C’est depuis 2015 que l’ancien Comité de normalisation avait voulu introduire cette modification de la loi de 2011. Le Premier ministre avait écrit au président du Comité national olympique pour dire que l’initiative de modifier la loi était venue du Comité de normalisation et non du Premier ministère. Si au Cameroun, chaque fois que vous perdez une procédure devant un tribunal, vous cherchez à changer la loi, allons-y.
Dans la loi, ils veulent dire qu’un litige électoral n’est pas un litige sportif. Ensuite, il est question d’introduire le vote des corps de métiers dans le processus électoral. Dans quel pays ? Est-ce que les corps de métiers votent à la Fifa ?
Mais ils ont signé des conventions pour dire que les corps de métiers ne votent pas. C’est le club, qui emploie les joueurs, les entraîneurs, les médecins. Et s’il n’y a pas de clubs, il n’y a pas d’arbitres. Demander à un arbitre de venir choisir un dirigeant ne tient pas. Il vient quand il y a deux équipes, pour diriger un match sans parti-pris. Je vous prends un exemple : Gérémi Njitap qu’on présente comme un potentiel candidat est président du Synafoc (Syndicat national des footballeurs du Cameroun, ndlr) doit lui- même choisir ses représentants dans les 58 départements et les 10 régions. Ça veut dire qu’il choisit les gens qui vont le voter. Donc, il aura déjà 68 voix dès le départ. On ne pourra pas parler d’élections transparentes et équitables.
La Charte olympique ne permettra pas cela.
Le Gouvernement avait dit en son temps que si la loi allait être modifiée, il fallait que les acteurs se prononcent. Qu’est-ce qu’on dit des autres 48 fédérations sportives ? La loi dit qu’une ligue est constituée de personnes physiques ou morales qui ont le même objectif. Est-ce que le club a le même objectif que l’entraîneur, que l’arbitre ? Quand la loi parle d’une ligue de football, il s’agit des clubs. Malheureusement pour eux, nous sommes avertis. Nous attendions cela.
Si à l’Assemblée nationale, les députés font cette erreur monumentale, que la Fifa vienne leur imposer de modifier une loi, on prendra acte. Si par extraordinaire cette loi viendrait à passer, ils vont nous trouver en face. Nous aurons notre plainte au niveau du Conseil constitutionnel pour démonter ce qui s’est passé. On va ainsi courir le risque d’être exclu du mouvement olympique, parce que cette loi ne cadre pas avec la Charte olympique. N’oublions pas que c’est le CIO (Comité international olympique) qui a re- commandé à toutes les fédérations nationales d’insti- tuer auprès des Comités olympiques, une Chambre devant connaître des litiges en dernier ressort avant la saisine du Tas. Nous attendons voir ce qui va se passer.