Si l’actualité aujourd’hui tourne autour, de l’absence des arbitres camerounais dans la liste des arbitres retenus, pour la Coupe du monde Russie 2018, Evarist Mekouande reste l’un des rares arbitres qui fait la fierté du Cameroun. À 39 ans, il est aussi l’un des arbitres africains, qui possède une aura qui a largement dépassé les frontières de son pays. Arbitre international depuis 2003, Evarist Mekouande totalise 15 ans de haut niveau et deux Coupe du monde de Football (2010 et 2014) dans son escarcelle. Lors de la Coupe du monde 2010, il avait fièrement représenté le vert rouge jaune en dirigeant en tant que 4e arbitre les rencontres Slovaquie-Paraguay, Chili - Honduras et le match Etats-Unis - Angleterre. Il reste à ce jour l’unique arbitre camerounais à atteindre un tel niveau d’une compétition internationale.
Élu meilleur arbitre assistant de la MTN Élite One, pendant les Awards de la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC), ce natif de l’Est Cameroun a bien voulu nous faire part de ces petits secrets dans le domaine, sa longévité et surtout les conditions de travail de l’arbitre camerounais, qui selon-lui ont nettement améliorées. Il nous donne également la démarche à suivre pour devenir arbitre international au Cameroun. Entretien ...
Evarist Menkouande bonjour et surtout merci d’avoir accepté de vous ouvrir à nous.
Bonjour, c’est moi qui vous dis merci de m’avoir choisi pour cet entretien.
Vous avez été élu meilleur arbitre assistant de la saison 2016-2017, peut-on dire que c’est une reconnaissance ?
Franchement, on peut dire que c’est une très grande récompense. Je remercie la Ligue qui a pensé à primer les arbitres et qui a bien voulu m’honorer et ceci pour la deuxième fois? Après la distinction reçue en 2015. Je crois que c’est la preuve des efforts? Que nous fournissions sur le terrain tout au long de la saison. Je ne peux que remercier la LFPC, mais surtout tous ceux qui ont bien voulu m’élire sans oublier mes collègues arbitres.
Ça fait pourtant plus de 25 ans de carrière de haut niveau, que vous soyez à être honoré seulement deux fois, pour vous c’est suffisant ?
Non écoutez (Rire), des distinctions j’en ai eu et à tous les niveaux. Sur le plan national depuis le championnat départemental régional et la Ligue 1, mais aussi sur le plan international. Le plus important ce ne sont pas les distinctions, mais le rendement fourni sur le terrain chaque fois que vous êtes sollicités, pour moi c’est ça qui compte.
Parlons un peu de votre activité, c’est qui un arbitre assistant fût-il international ?
C’est un arbitre. Il a la même formation que l’arbitre central. Il étudie les mêmes lois de jeu, la même préparation et tout ce que cela comporte. Mais depuis un temps, la FIFA a bien voulu faire une nette différence entre l’arbitre (principal) qui a la dernière décision sur le terrain et l’assistant qui comme son nom l’indique l’assiste sur la pelouse. C’est un peu comme dans le monde juridique entre un procureur et le substitut, les deux ont reçu la même formation, donc c’est presque pareil chez nous. Sur le terrain, le central si vous le voulez est connecté aux deux assistants ou quatre assistants, ça dépend des pays et des compétitions. La décision finale d’un fait de jeu vient de l’arbitre central. L’assistant peut communiquer une information que le central n’a pu obtenir à travers nos outils de communication, oreillettes, vidéo assistance etc. Ça peut être qu’il n’a pas vu la faute et vice versa. Mais je le dis encore, la dernière décision revient à l’arbitre et non à l’assistant bien que chacun ait un rôle bien précis sur l’air de jeu.
Quel est votre regard aujourd’hui sur les conditions de travail des arbitres au Cameroun ?
Honnêtement, beaucoup de choses ont évolué. Avant à la fédération, on n’avait pas un département des arbitres pour leur suivi, leur formation et leur promotion. Aujourd’hui, les arbitres sont mieux suivis, mieux formés ceci avec l’appui des instructeurs de la CAF et la FIFA .En ce qui concerne la rémunération, c’est mieux mais alors nettement mieux qu’avant, maintenant les arbitres reçoivent même leurs indemnités avant et croyez-moi cela ne se faisait pas avant. En un mot, l’arbitre camerounais est bien loti et cela est vraiment encourageant.
Comment devient-on arbitre international assistant comme vous ?
Le principe est simple. Après avoir fait trois ans comme arbitre en ligue 1, le département des arbitres de la fédération et la commission centrale des arbitres se réunissent pour choisir les meilleurs arbitres en fonction des besoins par pays. Ils vous proposent à la FIFA ou à la CAF pour faire des tests de promotion, c’est-à-dire, un examen physique et oral que vous devez passer pour le grade de arbitre international. Il est clair que si vous êtes déjà arbitre international comme moi, vous faites plus tôt des tests de maintien, mais dans les deux cas, vous êtes maintenu ou retenu, à la condition de réussir les tests. Mais il faut le dire clairement tant que je garderai ma forme, je suis toujours compétitif et donc ma place au Cameroun reste intacte
Vous avez déjà disputé plus d’une compétition internationale, Coupe du Monde (toutes catégories confondues, ndlr) des Coupes d’Afrique des Nations, mais également des compétitions africaines interclubs. Qu’est-ce qui vous reste après ?
Mon expérience et ce que je continue à donner sur les terrains partout où je suis appelé à arbitrer. Il y a aussi ces souvenirs qui restent indélébiles lorsque vous êtes en mission à travers le monde, la rencontre avec d’autres confères, les stages que nous partageons, bref tout cela me reste en image. Mais le plus important c’est de savoir qu’on a accompli sainement sa mission.
Sortons par là, vous êtes aussi fonctionnaire à la police camerounaise, comment faites-vous pour concilier les deux activités?
Ecoutez, nous avons toute une division de sports à la police, donc nous restons sportifs. Maintenant pour ceux qui sont impliqués dans d’autres activités comme moi, nous demandons une permission à la haute hiérarchie de la délégation générale de la sûreté nationale (DGSN) à chaque fois qu’on est en mission. Et dès notre retour, nous reprenons notre activité à la police. D’ailleurs, je dois vous le dire, mes chefs sont très fiers de moi à en croire les félicitations qu’ils m’adressent à chaque fin de compétition et ça c’est très encourageant. Je profite de l’occasion pour leur remercier tous. Donc oui, concilier les deux pour moi je le fais bien depuis plus de 25 ans et tant que je n’ai pas encore failli à mon devoir de policier, je ne peux pas dire que l’arbitrage empiète à mon autre activité.