Infos Sports of Wednesday, 8 March 2017

Source: camer.be

J'ai dormi avec elle - Benjamin Moukandjo

Je n'ai pas pu dormir de la nuit. J'ai gardé la coupe avec moi toute la nuit - Benjamin Moukandjo Je n'ai pas pu dormir de la nuit. J'ai gardé la coupe avec moi toute la nuit - Benjamin Moukandjo

Le 5 février dernier, vous avez remporté la Coupe d'Afrique des nations en battant en finale l'Égypte (2-0). Que s'est-il passé après le match au Gabon jusqu'à votre retour à Yaoundé ?


Avant d'arriver à Yaoundé après le match, je n'ai pas pu dormir de la nuit. J'ai gardé la coupe avec moi toute la nuit, j'ai dormi avec elle ! Le plus énorme, c'est que je ne me rendais pas compte, j'avais l'impression d'être dans un rêve et qu'il ne fallait surtout pas que je me réveille. Avec Nicolas Nkoulou, qui partageait ma chambre, on se regardait et on se répétait : « Enfin, on l'a fait ! Personne ne l'attendait, mais on l'a fait. »


Avec Nkoulou, dans votre histoire commune, c'était un grand rêve de gamins de gagner un jour la CAN ensemble…



Oui, c'était un rêve de gamins. D'autant plus qu'il faut rappeler que l'on part de tellement loin… Personne n'aurait misé un centime sur nous. Si quelqu'un l'avait fait, cette personne serait sans doute millionnaire aujourd'hui (rires) ! Quand nous sommes arrivés au Gabon, on s'est dit : « Si on pouvait arriver en quart de finale, ce serait déjà beau. » Au fur et à mesure que l'on avançait dans la compétition, on s'est dit que ce rêve-là pouvait devenir réalité. Alors, quand on sort le Sénégal en quart, on se regarde avec les gars dans le vestiaire et on se dit : « Nous voilà en demi. Maintenant, ce qui nous arrive n'est que du bonus. Peu importe ce qui arrive en demi-finale, les gars, on pourra se regarder dans le miroir et se dire que nous avons fait un beau parcours. » Et là, on gagne en demi-finale face au Ghana (2-0)… C'est la finale, et quand tu es en finale, tu as envie de prendre le trophée, de le toucher…


Quand vous arrivez à Yaoundé avec la Coupe il y a un mois, c'est de la folie, non ? Racontez-nous…



C'est juste énorme. Énorme (il se répète, les yeux qui brillent). Pour vous dire ! De l'aéroport à notre hôtel, d'habitude, on met trente minutes pour y arriver. Là, on a mis quatre heures ! Il y a des gens qui sont partis de l'aéroport pour nous accompagner jusqu'à l'hôtel ! Vivre des scènes comme ça, pour moi, c'était incroyable. Je n'avais jamais vu ça, même petit en tant que supporteur des Lions. (Il marque une pause.) Si, peut-être à la télé ? Alors là, en être acteur, voir cette foule nous acclamer, vouloir nous toucher, c'est quelque chose qui n'a pas de prix. Tout passe après… Cette communion avec nos supporteurs a été un moment extraordinaire. Pour les gens, on était des héros. Voir tout le pays dans la joie, l'allégresse, tous unis, cela faisait quinze ans que l'on n'avait pas vécu ça… Quinze ans, cela fait beaucoup. Quinze ans qu'ils attendaient ça et c'est notre équipe, avec ses valeurs de combativité, cette force mentale incroyable, qui leur a procuré ça. Ça leur a plu. Je pense que, même si on n'était pas allés au bout, on aurait été accueillis de belle façon. Ce sont des images qui resteront gravées à vie dans nos mémoires. C'est ce que je souhaite de vivre à la nouvelle génération qui arrivera après nous, vraiment.


Viennent alors le mercredi 8 février et la réception au palais présidentiel. Est-ce difficile de préparer le discours du capitaine ?



(Il rigole.) Ah… ça met de la pression, le discours devant le président de la République ! Je n'avais jamais trop eu l'occasion de faire de discours. Avant, j'avais pu échanger au téléphone avec lui, ou le ministre des Sports, ou le président de la fédération, qui souhaitaient s'informer de l'état physique et mental des troupes pendant le tournoi. Là, au palais, c'était différent, quelque chose de beau, d'énorme. D'autant plus qu'il était super content de nous recevoir chez lui. On lui a présenté le trophée, il était fier, heureux et reconnaissant de notre parcours, de notre sacre. Il nous a beaucoup remerciés d'avoir apporté de la joie au peuple. Durant la compétition, il n'a cessé de nous envoyer ses encouragements. Jusqu'à la finale, à laquelle il n'a malheureusement pas pu assister. Mais on sait qu'il a toujours une oreille très attentive aux résultats des Lions.


En tant que capitaine de cette génération sacrée, quel est le message que vous souhaitez faire passer aux supporteurs, sachant que, dans deux ans, c'est le Cameroun qui accueille la CAN 2019 ?



On espère qu'ils seront derrière nous pour nous supporter. Que si nous fléchissons, ils nous soutiendront, si nous tombons, ils nous relèveront, car nous sommes leurs enfants, des patriotes. Quand on voit combien ils ont été présents au Gabon, chez nous la question ne se posera pas, j'imagine.