernés se murent stoïquement dans un silence, est aussi sérieuse. Il y a lieu de déterminer, le moment venu, le statut de ces encadreurs avec les primes auxquelles elles ont aussi droit. Pour l’heure, même la prime olympique de 5000FCfa par jour de stage qu’on donne aux joueuses et autres encadreurs, ne leur est pas payée. Mais ces responsables sont là depuis le premier jour du stage et travaillent avec acharnement et détermination.
Convention Minsep – Fécafoot
L’article 5 alinéa 1er de ce décret cite bien ces personnes comme faisant partie de l’encadrement d’une sélection nationale : « Chaque sélection nationale est dotée d'une structure d'encadrement comprenant: une équipe technique; une équipe médicale; une équipe chargée de la logistique; une équipe chargée des équipements et matériels sportifs; une équipe chargée de la communication; une équipe chargée de la sécurité ». 237online.com Notre interlocuteur au ministère des Sports nous a renvoyé vers la Fécafoot, indiquant que c’est elle qui doit prendre en charge les primes de ces encadreurs.
Patrick Ebodé Tsanga, le secrétaire général-adjoint de la Fécafoot rassure : « Au niveau des primes, tout a déjà été arrêté au niveau du Premier ministère. Rien ne va se poser comme problème. Toutes les dispositions sont prises pour qu’elles aient leurs primes. Le montant leur sera communiqué en temps opportun, puisque c’est elles les principales bénéficiaires ; On va leur communiquer à elles exclusivement ». Et au sujet des autres membres de l’encadrement souvent lésés : « En 2015, le texte ne prévoyait pas la prise en compte de ces personnes. Il prenait en compte juste certaines catégories.
Dans la convention Minsep – Fécafoot, ces personnes ont été prises en compte. Ils ont désormais droit aux primes. Ces encadreurs qui sont avec les Lionnes en ce moment auront bel et bien toutes les primes. Peut-être, c’est parce que le document n’avait pas encore été communiqué », croit savoir le Sg-A de la Fécafoot.