Depuis son arrivée à la tête de la Fédération camerounaise de football en septembre 2018, le comité de normalisation deuxième version a pris une série de décisions et mesures. Parmi les plus remarquées, figure la mise à l’écart de certains cadres recrutés par le président déchu Tombi à Roko Sidiki. Des décisions qui ne sont pas toujours applaudies. Alors que les partisans de Tombi à Roko crient au règlement de comptes, ceux qui ont fait tomber leur champion estiment que le président Dieudonné Happi n’en a pas assez faut de ce point de vue. Evocation.
Sale temps pour certains des hommes laissés au siège de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) par Tombi à Roko le président déchu le 23 août 2017. Le comité de normalisation qui a pris la place de l’exécutif illégal en place durant 23 mois a entrepris de se séparer de certains responsables recrutés ou nommés sous le règne du bureau contesté. Le ballet des limogeages a été ouvert avec le secrétaire général Blaise Moussa. Le 29 septembre 2017, une note du président du comité de normalisation Dieudonné Happi le démettait des fonctions qu’il occupait depuis 2 ans. Martin Etonge, affecté depuis quelque temps à la direction technique nationale du football camerounais prenait sa place.
Peu après, le haut fonctionnaire déclarera avoir accepté la décision de son ex patron avec philosophie. « J’ai discuté en gentleman avec Me Dieudonne HAPPI sur ma position symbolique au regard de la nécessaire neutralité au cours de la normalisation du football camerounais. Avec détachement et sans compromission j’ai accepté mon remplacement au poste de Secrétaire Général de la FECAFOOT par le compatriote Martin ETONGE. Encore qu’une nomination ne se discute pas puisque relevant du pouvoir discrétionnaire tout autant que son inverse. Mais le dialogue initié par le Président du Comité de normalisation pour me sensibiliser a trouvé terrain fertile auprès de Moi, car mon vœu est au redécollage de notre football. Félicitations à l’heureux élu. Quel commentaire? AUCUN!!! Sinon Bonne chance!!! Comme Emile ZOLA je dirais « je verbalise simplement. Je laisse le soin aux moralistes de tirer la leçon ». Car ma fonction jusqu’à ce matin n’était aucunement élective », dira Blaise Moussa en guise d’adieu.
Le député Luc Koa, comme dans un feuilleton…
La deuxième tête tranchée par la guillotine de Me Happi est celle de Faustin Mbida. Le directeur de cabinet de Tombi à Roko Sidiki a été mis à la porte le 2 octobre 2017 soit 3 jours après l’ancien secrétaire général. Le comité de normalisation estimait notamment qu’il pesait sur les finances de la fédération car étant déjà employé au ministère de la jeunesse et de l’éducation civique. La troisième « grosse légume » dans le collimateur du Comité est Luc Koa. Lui aussi est un cumulard. Ce député s’est souvent vu reprocher de parfois abandonner l’hémicycle pour se retrouver avec les équipes nationales de football. Il est donc éjecté de son fauteuil de coordonnateur des sélections de foot du Cameroun le 29 décembre 2018. Mais l’honorable Luc Koa n’accepte pas son limogeage donnant ainsi des allures de feuilleton à l’acte pris par le comité de normalisation version Happi. Le rapporteur de la commission des finances à l’assemblée nationale sera absent à la cérémonie de passation de service prévue le 2 janvier 2018 avec son successeur, l’ancien international camerounais Nicolas Dikoume.
On retrouvera le député issu des rangs du parti au pouvoir plutôt au Maroc, tentant de rejoindre les Lions indomptables A’ en pleine préparation du Championnat d’Afrique des nations afin d’assurer comme si de rien n’était ses tâches de coordonnateur des équipes nationales. L’on apprendra qu’il a été mis en mission par le ministre des sports et de l’éducation physique Pierre Ismael Bidoung Mkpatt en guerre sourde dit-on avec le comité de normalisation. Son président, vont indiquer des informations pas confirmées, va tout faire pour éloigner l’intrus de la tanière des Lions, menaçant même de solliciter Interpol, la police internationale. La passation de service va avoir lieu finalement le 10 janvier 2018. Elle précède d’autres changements survenus dans les commissions juridictionnelles comme la commission d’homologation et de discipline et la commission de recours. Tout ceci est vu par des proches ou responsables de l’ère Tombi à Roko Sidiki comme une « chasse aux sorcières ».
Chasse aux sorcières ?
Jacques Bell est l’un d’eux. Il a été membre d’une des nombreuses commissions de la FECAFOOT. Il croit que le comité Happi est arrivé avec l’intention de punir ceux qui ont servi l’équipe Tombi. « On a comme l’impression que les membres du comité de normalisation sont venus régler les comptes. Et parce qu’ils sont venus régler des comptes, automatiquement ils se sont dévoyés. Et parce qu’ils se sont dévoyés ils se retrouvent dans une sorte de cul-de-sac. C’est une erreur d’appréciation ». De plus, soutient-il, les raisons avancées ne sont pas les bonnes. « L’argument qu’il a excipé parlant du caractère pléthorique du personnel aurait pu être un argument valable si effectivement entre temps il n’avait pas recruté des gens tombe en désuétude ». Jacques Bell s’attendait à voir le comité de normalisation de la Fédération camerounais de football effectuer une mission de conciliation, favoriser le retour d’une certaine harmonie entre ceux qui se battent pour le contrôle de cette association. « La mission du comité de normalisation c’est l’organisation des élections. Et pour organiser des élections on ne divise pas, on réconcilie. Un avocat est d’abord un juge conciliateur. Vous conviendrez avec moi aujourd’hui que le football camerounais est dans un factionnalisme irréversible. A partir du moment où il y a cela, le comité de normalisation est en train de dériver parce qu’il n’a pas pu réconcilier les différents acteurs », fait-il valoir.
Ce n’est pas l’avis de Domingo Akoué Epié. Ce membre du groupe de dirigeants qui a fait annuler l’élection de Tombi à Roko et l’ont contraint à quitter le fauteuil de président en saisissant notamment le Tribunal arbitral du sport pense que l’équipe qui dirige le football camerounais de façon provisoire n’en a pas fait assez. « Quand on limoge des gens parce qu’ils ont été mal recrutés ou bien parce qu’ils ont été recrutés par celui qui n’avait pas mandat, on limoge tout le monde. On ne choisit pas une partie et on laisse l’autre. Pour moi, au lieu de chasser ceux-là qu’on a limogés, tous ceux qui ont été recrutés sous l’ère Tombi doivent être limogés. Ça c’est mon point de vue. On ne le changera jamais ! », déclare-t-il, péremptoire. Pour lui rien ne peut justifier des limogeages ou licenciements ciblés sinon la chasse aux sorcières. Or lui déclare qu’il n’a « pas de problèmes d’individu ou de personnes ». Il martèle que « tout ce qui a été fait sous l’ère Tombi est nul. Tous ceux qu’il a recrutés devraient être mis à la porte. C’est une question de loi, de sentence, de légalité il n’ y a pas de demi-loi. Quand on veut appliquer une loi, on l’applique entièrement », ajoute le président général de Jeunesse Stars de Yaoundé.