Le prince de Garoua voulait rester la figure emblématique de la CAF ; le roi de cette institution à qui il a donné au moins trente années de sa vie. C’était son joyau, son petit royaume et il en était fier.
Il a le mérite d’avoir érigé le football africain au rang mondial, un avis partagé par tous. « Beaucoup de choses ont été faites. Le nombre de places pour l’Afrique en phase de finale de la Coupe du Monde, le format de la CAN et des compétitions de club, la création du CHAN notamment. La CAF est en bonne santé financière, parce qu’il a su attirer des sponsors importants. En presque trente ans de présence, il a fait progresser le foot africain de manière évidente. Tout le monde, même ses détracteurs, peuvent s’en rendre compte,» se confiait Claude Le Roy aux confrères de RFI.
Aux manettes, Issa Hayatou pouvait faire et défaire qui il veut. Le septuagénaire avait la majorité des présidents de fédérations africaines à ses pieds. Il était sûr d’être reconduit… Mais les choses ont mal tourné ce jeudi.
Il a été poussé à la sortie par 34 fédérations en faveur de son rival Ahmed Ahmed qui a bénéficié d’un soutien de taille, Gianni Infantino, le président de la FIFA.
Même si ce dernier nie toute son implication dans cette élection. Un échec, mieux une trahison que le prince de Garoua a dû mal à digérer. Dans son discours d’ouverture, lors de la 39e assemblée générale de la Caf, quelques heures avant le vote, il ironisait sur l’échec qu’attendait son rival : « À tous les candidats qui, aujourd’hui, prendront part aux diverses élections prévues, je vous souhaite bonne chance… Et surtout beaucoup de fairplay, pour ceux dont l’issue n’aura pas été favorable. Les vaincus d’aujourd’hui peuvent être les vainqueurs de demain. La force de la Confédération africaine de Football réside dans son unité et sa cohésion et elle doit le demeurer ». Il ignorait que cette phrase lui ait également destiné.
Il lui revient maintenant d’être fairplay. Ce qu’il n’a pas manqué de démontrer à Ahmed Ahmed : « Sachez, Monsieur le nouveau Président, que je suis à votre disposition, si jamais vous avez besoin de mon expérience. On ne peut pas avoir bâti l’organisation de la CAF pendant 29 ans et nous tourner le dos, c’est impossible », disait-il avec regret.
Même si ses détracteurs ont réussi à le détrôner, le dinosaure n’envisage pas de sitôt sa retraite. Cette suprématie qu’il exerçait, Issa Hayatou n’est pas près de l’abandonner. Ouvertement, il sollicite un minimum de reconnaissance pour toutes ses années de dévouement au football africain. Dans les jours à venir, nous saurons si cette sa doléance sera prise en compte par le numéro 1 de la CAF, Ahmed Ahmed. Nous y reviendrons !