Une nouvelle proposition de modification des statuts de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) fait actuellement débat dans le monde du football camerounais. Le projet, soumis aux membres du Comité Exécutif, pourrait considérablement modifier l'équilibre des pouvoirs au sein de l'institution, en accordant des prérogatives étendues au président de la fédération.
Le texte proposé introduit une disposition qui changerait radicalement le processus décisionnel au sein de la FECAFOOT. Selon le projet de modification soumis au Comité Exécutif, "En dehors des réunions du Comité Exécutif, des décisions peuvent être prises à l'aide d'autres moyens de communications écrites. Les décisions entrent en vigueur avec effet immédiat. Le Président informe immédiatement le Comité Exécutif des décisions prises à l'aide d'autres moyens de communications écrites." Cette formulation ouvre la voie à une concentration sans précédent des pouvoirs entre les mains du président.
La modification statutaire envisagée transformerait profondément le fonctionnement de la fédération. Si elle était adoptée, cette réforme permettrait au président d'agir de manière unilatérale sur des questions stratégiques, sans nécessité de consultation préalable du Comité Exécutif. Ce dernier se verrait relégué à un simple rôle d'information, perdant ainsi sa fonction de contrôle et de délibération collective qui constitue pourtant le fondement d'une gouvernance équilibrée.
Dans la pratique, cette réforme donnerait au président la latitude de prendre seul des décisions majeures impactant l'avenir du football camerounais. Les accords commerciaux, les partenariats stratégiques, ou encore les orientations sportives pourraient être décidés sans débat préalable au sein du Comité Exécutif. À titre d'exemple, le choix d'un équipementier ou la signature d'un contrat commercial important pourrait se faire sur simple décision présidentielle, le Comité Exécutif n'étant informé qu'après coup, sans possibilité réelle d'opposition.
Cette initiative soulève de sérieuses préoccupations quant au respect des standards internationaux de gouvernance sportive. La transparence des processus décisionnels, pierre angulaire d'une gestion saine, se trouverait significativement affaiblie. Le principe même de la gouvernance collégiale, garantie traditionnelle contre les excès du pouvoir personnel, serait mis à mal par ces nouvelles dispositions. Les observateurs du football camerounais s'interrogent légitimement sur la compatibilité de telles mesures avec les exigences de bonne gouvernance promues par les instances internationales comme la FIFA et la CAF.
Cette proposition de réforme intervient dans un contexte particulièrement sensible pour le football camerounais. Elle représente un tournant potentiellement décisif dans l'histoire de la gouvernance sportive du pays. La validation ou le rejet de ces modifications statutaires déterminera largement l'avenir du modèle de gouvernance de la FECAFOOT, avec des implications durables sur le développement du football national. La communauté footballistique attend désormais avec attention la suite qui sera donnée à ce projet de réforme qui pourrait redéfinir fondamentalement les mécanismes de prise de décision au sein de la fédération.