Le 30 décembre 2015, Le marché d’entreprise n° 000039/M/PR/MINMAP du 30 décembre 2015 pour la conception et la construction du Complexe sportif d’Olémbé fut signé entre d’une part Le Ministre délégué à la Présidence de la République chargé des Marchés publics agissant au nom et pour le compte de l’Etat du Cameroun et d’autre part la Société Italienne GRUPPO PICCINI SPA, dont l’expérience est incontestable dans le domaine de la construction des Infrastructures sportives, depuis plus de 70 ans.
L’ouvrage objet dudit Marché d’entreprise consistait en la conception et la réalisation d’un seul tenant, des infrastructures suivantes, conformément aux plus hauts standards techniques mondiaux : - un (01) stade couvert de 60.000 places avec une (01) piste d’athlétisme ; - un (01) complexe de trois (03) salles de cinéma, - un (01) hôtel 5 étoiles de soixante (70) chambres avec trois (03) salles de conférences de deux cent cinquante (250) places chacune, - un (01) centre commercial ; - un (01) musée pour le sport, - un (01) palais des sports de mille (1000) places assises avec terrain de basketball, handball, volleyball ; - une (01) piscine olympique couverte de deux mille (2000) places assises ; - deux (02) terrains de football d’entrainement couverts de mille (1000) places assises chacun ; - six (06) terrains de tennis et un (01) Club House ; - quatre (04) terrains extérieurs de basketball et de volleyball - un (01) parking extérieur. Le coût initial arrêté pour la conception et la réalisation de cet ouvrage pharaonique était de 248 millions d’Euros, soit environ 163 Milliards de Francs CFA soit 248 Millions d’Euros. Le délai initial contractuel de réalisation dudit ouvrage était de trente (30) mois pour compter du 1er janvier 2016.Ainsi, l’ouvrage complet devait être livré le 30 juin 2018, soit douze mois avant le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations, initialement prévue pour la mi-juin 2019.
La réalisation de ce type d’ouvrage est financée par le mécanisme d’un crédit à l’exportation, consenti (ou garanti) par le Pays d’origine du Constructeur de l’Ouvrage, l’Italie dans notre cas, à l’Etat du Cameroun. Plus précisément suivant le montage financier initial, la Garantie souveraine de l’Etat Italien permettait de mobiliser d’une part un crédit acheteur de 139 milliards de Francs CFA auprès de la banque italienne INTESA SAN PAOLO SPA pour financer exclusivement les importations en provenance d’Italie, et d’autre part un crédit-relais de 24,5 milliards de FCFA levé auprès de la Banque Nigériane UBA pour le financement des dépenses extérieures au territoire italien, notamment les contenus locaux. Ces conventions de financement devaient être signées par le Ministre de l’Economie NganouDjoumessi, immédiatement après la signature dudit marché, et sur le fondement d’un Décret du Président de la République lui conférant des habilitations à cet effet.
Par conséquent, dès le lendemain de la signature dudit contrat d’entreprise par le Ministre des Marchés Publics, Le Ministre Nganou Djoumessi, devait en procédure d’urgence transmettre au Président de la République un projet de décret l’habilitant à signer « avec faculté de délégation », les conventions de financements dudit marché. Nous avions tous été témoins des atermoiements de ce Ministre à cette époque. La Presse ne manquait pas de rapporter qu’il « voulait personnellement voir clair à la camerounaise sur le dossier », avant que de demander le Décret d’habilitation au Président de la République. Mais il n’était pas le seul. Du côté du Ministère des Sports et de l’Education Physique, Le Ministre Bidoung Mkpatt et ses plus proches collaborateurs étaient sur leurs dents. Ces derniers multipliaient les articles de presses télécommandés, qui étaient manifestement des appels de balles adressés à PICCHINI.
Je me souviens que dans tous les salons feutrés de Yaoundé, on ne parlait que des exigences des uns et des autres en termes de matériaux de construction que PICCHINI devait importer (gratuitement) pour « tchoko » tel Ministre ou tel directeur… De fait, les gigantesques villas construites avec du matériel préfabriqué importé d’Italie, dans les conteneurs de Picchini, sont bien connues des « initiés ». Car il faut dire pour la compréhension du lecteur que, dans le cadre d’un crédit à l’exportation, l’argent ne circule pas pour « tchoko ». Le Pays prêteur paye directement ses entreprises chargées de fabriquer les équipements à exporter. Par conséquent le « tchoko » ne pouvait être qu’en biens importés d’Italie dans les Conteneurs transportant le materiel destiné à la construction de l’ouvrage objet du financement… Les Conventions de prêt furent finalement signées au courant du mois d’aout 2016, soit huit mois après la signature du Contrat de construction de l’ouvrage. Mais le chantier ne pouvait toujours pas démarrer. A cause de la « non disponibilité » du Site d’Olémbé. Pour mieux comprendre, remontons à la fin des années 1990, lorsque la décision fut prise de faire construire à Yaoundé, un Palais des Sports par les Chinois.
Le Ministre Martin Okouda de regrettée mémoire, qui fut un Basketteur venait d’être nommé Ministre chargé des Investissements Publics (ancien MINEPAT), tandis que Sieur Bidoung Mkpatt était (pour une première fois) du Ministère des Sports. Courant 1999, les ainés basketteurs « encerclèrent » le Ministre Martin Okouda à la montée âne Rouge (j’étais présent) au Cabinet d’Optique Médicale du Grand frère Paul Ahanda Sanji, qui était le lieu de rencontre tous les soirs, de l’Elite politique et administrative de Yaoundé.
Ce jour là, Les basketteurs dirent au Ministre Okouda, que si le Cameroun n’est pas doté d’un Palais des Sport pendant son passage comme Ministre des investissements Publics, nous devrons attendre encore 20 ans… Séance tenante, un dossier de projet complet pour la construction d’un palais de Sport par les Chinois fut remis au Ministre Okouda. Le Ministre Okouda transmit aussitôt le dossier de construction du Palais des Sports à la Présidence de la République, où ledit dossier était attendu par des basketteurs qui y occupent de très hautes fonctions. Les collaborateurs du Ministre Bidoung Mkpatt au Ministère des Sports furent ainsi convoqués pour une réunion à la présidence de la République, où ils découvrirent en phase finale de bouclage, le dossier de construction du Palais des Sports qui aurait dû être initié par leurs services. Il leur fut juste demandé de trouver un site pour la construction dudit Palais des Sports.
Aussitôt sortis de la Présidence de la République, les Collaborateurs du Ministre Bidoung Mkpatt se sont empressés d’aller tromper les populations villageoises à Olembé, avec quelques billets de banque et bouteilles de vin rouge, pour acheter le site actuel du Complexe sportif d’Olembé et s’y faire immédiatement établir des titres fonciers. Leur objectif était de gagner une forte plus-value en se faisant exproprier pour cause d’utilité publique, dans le cadre de la construction du palais des Sports. Mais ces manœuvres des fonctionnaires du ministère de sports furent portées à la connaissance des basketteurs, qui eux avaient déjà identifiés le site de Warda, lequel site faisaient déjà partie du patrimoine privé de l’Etat.
Il faut dire que le basketball est un sport d’intellectuels, et les basketteurs occupent des postes de décision partout dans l’administration camerounaise… Ainsi lorsqu’au cours des prochaines réunions pour la construction du Palais des Sports, les fonctionnaires du Ministere des Sports proposerent pour une première fois le site d’Olembé (qu’ils avaient déjà acquis auprès des populations villageoises), les autres participants s’y opposèrent et proposerent le site de Warda. La bataille pour le choix du site de Warda au détriment d’Olémbé pour la construction du Palais des Sports fut épique et féroce !!! Après ce premier échec, les Fonctionnaires du Ministere des Sports feront germer l’Idée de la construction d’un Grand Stade au nom du Président Paul Biya, sur le site d’Olembé. Et il n’est pas superflu de dire que l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations sollicitée par le Cameroun trouve aussi ses origines dans cette opération foncière mafieuse conduite par les fonctionnaires (aujourd’hui retraités) du Ministère des Sports auprès des populations villageoises d’Olémbé au début des années 2000. Mais revenons à nos Moutons.