Dans un contexte de tensions croissantes entre la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) et le Ministère des Sports et de l'Éducation Physique (MINSEP), un groupe de supporters et de citoyens camerounais préoccupés adresse une lettre ouverte au gouvernement. Ce document, daté du 28 août 2024, met en lumière les conflits récents qui secouent le football national, notamment autour de la nomination du sélectionneur Marc Brys et de ses déclarations controversées. Les auteurs appellent à des actions concrètes pour résoudre cette crise et demandent le respect des prérogatives de la FECAFOOT, tout en soulignant l'importance du football pour l'unité nationale.


Lettre ouverte au Gouvernement camerounais
Chers Membres du Gouvernement Camerounais,
Depuis le mois d’avril 2024, nous suivons avec un vif émoi, le conflit ouvert entre le Ministère de Sport et de l’Education Physique (MINSEP) et la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT).
Conflit qui, selon l’actualité, a pris source sur les questions du choix du Sélectionneur Principal de l’Equipe nationale de football séniors Fanion (Les Lions Indomptables), de la désignation de l’équipe technique d’encadrement et du Coordonnateur général chargé de l’administration sportive et technique des activités et des programmes des sélections nationales de football.
Pour se départir de ce conflit, chacune des parties soutenait respecter un cadre réglementaire incontestable et incontesté par la juridiction. C’est ainsi que le MINSEP avait pour référence l’article 9 de la Convention signée entre le MINS et la FECAFOOT le 05 novembre 2015, qui stipule, à propos du Recrutement et salaires des membres des structures d’encadrement les alinéas suivants :
(1) Les membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football sont recrutés, soit sur la base d’un contrat signé avec le Président de la Fédération camerounaise de Football, après avis obligatoire du Ministre chargé des sports, soit sur la base d’une mise à disposition par l’Etat.
(2) Les salaires de l’Entraineur Principal et des Entraineurs Adjoints des sélections nationales de football sont payés par l’Etat.
(3) Les salaires des membres des structures d’encadrement mis à la disposition de la FECAFOOT par l’Etat sont payés par l’Etat.
(4) Les salaires des autres membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football recrutés sur la base d’un contrat, sont payés par la FECAFOOT. »
La FECAFOOT quant à elle prend sa référence dans le Décret n° 2014/384 du 26 septembre 2014 dont les articles 3, 4 et 5 ont retenu notre attention :
CHAPITRE II : DE L’ORGANISATION ET DE LA GESTION DES SELECTIONS NATIONALES
Article 3 :
(1) La gestion administrative, sportive et technique des sélections nationales de football relève de la compétence de la Fédération Camerounaise de Football ci-après, dénommée FECAFOOT.
(2) la gestion financière des sélections nationales de football est assurée conjointement par l’Etat et la FACAFOOT sur la base de conventions et textes particuliers.
(3) Les ressources allouées par l’Etat aux sélections nationales de football constituent des deniers publics et sont soumis aux contrôles des organes compétents de l’Etat.
(4) Les aspects liés à la sécurité des joueurs et des membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football incombent à l’Etat, en collaboration avec la FECAFOOT.
Article 4 :
(1) La coordination administrative, sportive et technique des activités des programmes des sélections nationales de football visées à l’article 2 ci-dessus, est assurée par un Coordinateur Général, nommé par le Président de la FECAFOOT.
(2) Le Coordonnateur Général est assisté de deux (02) adjoints nommés dans les mêmes formes.
(3) La rémunération du Coordonnateur Général et de ses adjoints est assurée par la FECAFOOT.
(4) Les attributions du Coordonnateur Général et de ses adjoints sont fixées par un texte particulier signé par le Président de la FECAFOOT.
Article 5 :
(1) Chaque sélection nationale est dotée d’une structure d’encadrement comprenant :
- Une équipe technique ;
- Une équipe médicale ;
- Une équipe chargée de logistique ;
- Une équipe chargée des équipements et matériels sportifs ;
- Une équipe chargée de la sécurité.
(2) Une équipe d’éducateurs civiques peut, en tant que de besoin, être mise à la disposition des sélections nationales de football.
(3) Les attributions de chaque équipe de la structure d’encadrement sont définies par un texte particulier signé par le Président de la FACAFOOT.
En parcourant ces extraits de texte, nous constatons que les extraits de la Convention qui sont la référence soutenue par le MINSEP, notamment l’alinéa 1 de l’article 9 de ladite Convention, expliquent le mode de recrutement des membres des structures d’encadrement. Celui-ci est donc soit sous forme de contrat signé directement par le Président de la FECAFOOT après avis du Ministre de Sport et de l’Education Physique, c’est-à-dire ‘‘après consensus’’ entre les deux partis, ou sous la forme d’une mise à disposition par l’Etat. C’est-à-dire la mise à disposition à la FECAFOOT d’une équipe/staff prise parmi les employés du Ministère des Sports.
C’est dans la foulée de cette convention que le MINSEP a choisi et contractualisé un Sélectionneur Principal de l’Equipe nationale Séniors Fanion, en la Personne de M. Marc Brys (un ancien entraineur des équipes de football locales Belges), sans en avoir associé l’appréciation du Président de la FECAFOOT. En plus de cette nomination unilatérale et dans les mêmes conditions, le Ministre a nommé par la même occasion, l’Equipe d’encadrement technique de la sélection y compris son Coordonnateur en arguant à la FECAFOOT, dans les échanges de correspondances, que cette option de travail choisi par lui, lui aurait été dictée par les Hautes Instructions du Chef de l’Etat depuis son discours du 11 février 2024 à la Jeunesse camerounaise au regard des résultats moins glorieux que l’équipe nationale avait effectués lors de la dernière CAN en Côte d’Ivoire en février 2024.
De son coté, la FECAFOOT a dénoncé non seulement le choix et la nomination unilatérale du Sélectionneur Principal de l’Equipe de Football Fanion, mais également celle du Coordonnateur et le Staff technique y afférent, dont le cahier de charges n’incombe pas au MINSEP.
En effet, selon la FECAFOOT, ces nominations n’ont obéi ni au Décret de septembre 2014, ni à la Convention 2015 car, comme déjà souligné plus haut : la nomination du Pré-sélectionneur Principal l’a été en violation des textes autant au niveau du respect de l’alinéa 1 de l’article 9 de la Convention mais aussi au niveau de ceux des articles 3 et 4 du Décret qui stipulent que la gestion administrative, sportive et technique des sélections nationales de football et la nomination du Coordonnateur Général relèvent du cahier de charges de la FECAFOOT. De plus, la Convention ne saurait primer en lieu et place du Décret car dans l’ordre des textes encadrant l’administration publique, aucun texte n’est au-dessus d’un Décret présidentiel. La convention de 2015 avait été pensée pour régler principalement les questions spécifiques liées à la gestion financière pour un encadrement consensuel et efficient des sélections.
Depuis ce temps, nous assistons tant dans les médias, lieux publics, privés que sur les réseaux sociaux, des échanges énergiques et continus de courriers entre la FECAFOOT et le MINSEP qui a entrainé un bras de fer déstabilisateur du climat social et qui a provoqué l’indignation les populations camerounaises unies pour l’amour de leur pays et celui de leur sport phare d’avoir des avis partagés, tout en s’envoyant des pics dans les réseaux et presque divisées en deux grands blocs : les pro-FECAFOOT et les Pro-MINSEP.
De ce bras de fer, nous notons que la FECAFOOT voit permanemment son cahier de charges embrigadé par le MINISEP. Lequel bafoue volontairement les exigences du Décret de 2014 qui encadre le travail de la FECAFOOT avec sa tutelle le MINSEP. En notre sens, le travail de la Tutelle devrait se limiter à l’appréciation de l’exécution du cahier de charges par la FECAFOOT. Au contraire, nous observons une très forte ingérence du Ministère de tutelle qui voudrait pousser la FECAFOOT à des fautes de gestion en se substituant à elle de manière arbitraire, dans ses fonctions régaliennes.
En effet, ce bras de fer s’est poursuivi et s’est soldé par un vif échange tour à tour entre le Président de la FECAFOOT et le Conseiller technique n°2 du MINESEP (non invité) et le Sélectionneur Principal M. Marc Brys, dans les locaux de la FECAFOOT, alors que le Sélectionneur avait été convoqué une énième fois à la réunion de travail préparatoire au bon déroulement des matchs futurs. Le Président de la FECAFOOT s’était vu intimé l’ordre de ne point tenir cette rencontre conformément aux HAUTES INSTRUCTIONS du MINSEP d’une part et d’autre part, le Sélectionneur lui avait demandé avec dédain où il était depuis 2 mois que ce dernier était arrivé au Cameroun !!!... A se demander si le Président de la FECAFOOT n’a plus le droit de travailler sereinement dans son lieu de travail et pire, si un collaborateur sous son autorité avait le droit de lui manquer de respect sans être inquiété !!!?...
Toutefois, au terme de plusieurs arbitrages, réunions internes et les orientations de la FIFA pour débloquer cette situation, nous étions déjà très heureux de constater que la paix était retrouvée après les deux derniers matchs tenus en juin 2024 contre le Cap-vert et l’Angola, préparatoires aux éliminatoires de la COUPE DU MONDE au BRESIL en 2024. Le Président de la FECAFOOT en la présence de l’Inspecteur des services du MINSEP, avait donné une empoignade de paix au sélectionneur M. Marc Brys tout en s’excusant de l’incident qui avait eu lieu dans les locaux de la FECAFOOT.
C'est avec beaucoup de peine, de douleur et d’émoi que nous poursuivons en disant qu’en Afrique et particulièrement chez les bantous, un adage dit : "le linge sale se lave en famille !". Nous étions persuadés que la zone de turbulence était déjà derrière nous. Mais grande a été notre surprise non sans provoquer notre extrême désolation, de voir dans les réseaux sociaux, la sortie fracassante du fameux Sélectionneur des Lions Indomptables, Marc Brys, sous la forme d’une interview donnée et publiée le 17 août 2024 à 17h21 dans le journal belge, DH LES SPORTS. L’interview dévoile des propos injurieux contre toute une nation et principalement nos icônes de football en les personnes de M. Song Rigobert, ex-Sélectionneur des Lions Indomptables et M. Et’oo Fils Samuel, Président de la FECAFOOT dont le titre ‘‘Eto’o a réussi comme footballeur et pour le reste, il a échoué ! » encadre l’interview. Le Sélectionneur des Lions indomptables dont la signature n’a obéi à aucun texte encadrant les procédures de choix d’un sélectionneur principal dans notre équipe Fanion n’a ménagé aucun effort pour dénigrer nos icônes au point de traiter son prédécesseur de ‘‘girouette’’ !... L’on pourrait se demander si non seulement, M. Marc Brys connaissait particulièrement ces deux personnalités d’antan, quand on sait qu’il n’a jamais été leur collègue ni sur le terrain de football et encore moins l’entraineur d’un d’eux, dont lui-même détient un parcours alambiqué qui n’a jamais traversé les frontières de son pays d’origine !
Des affirmations qu’il fait dans ce journal sur ces personnalités sont passibles de poursuites judiciaire pour ‘‘diffamations’’.
De plus, M. Marc Brys, fait cet interview en bafouant la déontologie du cadre règlementaire de sa hiérarchie directe qui voudrait qu’un sélectionneur de football ne tienne des interviews qu’avec l’accord la Fédération camerounaise de football. Avait-il présenté cette autorisation à ce journal avant de faire passer cet interview ? Le Directeur de publication ainsi que le Directeur Général de ce Journal sont-ils au courant de ce manquement ? A la date d’aujourd’hui, M. Marc Brys n’a pas encore déposé, à notre connaissance, auprès de la Fédération camerounaise de Football, ses rapports d’après les deux derniers matchs comptant pour les éliminatoires de la coupe du monde au Brésil du… juin à Yaoundé et celui du… à Luanda en Angola.
Cela est-il normal qu’un sélectionneur contractualisé, soit-il de nationalité camerounaise ou étrangère se sente en liberté de défier toute une nation en salissant l’honneur de ses icônes et en affublant son peuple qui les aiment et les respectent du nom de ‘‘classe populaire’‘ ???... Dans un monde moderne et encadré par la mondialisation des flux des personnes, des cultures, des biens et services, devons-nous accepter que des caricatures de raciste et le manque de respect soient envoyés au peuple camerounais ?... Comme on dirait en langage familier : Si cela n'est pas la sorcellerie c'est quoi ?...
Cela donne raison à ceux qui conjecturent que M. Brys est en mission suicide au Cameroun et non pour poser sa part de pierre à l’édifice pour le maintien de notre équipe nationale parmi les meilleures.
Nous respectons cependant, sa reconnaissance de la volonté du chef de l'État à conserver l'unité nationale, la paix sociale et le vivre ensemble qu'il prône depuis le début de son mandat. Toutefois, triste est de constater que ceci ne semble pas être la volonté de certaines de ses collaborateurs dont les actes antipatriotiques provoquent l’indignation d’une grande majorité de la population. Ces concernés sont appuyés par d’autres personnes tapis dans l’ombre, que l'orgueil et la soif du pouvoir animent pour que ce beau et tendre pays bascule dans la déchéance !
Par contre, nous n'acceptons pas que des personnalités travaillent pour leurs intérêts privés en lieu et place de ceux du pays. Tout se passe comme si au Cameroun il n'existe qu'une seule Fédération sportive. Pourtant, nous avons une panoplie de Fédérations sportives qui sont dans un gouffre total ! Le stade Paul Biya, inachevé avec son hôtel mystique et mystérieux 5 étoiles, sous les gradins avec piscine olympique et un centre commercial, a déjà ses écailles de pangolin en dégradation. Nous pouvons citer plusieurs projets qui n'ont jamais vus le jour. Tout ceci parce que ceux qui déclarent aimer ce pays, veulent en réalité le détruire en ramenant tout à leurs petites personnes.
La somme de près de 900 millions de FCA a été dépensée pour les dernières J.O. en France. Mais aucun compte rendu n'a été donnée jusqu'à présent, ni un point de presse quand on sait que le Cameroun est revenu sans au moins une médaille d’or !
Parmi les actions ô combien honorables que le Président de Fédération camerounaise de Football, M. Eto’o Fils Samuel a mené et qui galvanisent chaque camerounais, nous pouvons citer :
- Le plaidoyer du dossier du Cameroun auprès de la CAF et qui a permis à notre pays d’organiser la CAN de Février 2021, où le Cameroun, pays organisateur a occupé la 3ème place ;
- La qualification du Cameroun à la coupe du monde 2022 ;
- La qualification du Cameroun à la dernière CAN en Côte d’Ivoire, marque notre élimination au 8ème des finale où le Cameroun a été éliminé et rentré avec 4 points (points pour lesquels, le Ministre des Sports et Education Physique a taxé de débâcle des Lions indomptables, quand on sait que son travail à faciliter le travail des différentes sélections sportives laisse à désirer et où une corruption accrue est exhibée !) ;
- …..
Le Ministre des Sports et l’Education Physique travaillerait uniquement sous les HAUTES INSTRUCTIONS. Suite de mots qui n’ont aucun sens définitionnel dans le dictionnaire français Larousse ou le Petit Robert ! Une trouvaille ou simple ruse ? Nous restons tout simplement éberlués, interrogateurs et inquiets sur l’avenir de notre sport principal qu’est le Football !
Nous avons encore à l’esprit l'exemple de Zinedine Zidane en France ou encore en Argentine !
Une personne ordinaire que le Cameroun veut donner un relooking sur son parcours professionnel ne saurait venir manquer de respect à son peuple et que cela passe en perte et profit, quand on sait que c’est le football qui rassemble encore ce peuple écorché par des difficultés économiques et sociales depuis quelques temps et qui se sont accrues après l’arrivée du COVID 19.
C’est pourquoi, fort ce qui précède, nous demandons purement et simplement la rupture du contrat de ce Sélectionneur car, convaincus que les époques de l’impérialisme et de l’esclavage sont révolues.
Nous en appelons donc à votre sens du patriotisme et du respect de la déontologie pour sanctionner avec la dernière énergie cet outrage de M. Marc Brys et rompre son contrat afin que cela devienne une mise en garde pour les futurs contrevenants et par la même occasion nous demandons au MINSEP de laisser le Président de la FECAFOOT de faire son travail comme cela est définit dans les statuts de cette fédération ainsi que conformément aux textes rappelés à l’entame de cette lettre afin qu’il achève son mandat à lui assigné par l’Assemblée générale qui l’a élu dans les règles de l’art.
Le 28 août 2024.
Le Peuple camerounais national et d’outre-mer, Fan du Président de la Fédération camerounaise de Football, Eto’o Fils Samuel.