Les travaux de construction entrepris par le football auront été interrompus au lendemain de son décès.
Cet édifice dans lequel il rêvait d’en faire un vaste espace dédié à la pratique de plusieurs disciplines sportives est devenu un chantier en ruines.
Les pluies diluviennes qui s’abattent sur Yaoundé depuis un mois ont visiblement épargné Nkomo, une banlieue située à la sortie Est de Yaoundé.
Du coup, c’est une épaisse couche de poussière qui recouvre le petit tronçon Maetur-Biteng.
Un trajet auquel sont habitués les conducteurs de motos, fanatique de la chasse aux clients en cette période de vache grasse.
A l’entrée de ce domaine qui s’étend sur plusieurs hectares, l’imposante statue en béton armé de celui qu’on appelait affectueusement « Marco » trône majestueusement au milieu d’un champ en friches laborieusement débroussaillé.
Quelques couches de peinture à huile ont redonné jadis à ce chef d’œuvre, un air de neuf. Mais depuis, c’est le déluge. L’objet d’art d’hier est devenu crasseux, répugnant…
Chantier abandonné
Au beau milieu de la cour, le Mausolée où repose le Lion est recouvert de marbre qui commence à se fissurer.
Un caveau cerné par une petite fondation en construction sur lequel on envisage de construire depuis des lustres, une clôture en béton. Les fleurs qui entourent l’édifice, faute d’entretien, ont toutes fanées.
Le seul endroit qui semble résister aux aléas du temps reste la partie superficielle du tombeau où est gravée l’inscription : « parvenu à la perfection en peu de temps, il a atteint la plénitude d’une longue vie » tiré du livre de la sagesse au chapitre 4 verset 13.
L’édifice autour duquel sont plantés de nouvelles fleurs, bénéficie de temps à autres, apprend-t-on ici, des soins de Martin Foé Amougou, de son épouse ou encore de ses beaux-frères qui se chargent de lui apporter un peu de vie.
A gauche, le tristement célèbre complexe sportif Marc-Vivien Foé. Considéré comme le fleuron des œuvres du disparu, l’endroit n’est plus qu’un chantier abandonné.
Partiellement rongée par les termites, la clôture en bois qui délimite les 6 hectares qui font la superficie totale dudit complexe, tient à peine.
Le bâtiment principal dont l’une des pièces abrite depuis avril 2013, le Commissariat du 20e, dégage une forte odeur de chaux. Ici, le silence est roi.
Ironie du sort
Pour la commémoration du treizième anniversaire du décès de l’illustre disparu, les membres de la Fondation Marc-Vivien Foé que dirige Jean Claude Mbida, apprend-t-on, ont décidé de mettre un peu de propreté aux alentours de cet espace qui accueille quelques rares curieux.
A un jet de pierre de là, le stade en terre vibre au rythme d’un match de deux zéros comme c’est le cas tous les samedis. De son vivant, le talentueux milieu de terrain des Lions indomptables rêvait de bâtir dans ce complexe à deux niveaux, une piscine olympique, un gymnase, des saunas, et des salles de massage. Aujourd’hui, l’endroit est semblable à un champ de ruines.
La piscine déjà creusée et rustiquée aux normes olympiques a été transformée en dépotoir où s’entassent des bouteilles vides, des bouts de planches, des vieux journaux, des sacs en plastique et parfois même des crottes des chiens.
Que dire des murs où gambadent lézards, cafards et autres rapaces ?
Le rez de chaussée sert de fourrière au poste de police qui ne semble pas s’encombrer de la dizaine de véhicules déjà parqués.
Le temps d’une commémoration, la cour a été débarrassée des hautes herbes, dévoilant ainsi au visiteur toute l’étendue de la surface que couvre le complexe dont les travaux de construction avaient démarré entre 2001 et 2002.
Mais, le décès de Marco a entraîné l’arrêt brusque et définitif desdits travaux. La porte arrière du complexe s’ouvre sur une douzaine de pièces qui devaient, apprend-t-on, abriter les bureaux.
Ironie du sort, après sa disparition, « ces pièces servent désormais de chambres à coucher à ses nièces et ses neveux qui n’ont pas voulu offrir l’édifice à la merci des intempéries », commente une proche de la famille Foé.
Les murs ici sont défraîchis ; la moisissure s’est trouvé un nouveau logis. Les eaux de pluies ont fini par former des flaques stagnantes sur le sol.
Indifférence totale
Au premier étage, la décrépitude est plus perceptible. Là, se trouvent deux fosses polies sous forme de cuves. En fait, confie un ami du défunt, « il était prévu ici la construction de deux piscines.
Un grand et un petit bassin ». En plus des piscines, le bâtiment, apprend-t-on, devait abriter le bureau du directeur du complexe, un secrétariat et une demi-dizaine de salles consacrées à la musculation et aux soins esthétiques.
Les perches en acier qui soutiennent le toit de l’édifice servent désormais de séchoir aux locataires. A l’extérieur du complexe, Marco avait prévu d’y construire un terrain de tennis, un stade de football et une piste d’athlétisme.
L’espace, aujourd’hui sert de terrain de foot aux jeunes du quartier. Pas besoin donc d’être un démiurge pour comprendre qu’après la disparition de son initiateur, c’est le déluge.
A l’époque, ses amis et coéquipiers avaient promis de poursuivre cette œuvre. Treize ans plus tard, rien de nouveau sous le soleil.
Même les pouvoirs publics qui avaient juré de « mettre tous les moyens en œuvre pour pérenniser son œuvre » se sont claquemurés dans un silence des plus déconcertants.
Les promesses du gouvernement de poursuivre l’œuvre de celui qu’il avait qualifié de « vaillant soldat tombé sur le champ de bataille » ne semblent engager que ceux qui y croient.