Trois jours après avoir rendu sa démission au président de la Fédération camerounaise de football et vivement attendu pour un inventaire contradictoire de son bureau, le désormais ancien patron du secrétariat général de l’instance, est interdit de quitter le territoire puisqu’il est dans le viseur de la Police judiciaire, saisie par les bons soins de Samuel Eto’o.
Le ciel est gris pour Benjamin Didier Banlock. L’Eto’o semble se resserrer autour de l’ex Secrétaire général de la Fécafoot. Cité il y’a un mois dans des affaires de mauvaise gestion financière, mais aussi de soupçon de corruption dans plusieurs marchés publics au sein de la Fécafoot, le désormais ex patron de l’administration de la maison mère du football camerounais, remis en selle par Samuel Eto’o alors que celui-ci rasait les murs à la fin du règne de Seidou Mbombo Njoya, est sur le gril.
Suspendu de signature depuis le 18 avril 2022, l’homme qui a rendu publique sa démission mercredi dernier, est interdit de quitter le territoire camerounais. La décision est contenue dans un message porté du Procureur de la République au directeur de la Police des frontières et aux commissaires des aéroports internationaux de Yaoundé et Douala. L’ex Sg est en effet sous le coup de « poursuites judiciaires ». Et pour cause, il lui est reproché entre autres d’avoir «laissé volontairement fermé le bureau qu’il occupait jusque-là au siège de la Fecafoot».
Inventaire contradictoire
En plus des clés du bureau, Banlock doit également restituer « les pièces comptables, le véhicule, l’ordinateur et les téléphones de service ». Enfin l’ex employé de la Fecafoot doit se rendre disponible « pour un inventaire contradictoire de son bureau ». Lui qui est aux côtés du nouveau patron du Comité exécutif depuis sa campagne électorale avant d’être son plus proche collaborateur, une fois dans le fauteuil de président. Dans une lettre de démission au vitriol, le désormais ex Sg exprime sa déception et son désarroi.
« J’ai cru et j’ai œuvré, le peu de temps qu’il m’a été donné de le faire, à assumer des responsabilités com- patibles avec le projet pour lequel vous m’avez fait confiance en me proposant de vous accompagner. Je suis fondé à penser que le football camerounais ne retrouvera sa grandeur que si de grands hommes qui portent de grandes idées, agissent avec grandeur dans un environnement qui permet l’élévation et le progrès, en d’autres termes, la réalisation de grands desseins. Je crois toujours que cela est possible mais l’état des lieux de notre manage- ment et de notre gouvernance m’amène à en douter fortement au regard des événements qui se succèdent, des faits divers qui se multiplient et de l’actualité qui donne à voir sans aucun doute, que la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) n’est pas en phase avec le pro- jet qui vous a porté à la tête de cette fédération », regrette-t-il.
Renoncement
A en croire le démissionnaire, une administration de progrès « ne peut se réduire à la danseuse du président qui semble être votre seule volonté ». Les textes, les bonnes pratiques managériales et de gouvernances, les objectifs des pro- jets fédéraux et les résultats, soutient-il, « doivent motiver les décisions, justifier les postures, les choix et les engagements ».
Tout en remerciant le Comité exécutif de la Fécafoot pour la confiance placée en sa modeste personne, Banlock estime qu’il ne peut plus continuer de travailler dans un environnement qui n’est guère propice à l’atteinte d’un niveau de performance susceptible de redonner au football camerounais toute sa grandeur. Une sortie que certains assimilent à de la trahison pendant que d’autres y voient de l’ingratitude, de la déloyauté et même un abus de confiance.
Quel qu’en soit le vocable qu’on colle à cette affaire, l’image gravée dans le subconscient de ceux qui suivent l’actualité au sein de la Fécafoot reste la même : Benjamin Didier Banlock a poignardé Samuel Eto’o dans le dos. Recueilli et repositionné comme patron de l’administration de la Fécafoot au lendemain de la brillante victoire électorale de l’ancien capitaine des Lions indomptables, le Sg déchu sous Seidou Mbombo Njoya, « a été incapable de dompter ses vieux démons de la mauvaise gestion », commente une source à Tsinga.
Eternel pêcheur en eaux troubles, l’homme qu’on dit avoir des rap- ports incestueux avec l’argent, « serait retombé dans les mêmes travers ». Toute chose qui n’a contribué qu’à noircir l’ère Eto’o placée sous le signe de la réconciliation des acteurs du football camerounais.
Marchés publics
De sources concordantes, le nouveau patron de la Fécafoot, visiblement ulcéré par les casseroles retentissantes que traînait son fameux Sg, présenté par plusieurs de ses proches, comme un collaborateur peu recommandable, n’était plus en odeur de sainteté avec ce dernier. L’homme serait impliqué dans des affaires louches relatives à plusieurs marchés publics engageant la Fécafoot et pour lesquelles il n’a pas hésité à s’en mettre plein les poches.
« La crise au sein de l’Aigle du Moungo est venue sonner sa mise à mort puisque des sources au sein du club de D2 régional du Littoral, soutiennent que Benjamin Didier Banlock aurait empêché que ledit club ne soit affilié après son Assemblée générale du 08 avril dernier à Nkongsamba », apprend-on. Tout comme « il aurait aussi empêché l’enrôlement des joueurs dans le fichier Fifa Connect arrivé à échéance alors que l’équipe dirigeante venait à peine de boucler son Ag extraordinaire ».
On parle dans la foulée, d’un deal payant de 5 millions Fcfa effectué avec les dirigeants sortants d’Aigle du Moungo (pré- sident Nseke Ndlr) à en croire des sources. Outrés, « les nouveaux élus du club notamment le nouveau président Dr Emmanuel Tankoua, ont saisi directement le président Samuel Eto’o », rapporte des proches de la nouvelle équipe. Des griefs et bien d’autres gardés dans le secret qui ont provoqué l’ire de l’ancien goléador.
Nommé secrétaire général par intérim de la Fécafoot, le recrutement de Banlock avait été pourtant approuvé à l’unanimité par les membres du Comité d’urgence, réunis en session ordinaire quelques jours après le limogeage de Parfait Siki qui occupait le même poste sous Mbombo Njoya. A 42 ans, celui qui a occupé les fonctions du directeur Afrique de Wystout, spécialiste en analyse vidéo, statistiques et données sportives, menace de faire le grand déballage si son désormais ex patron continue à sortir le rouleau compresseur . A suivre !
Le Messager