Nommé vendredi 8 septembre 2017 par la mission conjointe FIFA/CAF, Me Dieudonné HAPPI devra sortir le football de l’anarchie dans lequel il est actuellement plongé, en rédigeant de nouveaux statuts qui soient en conformité avec les statuts et standards de la FIFA ainsi qu’avec la législation nationale obligatoire en vigueur.
Sur cette base, il devra conduire de nouvelles élections d’un bureau exécutif à la Fédération camerounaise de football. Ci-dessous, un portrait du désormais homme fort de Tsinga, dressé il y a quelques années par nos confrères de la CRTV.
C’est un avocat qui correspond trait pour trait à la représentation que l’on se fait de cette profession auréolée de prestige. Où le paraître l’emporte sur l’être. Où le chic et le clinquant sont la règle. Où l’on cultive l’art de la rhétorique et des tournures de phrases à n’en plus finir. Il ne faut donc surtout pas être un homme pressé lorsqu’on aborde Maître Happi. Car son visage ferme s’illumine instantanément et il devient intarissable avec de grands gestes expressifs. Pourrait-il en être autrement pour cet homme né le 26 novembre 1951 qui a réalisé son rêve d’enfance, celui d’être avocat. C’est cette ambition tenace qui a guidé sa scolarité tel un fil d’Ariane.
Après des études secondaires aux lycées de Buéa et de Manengouba, il passe finalement son bac dans un lycée français. Dès lors, le jeune Dieudonné se voit déjà. Il se plonge résolument dans des études de droit aux universités de Rouen et d’Angers. Un DEUG, une licence et une maîtrise en droit sont au bout de son cursus. L’étudiant se rapproche ainsi de son rêve. Parti du Cameroun en 1977, il prend l’avion du retour en 1981 où il a rendez-vous avec son destin.
Admis en stage d’avocat en 1983, il peut en 1985 enfiler la tant désirée robe noire qui lui permet de siéger au sein de l’ordre national des avocats. Fuyant la saturation qui guette les grandes cités Douala et Yaoundé, il se met dans la peau de pionnier en allant ouvrir son cabinet dans la toute nouvelle province de l’Extrême-Nord.
D’année en année et au fil des procès, sa notoriété va crescendo. Comme en ce mois de l’année 1991 où il plaide au palais de justice de Maroua la cause de l’ancien directeur de la sécurité présidentielle du président tchadien déchu Hisseine Habré. De Dakar où il s’est exilé, l’ex-homme fort de N’Djamena téléphone régulièrement à l’avocat pour prendre les nouvelles de son protégé, accusé de meurtre en terre camerounaise sur fond de règlements de comptes entre anciens barons du régime.
Me Dieudonné Happi fait donc désormais partie du cercle très restreint des avocats qui comptent lorsqu’il se laisse piquer par le virus de la politique à la faveur de la brise démocratique qui souffle dans les années 90. Par opportunisme ou par réalisme, il s’embarque dans la mouvance qui a le vent en poupe : les forces du changement. En deux temps trois mouvements, il se retrouve coordonnateur dans le Grand-Nord de l’Union pour le changement ensemble hétéroclite d’associations et de partis politiques qui soutiennent la candidature de Ni John Fru Ndi à la présidentielle d’octobre 1992.
Mais le chairman au faîte de sa popularité tombe de haut, Il perd. Nombre de ses partisans se dispersent. Me Happi fait le mort. Il ne redescend dans l’arène politique qu’en décembre 1995 lorsqu’il adhère à l’Undp dont il devient rapidement un membre influent en accédant au bureau politique. Il sera même conseiller municipal à Maroua de 1996 à 2002. Ceux qui cherchent des exemples d’intégration nationale sont servis.