En sommant les présidents de fédérations de lancer leurs activités sportives, le Minsep a choisi de proroger le bail de ces exécutifs frappés de forclusion depuis 2016.
Le mouvement sportif camerounais est otage du ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep). Les fédérations sportives nationales fonctionnent au gré des humeurs de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, qui entretient un clair-obscur absolu sur le calendrier électoral dans ces instances désormais frappées toutes d’illégalité, à l’exception de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et son statut particulier.
Les exécutifs élus à la tête de ces fédérations en 2012 pour une olympiade de quatre ans, ont achevé leur mandature en 2016, mais depuis lors, le renouvellement des organes dirigeants n’a pas eu lieu, en dépit des grincements de dents que cela a pu provoquer, dans un contexte déjà empreint de crises interminables au sein desdites fédérations. En 2016, alors que les acteurs du sport se languissaient des élections, le Minsep décide à la surprise générale de reporter sine die leur tenue.
Le sport camerounais est plongé depuis lors dans l’expectative, et fait l’affaire des exécutifs sortants, qui se voient réconforter dans une situation d’illégalité, en dépit des jérémiades de potentiels candidats qui aspirent aux affaires. La quarantaine de fédérations frappées de forclusion a traversée l’année 2017 dans cette illégalité, et 2018 pourrait lui emboiter le pas, en témoigne une récente circulaire de Bidoung Mkpatt, appelant les exécutifs illégaux au redémarrage de leurs activités dans des délais bien précis.
«Dans le cadre de la coordination, du suivi, du contrôle et de l’évaluation des activités des fédérations civiles nationales, j’ai l’honneur de vous inviter à procéder à l’ouverture des saisons sportives de vos disciplines sportives du 20 janvier au 31 mars 2018. J’attache du prix au respect scrupuleux de cette mesure», renseigne cette lettre ministérielle du 19 janvier 2018.
Le week-end prochain sera sans doute l’occasion de démarrer les activités dans certaines fédérations. Seulement, l’on continue de s’interroger sur l’opportunité pour le ministre de sonner le tocsin de la saison sportive dans ces conditions, sans pour autant donner d’indications sur le calendrier électoral. Une situation, qui n’a de cesse d’irriter les acteurs dans des fédérations déjà en crise, notamment au handball, au volleyball, judo, boxe, rugby, cyclisme, Karaté, haltérophilie, sports pour déficients visuels, ou encore au taekwondo.
D’ailleurs, à la Fecahand, lasse d’attendre, la Fondation André Nziko (Fanz), une équipe de première division, a saisi le président de la fédération, le Sénateur Raymond Mbita, le 17 janvier dernier, pour l’enjoindre de convoquer une assemblée générale sous huitaine, afin de sortir de cette forclusion. Cette requête de Fanz a été formulée deux jours avant la circulaire ministérielle.
Et pourtant, le délai fixé à Mbita expire demain. A la Fecayclisme également, le Dr Abena, l’un des acteurs de la crise au sein de cette fédération, a déjà saisi l’Union cycliste internationale (Uci) pour lui faire part de l’illégalité qui perdure dans cette instance sportive. Bref, cet effritement est perceptible çà et là, le mouvement sportif en pâtit et les athlètes paieront la note le moment venu.