Si en réponse à la correspondance du Tribunal arbitral de sport (Tas), la Fédération internationale de football association, soucieuse de l’image qu’elle entend préserver, venait à remettre en question la légitimité du nouvel exécutif de la Fécafoot, une foultitude de scénarii serait envisageable.
Entre le retour aux affaires de l’exécutif de 2009 conduit par John Begheni Ndeh, l’installation d’un nouveau Comité provisoire de gestion et la suspension du Cameroun au cas où l’Etat continuait le bras de fer… Rien n’est joué d’avance.
La plus grosse erreur de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt sera t-elle celle d’avoir enfilé sa tenue de (mauvais) arbitre pour tenter de siffler maladroitement la fin de la récréation dans la bataille qui oppose depuis deux ans, Abdourahman Hamadou, Joseph Antoine Bell et Emmanuel Loga à Tombi à Roko Sidiki qu’ils présentent comme un président illégitime ?
Le patron des Sports à travers un communiqué qu’il a signé le 18 novembre 2015 suite à une concertation entre les parties prenantes de cette crise, s’était hâté de donner son onction au nouvel exécutif de la Fédération camerounaise de football en dépit de la sentence de la Chambre de conciliation et d’arbitrage. L’ancien ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, démontrant ainsi en mondovision que l’Etat qu’il représente peut violer ses propres lois, avait laissé entendre qu’en se prononçant sur un cas afférent au respect de la légalité républicaine, « cette Chambre a outrepassé ses compétences en violation des règles de compétence qui, du reste, sont d’ordre public ». Une démarche inopportune et maladroite qui n’a contribué qu’à éclabousser davantage la nouvelle équipe dirigeante à Tsinga, déjà à mal de légalité.
Et si Begheni Ndeh reprenait le trône La Fifa interpellée pour apporter des éclaircissements sur cet épineux dossier, ouvre le boulevard à plusieurs grilles de lecture calquées sur l’actualité tendue au sein de l’instance faîtière du football camerounais. Gianni Infantino, pour garder clean son début de règne ainsi que la maison qu’il dirige, peut se laver les mains en confirmant que le Cameroun a agi illégalement et que, englué dans la période transitoire à la Fifa, la maison mère n’a pas vraiment eu le temps d’étudier et d’apprécier les contours du dossier afin de se prononcer à temps. Tombi qui avait réaffirmé au lendemain de son élection, sa détermination à respecter et à faire respecter les décisions de la Cca selon les voies de droit, serait alors à l’étroit. Toute chose qui relancerait le débat autour de l’interminable succession d’Iya Mohammed.
D’ailleurs, la sentence étant exécutoire, l’article 29 du Code la Cca a prévu que ce soit un retour Antée. Ainsi, c’est le Comité exécutif élu pour la mandature 2009 – 2013 présidée par intérim par John Begheni Ndeh qui devra dans le cas d’espèce gérer la Fécafoot. L’ancien ministre des Transports pourra donc organiser de nouvelles élections sur la base des Statuts de la Fécafoot. Mais, quel sera la place de Tombi dans cette nouvelle architecture ? Retournera-t-il à son poste de Sg ou ira-t-il soigneusement préparer ses nouvelles élections dans son quartier général ? Quid de toutes les décisions qu’il a déjà prise jusqu’à ce jour ? Des nominations aux évictions en passant par les sanctions et la nouvelle dynamique qu’il a amorcé dans la gestion new look de la Fécafoot ? Que deviendront ses affidés, ses couvertures, ses parrains ?
Bidoung Mkpatt sur un siège éjectable (?) Autre scénario prévisible, le niet du Tas qui pourrait contraindre la Fifa à demander à la Fécafoot de respecter la décision de la Cca. Bidoung Mkpatt désormais assis sur un siège éjectable, signerait-il un autre communiqué pour resignifier la position de l’Etat qu’il représente ? Pas si sûr. Son zèle démesuré l’avait déjà poussé à annuler une décision prise par une instance juridictionnelle instaurée par une loi de la République, votée en assemblée générale et promulguée par le Chef de l’Etat. Une grande première pour l’histoire du Droit au Cameroun. S’entêter serait, signer lui-même son arrêt de mort. Car si le pays qui se prépare à accueillir la Can féminine 2016 et masculine en 2019 écopait d’une nouvelle suspension de la Fifa à cause de ses décisions partisanes, Paul Biya, jaloux de son trône et des victoires que le football a apporté jusqu’ici à son magistère, signerait dans l’heure, son débarquement du gouvernement.
Comité de Gestion Provisoire, pour en faire quoi ? Et si la Fifa, pris entre le marteau et l’enclume, décidait plutôt de la mise sur pied d’un nouveau Comité provisoire de gestion ? Cela n’est pas à exclure. Mais, au regard des tristes expériences des Cgp et du récent Comité de normalisation pilotée par Pr Joseph Owona et les résultats catastrophiques à mettre à son actif, cette éventualité reste hypothétique. Le Cameroun serait entrain de souffler sur les braises d’un énième blocage dans cette crise électorale qui s’éternise. On se souvient que c’est dans un environnement marquée par une normalisation célébrée hier et vilipendée quelques mois plus tard que Tombi, le candidat contesté et vomi par une partie du gotha du football, va réussir contre vents et marées à s’adjuger le prestigieux strapontin de président de la Fécafoot. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation sent le roussi.