Entraîneur et ancien Lion Indomptable, cet ancien défenseur a relevé au cours d’une interview accordée à la Crtv Radio, certaines failles qui ont contribué à la mauvaise prestation des Lions Indomptables A’ au Championnat d’Afrique des Nations (Chan) 2018, qui se déroule au Maroc. Morceaux choisis…
Quelle est l’appréciation que vous faites du championnat camerounais ?
Je pense qu’il faut diminuer le nombre de club en Elite One. Mais personne n’a le courage de le dire. Il y a trop de joueurs à ce niveau qui n’ont pas la compétence requise. Plusieurs aujourd’hui sautent les fondamentaux du centre de formation pour se retrouver directement en championnat, peut-être ils font quelques exploits pour être pris, mais il leurs manque les fondamentaux. Tout progrès doit partir du football à la base. Qu’on mette d’abord de l’ordre dans le football de base pour être sûr que chacun passera par ce tamis-là. On va voir que le football va progresser tranquillement, du bas en haut. C’est le football amateur qui produit les éléments pour le football professionnel, et ce football amateur dépend des jeunes qui sont plus bas. Si on saute ces paliers-là, sans leurs donner la bonne formation ou l’encadrement requis, plus haut on sera confronté à ces manquements.
La dernière fois qu’une équipe camerounaise a remporté une Coupe d’Afrique des clubs remonte en 1981 et c’était Union de Douala. Est-ce que ce n’est pas un indicateur qui montre que notre championnat n’est pas compétitif ?
C’est l’une des causes. Mais c’est aussi à cause des fuites de talents. Il n’y a aucun bon joueur qui restera au Cameroun. Ils s’en vont tous parce qu’ils vont chercher l’argent ailleurs. Il n’y a aucun bon joueur qui restera au Cameroun. Ils s’en vont tous. Au Cameroun, en professionnel on paie les joueurs à 100 mille F Cfa le mois, c’est la somme annoncée officiellement, mais dans un championnat professionnel il faut arriver à 500 mille F Cfa. Il y a un effort qui est fait par l’Etat pour financer le championnat professionnel et par les sponsors. Mais il faut que cet argent aille directement aux joueurs d’un certain niveau. C’est pour cette raison qu’il faut absolument réduire le nombre de club en première division pour qu’il y ait de bons joueurs et pour qu’ils restent au Cameroun et ne sortent que vraiment pour de bons contrats.
Il y a une solution académique avec la création de l’Anafoot, n’est-ce pas là l’amorce d’une solution pérenne ?
C’est une très bonne idée. Et avant cela, il y a eu d’autres structures comme la KSA et l’Efbc, qui ont mis des structures en place pour la formation des jeunes. L’Anafoot ne remplira jamais tout le rôle du football Camerounais. Elle est naissante et prendra du temps pour se mettre en place.
Où sont passées la KSA et l’EFBC qui étaient des machines à fabriquer des perles ?
Ces structures sont là. On va fabriquer des joueurs sans qu’ils aient un championnat où ils vont s’épanouir, c’est compliqué. La Fifa nous a instruit depuis quelques années, de passer par des Ligues spécialisées. Il faut qu’on mette sur pied une Ligue spécialisée du football jeune. Nous avons le droit maintenant à travers les textes, et donnons-nous l’encadrement qu’il faut et les Ligue vont fonctionner tandis que d’autres vont grandir. La Can nous a trompés. On est tout content de soulever un trophée, mais comment ? Elle nous a caché beaucoup de chose. Aujourd’hui on revient sur terre.
La débâcle de Marrakech peut être considérée comme un mal pour bien préparer la Can 2019 ?
La Can n’est pas loin. Ce qu’il reste à faire, c’est de mettre du sérieux dans nos championnats d’élite. On perd du temps, il ne se joue pas. Il faut jouer. Le nombre d’équipe en élite one est élevé, il y a des joueurs qui n’ont pas de niveau pour jouer à ce stade. On dira que les renforts viendront de l’extérieur, mais sur le terroir on doit voir les éléments susceptibles de jouer cette CAN.