La question taraude les esprits au moment où le Cameroun s’apprête à organiser la 10ème édition de la coupe d’Afrique de football féminin. Selon plusieurs experts, le football féminin est né en Afrique dans des conditions très difficiles.
Avant 1989, l’épouse du feu président du Nigeria, Sani Abatcha, avait pris l’habitude de réunir des sélections féminines de football du continent autour d’un trophée qui portait son nom.
D’ailleurs, la première coupe d’Afrique organisée en 1988 par le Nigeria portait son nom. Madame Sani Abatcha, d’après des spécialistes, avait dû faire face à certains préjugés pour faire progresser le football féminin africain.
La civilisation judéo chrétienne et musulmane confirment la femme dans un rôle de ménagère et dernière. D’autres estiment même que, le football a des effets néfastes sur le cycle menstruel et la grossesse.
Certains médecins affirment que les sauts, les tacles, les blocages et changements de rythme font courir des risques aux organes génitaux de la femme. Pour d’autres, les seins, les tresses, les coiffures les fesses constituent des obstacles à la pratique du football parce qu’elles ne favorisent pas la réalisation des gestes techniques comme l’amorti de poitrine, du bas ventre et le jeu de tête.
Mais, malgré tous les courants machistes, le football féminin africain va prendre son envol. En matière de participation africaine en coupe du monde de football féminin chez les moins de 20 ans comme chez les seniors, le Nigeria, le Ghana et le Cameroun ont fière allure. Une trentaine de pays africains, selon les statistiques de la CAF, ont une sélection féminine avec un championnat compétitif.
Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil attentif sur la liste des sélections ayant pris part aux tours préliminaires qualificatifs pour la Can féminine Yaoundé 2016. Le Botswana, l’Ile Maurice, l’Éthiopie, la Tanzanie, la Lybie en font partie. Aujourd’hui, plusieurs joueurs évoluent en Europe et aux USA. Il y a des femmes arbitres de football au niveau international.
Les Nigérianes Florence Omogbeni et Perpetua Nkowcha, les Ghanéennes Alberta Sackey et Viviane Mensah, les Camerounaises Aboudi Onguene et Christine Mani, l’Équato-guinéenne Genevova Ayongmane sont reconnues et respectées dans le monde entier à cause du football. Mais, malgré toutes ces avancées notables, plusieurs spécialistes du marketing sportif estiment que la Can féminine de football reste une compétition au rabais.
Déjà en Namibie en 2014, il s’est posé le problème de la fréquentation des stades par le public. Les stades étaient vides même lorsque le pays organisateur était programmé. Pas d’engouement populaire, pas de sponsor pour faire entrer de l’argent. Selon nos informations, cela est de la responsabilité de la CAF.
Car, il n’y a pas de compétition africaine des clubs de football féminin. C’est vrai que les sélections féminines en Afrique ont progressé sur le plan tactique mais, il y a encore beaucoup à faire. Par exemple, augmenter le nombre de participants à la Can de 8 à 12 sélections. Mettre des experts à contribution pour repenser les championnats féminins des associations membres de la CAF.
Impliquer les annonceurs pour attirer le public dans les stades lors des compétitions de football féminin. Encourager la formation des filles en minimes, cadets et juniors. Il faudrait également que les autorités politiques s’impliquent davantage dans la gestion des fonds alloués au football féminin.
NB: Dans nos prochaines éditions, le football féminin camerounais à quelques mois de l’organisation de la Can 2016.