Citoyen anglais d’origine camerounaise, Joseph Chenwi Atia croupit dans une cellule de la Prison centrale de Yaoundé depuis le 15 juin 2015. Agent de joueur, il a été attrait devant le tribunal de grande instance (Tgi) pour «abus de confiance aggravé» par l’ancien international de football, Geremi Sorel Njitap, avec qui il a conclu un contrat de cession de droits à l’image dont les clauses, selon le plaignant, ont été violées.
Aussi bien pendant l’enquête préliminaire qu’en phase d’instruction, Geremi Sorel Njitap n’a pu produire, pour toute pièce à conviction, que des échanges électroniques qui, selon des sources proches du dossier, seraient non seulement minces, mais en plus ne constituent pas des arguments légaux. Toute chose qui fait hurler l’avocat de Joseph Chenwi Atia, Me Manassé Jean Louis Mballa, qui affirme que son client, sur un simple coup de fil, «a été kidnappé le 4 juin 2015 au Hilton Hôtel et conduit à la légion de gendarmerie du Centre».
Dans une correspondance datée du 31 juillet dernier adressée au ministre de la Justice, l’avocat dénonce, dans cette affaire, «la complicité des officiers de justice de la légion de gendarmerie du Centre venus à la rescousse» du plaignant, qui «confond volontairement, mais cyniquement l’Etat camerounais à un Etat policier, voyou et brigand».
Me Manassé Jean Louis Mballa s’étonne par ailleurs que la demande de mise en liberté provisoire ait été refusée à Joseph Chenwi Atia, bien qu’ayant «produit les pièces qui le déchargent» et alors que «la partie civile n’a déposé aucune pièce à conviction susceptible d’accabler l’inculpé». Une «situation tellement gênante et arbitraire qui pourrait trouver sa justification ailleurs», selon l’auxiliaire de justice. Sans compter les doutes persistants quant à la compétence des tribunaux camerounais à connaître de ce dossier conclu en terre anglaise.
Volte-face
Agent de joueur, c’est Joseph Chenwi Atia qui négocie et fait signer – sans contrepartie –, pour 3 ans (2007-2009), Geremi Sorel Njitap au club anglais de Newcastle. Le joueur met aussitôt sur pied la société Geremi Promotions Ltd, domiciliée à Gibraltar – un paradis fiscal – et en charge de la protection de ses droits à l’image. Newcastle doit alors lui verser annuellement l’équivalent de 1 milliard de francs Cfa. Pour le remercier des services rendus, Geremi Sorel Njitap décide, contre «la somme d’1£ [livre sterling, Ndlr] dont elle accuse réception», de céder le paiement d’un an desdits droits à son agent, objet d’un contrat signé le 7 avril 2008 et confirmé le 22 du même mois.
Le contrat entre Geremi Sorel Njitap et Joseph Chenwi Atia s’applique notamment aux noms, surnoms, réputation, initiales, ressemblance et/ou juste ressemblance, slogan et autographes signés à l’occasion, caricature, voix, biographies, logos, initiales, témoignages, inscriptions spéciales, photographies, performances, représentations vidéos ou films, enregistrements sonores, informations biographiques, représentations graphiques et électroniques animées ou informatiques, tout autre moyen d’annotation ou d’identification et autres de la personnalité sportive.
Ce sont aujourd’hui les retombées financières de cette cession, pourtant conclue en bonne et due forme et qui frôlent le milliard de francs Cfa, que réclame un Geremi Sorel Njitap devenu agent immobilier entre-temps. L’athlète désormais à la retraite, selon Me Manassé Jean Louis Mballa, s’est subitement rebiffé, ayant finalement compris qu’il «ne pouvait plus prétendre à quoi que ce soit».
Dans le droit fil de la polémique, l’on apprend que le même Njitap, au moment où il cédait une partie de ses droits à son agent, et sans l’indiquer, était déjà sous contrat pour les mêmes raisons avec une autre société dénommée Img, un cabinet spécialisé dans le management sportif et avec laquelle il a connu des démêlés judiciaires en 2008. On se souvient aussi que l’ancien goléador Patrick Mboma avait connu la même infortune avec le même Njitap, dans une affaire d’intermédiation tout aussi cocasse, du temps où le second évoluait en Angleterre