Cette réunion qu'il avait pris soin de convoquer et qu'il avait lui-même pré-
sidée, le 25 juillet 2018, avait pour fil d'Ariane la promotion de la loi relative à l’organisation et à la promotion des activités physique et sportives au Came- roun promulguée par le chef de l'Etat le 11 juillet 2018. Bidoung Mkpatt n'était pas sans ignorer que les mandats des bureaux exécutifs des 49 Fédérations sportives civiles nationales que compte le mouvement sportif camerounais, sont caducs de- puis 2016, pour l'olympiade 2012-2016 pour laquelle ils avaient été élus. Pour le minis- tre des Sports et de l'Education physique (Minsep), l'essentiel est de promouvoir la nouvelle Charte des sports qui, à l'en croire, est «le baromètre de ré- gulation des activités d'éduca- tion physique et sportive de troisième génération qui corrige les insuffisances et les manque- ments relevés dans l'application de la loi de 2011».
C'est fort de cela que Bidoung Mkpatt a préféré jouer dans la cour de l'illégalité en exigeant à ces présidents de fédérations de s'approprier cette nouvelle loi. «A cet effet, je recommande que les présidents des fédéra- tions et les acteurs concernés, s'approprient cette loi, promeu- vent davantage, avec engage- ment et professionnalisme, les activités physiques et sportives pour le rayonnement de notre pays», a-t-il déclaré solennelle- ment dans son speech de cir- constance. Martelant qu'ils doivent «prendre toutes les dis- positions utiles pour arrimer avec urgence les statuts et les règlements de chaque fédéra- tion à cette nouvelle loi». Ces présidents ne pouvaient que se réjouir qu'ils aient reçu de leur tutelle la charge d'aller ajuster les statuts et règlements de leurs fédérations en fonction des attentes portées par cette nouvelle loi. Une loi qui fait cou- ler beaucoup d'eau sous les ponts.
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Hommes et femmes de qualité
Ce n'est d'ailleurs pas la pre- mière fois que Bidoung Mkpatt étend son parapluie et brandit ses godasses pour faire durer, dans une situation qui contre- vient à la loi, le règne de ces présidents à la tête des fédéra- tions sportives civiles natio- nales. Au cours d'une réunion tenue en février 2015, ceux-ci lui avaient demandé une proro- gation officielle de leur mandat. Ce qu'ils avaient d'ailleurs ob- tenu après près de cinq heures d'échanges. Et cela dure depuis plus de trois ans. Or en juillet 2017, Bidoung Mkpatt avait mis sur pied un Comité technique de réformes qui, après avoir vidé les contentieux en cours dans certaines fédérations, de- vrait déclencher le processus de renouvellement des organes di- rigeants des Fédérations spor- tives civiles nationales. «Pour que n'accèdent à la tête de ces associations des hommes et femmes qualifiés, capables de rehausser l'image du Cameroun à travers le sport».
Heureusement qu'au Came- roun, l'on peut avoir une face et plusieurs bouches. Aujourd'hui, on ne peut pas être surpris que l'olympiade 2017-2021 soit ainsi ouverte, de manière non exprimée. Alors que le nouveau cadre juridique de la nouvelle loi que l'on vante actuellement, bannit la prorogation de man- dat. Il est vrai qu'au cours de la concertation du 25 juillet dernier il a été dit que les statuts et les règlements des fédéra- tions devront être arrimés à la nouvelle loi. Ceci dans un délai de six mois, selon l’article 107.
«Ces statuts vont permettre d’organiser à moyen terme, des élections démocratiques, apai- sées et empreintes de fair-play. Ce n’est qu’à ce prix que les fé- dérations sportives civiles na- tionales seront dotées d’exécutifs légaux et légi- times», laissait entendre le Min- sep.
Et c'est le lieu de chercher à sa- voir pour quel l’intérêt le minis- tre des Sports et de l'Education physique tient absolument à disposer des projets de textes de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), sachant bien que le principe d’ingérence est pourfendu par les statuts de la Fédération internationale de football association (Fifa) qui, en son article 19 alinéa premier, dispose que «chaque associa- tion membre doit diriger ses af- faires en toute indépendance, sans l’influence indue d’aucun tiers».