Deux buts partout. Qui l’eût cru avant le coup d’envoi de la rencontre du week-end dernier ? Pour son tout premier match officiel international, le Limbe Omnisports Stadium a failli ainsi se transformer en cimetière pour les Lions indomptables du Cameroun qui y disputaient samedi dernier face aux Bafanas Bafanas le match aller des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2017. La faute à un adversaire teigneux, accrocheur, difficile à manœuvrer.
Avec à la baguette un stratège du nom de Ephraïm Mashaba. Récemment rappelé en catastrophe sur le banc de touche de la sélection nationale de l’Afrique du Sud et ce pour la troisième fois, ce dernier a saisi l’occasion pour peaufiner un plan de jeu qui permet de mettre l’adversaire en confiance, de l’attirer dans son piège pour lui asséner au besoin un coup de poignard fatal.
En plantant deux banderilles à la 17è, puis à la 51è minutes sur l’échine des Lions qui semblaient en position favorable, les Sud-africains ont appliqué jusqu’à la caricature un coup fumant concocté en secret.
A titre d’illustration, le but-gag marqué des 60 mètres par le Sud-Africain Kekana restera longtemps dans les mémoires. Heureusement, dans un sursaut d’orgueil inespéré, la sélection nationale a relevé le défi en répondant coup, éloignant ainsi l’humiliation d’une défaite à domicile.
Au-delà du score enregistré sur le terrain, on peut tirer quelques enseignements d’une rencontre qui fera encore jaser sous les chaumières. La confrontation de Limbe constitue une grande première à plus d’un titre.
D’abord, c’est la première fois que l’équipe nationale, dans sa configuration actuelle, disputait un match officiel sur l’autre rive du Moungo. Qui plus est, dans un nouveau stade qui obtenait ainsi son véritable baptême de feu. Par ailleurs, Hugo Broos, le nouveau coach des Lions en poste depuis le 13 février dernier, avait ainsi l’opportunité de superviser son premier match en tant de sélectionneur d’une équipe nationale.
Quant au match en lui-même, il révèle quelques faits saillants. D’abord sur le plan tactique. Le football étant un sport d'équipe, le déploiement des talents individuels sur le terrain est déterminant dans le résultat final. Si on s’en tient au plan de jeu et à la manière dont les joueurs des deux camps se sont positionnés sur le terrain et combiné entre eux, on remarquera que les actions de déplacements orchestrées depuis le banc de touche révèlent deux tendances asymétriques.
D’un côté, les Lions, sachant que l’adversaire avait surtout à cœur de limiter les dégâts, ont exercé un pressing haut dès le départ, dans le sillage d’une domination qui s’est traduite par une possession de balle supérieure (+60 %) en première mi-temps.
Retranchés dans leur base dans un premier temps, les Sud-Africains ont accusé le coup, opérant par des raids sporadiques et des longs ballons balancés sur le dos de la défense camerounaise, avant de développer par la suite un jeu rapide, fait de passes courtes et des dédoublements qui ont mis à mal l’arrière-garde camerounaise.
Une stratégie payante au finish puisque sur deux tentatives franches, les poulains de Mashaba ont mis la balle au fond alors que le Cameroun n’a pu convertir qu’un seul sur la dizaine des coups de pied arrêtés. L’autre vérité du terrain c’est que les Lions ont passé le temps à courir derrière le score au lieu de prendre de l’avance. Ce qui ne pouvait qu’en rajouter au stress ambiant.
Certes, on ne peut pas tout rejeter dans la prestation des Camerounais dont personne ne peut nier l’engagement, la détermination, l’abnégation et la volonté de bien faire. Mais vouloir n’est pas pouvoir.
Des nombreux déchets relevés dans la transmission et la conservation du ballon, le marquage individuel, la gestion des espaces, la concentration, l’efficacité devant les buts, l’alignement, la mobilité et la rigueur du bloc défensif, portent à croire qu’il reste beaucoup de boulot en perspective pour la nouvelle cuvée des Lions qui pourraient compter sur des nouveaux renforts lors des futures échéances.
En commençant par le match retour de mardi qui promet de nombreuses étincelles. Malgré les insuffisances, les Lions conservent encore des chances de qualification, si on s’en tient au nombre de points déjà enregistrés.