«Je me pose des questions. Faut-il continuer avec le Cameroun ? » En s'interrogeant publiquement, lors de la conférence d'après-match Cameroun-Guinée mardi dernier en Belgique, Hugo Broos a jeté un pavé dans la mare.
Les amateurs d'intrigues en ont eu pour leur argent avec des révélations à la pelle. Dont certaines sont vieilles de près d'un an comme cette longue attente en Afrique du sud dans l'avion, ou l'absence des équipements durant les premiers jours de stage à Nantes. Mais aussi, les dépenses engagées par certains membres du staff pour le fonctionnement de l'équipe et qui n'ont jamais été remboursées. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, selon les termes du Belge ? Les Lions se sont vus refuser l'accès au restaurant pour le déjeuner le jour du match contre le Syli national, pour factures non payées à l'hôtel. Toutes choses qui font désormais douter le sélectionneur du Cameroun. « Je n'aime pas travailler dans des conditions non professionnelles et de manque de respect. Dans tous les sens, on te met des bâtons dans les roues », a lancé Hugo Broos.
Mais difficile de ne pas s'interroger sur le timing de cette sortie certainement loin d'être innocente. D'autant que Broos est depuis plusieurs semaines annoncé à la tête de plusieurs sélections dont celles de l'Afrique du sud et du Ghana. Il faut dire que le titre avec le Cameroun a braqué la lumière sur lui et il est normal que le Belge songe à d'autres pâturages où les conditions de travail et même salariales sont meilleures. S'il y a une raison pour laquelle Hugo Broos pourrait continuer, c'est la perspective de disputer dans quelques semaines la coupe des Confédérations en Russie. Peu d'entraîneurs peuvent se vanter d'avoir participé à la prestigieuse compétition, sorte de répétition générale de la coupe du monde. Il est difficile, pour un sélectionneur, de se refuser un challenge aussi important. En tout cas, ce serait une belle conclusion pour le Belge. Il ne faut pas non plus oublier que le sélectionneur, arrivé en février 2016, avait signé, selon certaines sources, pour deux ans avec le Cameroun.
Thierry Metomo: « Le chantier est grand »
Que retenir des prestations des champions d'Afrique à l'issue de ces deux sorties en amical? Le match contre la Tunisie a permis de constater que le sélectionneur a évolué dans sa stratégie et son plan de jeu. Il était à la recherche d'une animation offensive réelle reposant sur un milieu de terrain généreux certes dans l'effort défensif, mais surtout porté vers le jeu en attaque placée. Zambo Anguissa, qui est un bon relayeur, s'est retrouvé dans le cœur du jeu pour trouver des solutions. Malheureusement, Bassogog, comme au deuxième match, n'était pas au niveau de ses performances de la CAN. Nous avons eu une équipe très moyenne face à la Tunisie, avec une défense centrale très hésitante. Contre la Guinée, le sélectionneur est resté fidèle à sa réputation en changeant complètement son onze entrant. Nous avons eu une équipe expérimentale très en-dessous de la moyenne.
La bourde de Jules Goda démontre clairement son manque de compétition et d'efficacité, une défense craintive avec un milieu de terrain qui ne prenait pas assez d'initiatives. Les attaquants n'étaient pas assez alimentés et n'ont pas été efficaces dans le jeu. Jacques Zoua a voulu prendre des initiatives sur le terrain et malgré l'entrée de Benjamin Moukandjo, l'on a ressenti un manque d'inspiration des joueurs sur le terrain. Le pari du turnover n'a pas réussi. Dans quel état de forme sont ces Lions-là? Une santé moyenne.
Il ne faut pas penser que la victoire au Gabon a réussi à gommer tous les manquements. Le chantier est grand, surtout pour maintenir la flamme. Le style de jeu tarde à convaincre et la sélection des hommes pose problème. Il y a des acquis, mais il faut éviter de retomber sous assistance car les échéances sont proches. Améliorons la qualité de jeu.