Infos Sports of Friday, 18 August 2017

Source: africatopsports.com

LDC 2017: les tristes records de Coton Sport de Garoua

Coton Sport a été 14 fois champion du Cameroun en 18 ans Coton Sport a été 14 fois champion du Cameroun en 18 ans

Le club qui fut sacré 14 fois champion du Cameroun en 18 ans est à la peine. Coton sport l’équipe de la région du Nord, au Cameroun connaît une baisse de régime significative. Cela s’est vu lors la phase de poules de l’actuelle édition de la Ligue des champions d’Afrique dont l’ancien vice-champion d’Afrique est sortie sans le moindre point. Cette performance résulte en grande partie des changements survenus dans la vie de cette formation. La réduction de ses moyens de fonctionnement depuis 2015 l’oblige à revoir à la baisse ses ambitions.

Catastrophique. Ainsi pourrait-on qualifier la performance de Coton sport de Garoua à la phase de poules de la Ligue des champions d’Afrique 2017. Le club camerounais a bouclé ce tour avec 0 point. La formation de la capitale de la région du Nord a perdu tous les 6 matches qu’il a disputés et est bonne dernière du classement final. Ce qui ne lui était jamais arrivé. Les hommes du coach Brice Minkreo Birwé n’ont marqué que deux fois. Ils ont présenté la plus mauvaise défense du tournoi. Coton sport enregistre une différence de buts de -10. Il se classe derrière l’avant-dernier dans ce registre, Caps United (-6). L’image d’une équipe immature, battue à tous les matches et comme une formation de néophytes, n’a de cesse de hanter ses supporteurs toujours désagréablement surpris par la performance des leurs.

Coton Sport s’était pourtant donné les moyens de faire au moins bonne figure. Le club du septentrion camerounais avait recruté avant l’entame de la phase de groupes de la Ligue des champions deux joueurs. Kouoh Dicka du club camerounais de première division Stade Renard de Melong et Yann Junior Abanda qui arrivait de la formation angolaise Interclube Desportivo de Luanda.

Un renfort appréciable dans un effectif qui n’avait pas l’effectif idéal pour la Ligue des champions d’Afrique. Minkreo Birwé a expliqué cette déconvenue par plusieurs raisons dont la moindre n’est pas la qualité de ses poulains. « Nous tirons beaucoup de leçons de notre participation à la ligue des champions de la CAF. La première c’est que c’est un autre niveau. Et on ne va pas en Champion’s League quand on n’a pas une équipe assez équilibrée comme la nôtre. Sur le plan technique aussi, il y a une très grosse différence.

C’est pour moi l’occasion de dire à tous nos dirigeants de mette beaucoup plus l’accent au niveau de la formation. Il faut qu’on ait une très bonne assise technique parce la différence s’est faite beaucoup à ce niveau. Là où nous ratons des contrôles, des passes ou des tirs, les autres eux, ils ne ratent pas. Nous tirons beaucoup de leçons et nous pensons que si l’occasion nous est donnée de repartir à cette compétition, on fera mieux que ce que nous avons fait cette fois », expliquait l’ex sélectionneur des moins de 17 ans féminine le 13 juillet 2017 au site Internet camfoot.com avant d’être interdit de parole par ses employeurs.

Une équipe démobilisée

Arrivé vers la fin de l’intersaison Minkreo Birwe a hérité d’un effectif déjà constitué par…le président du Conseil d’administration Gabriel Mabairobé. Les joueurs Alingar Abdoulaye, Allafi Essai Mayakon, Mbarga Manga Cédric, Kaou Fabril sont parmi ceux qu’a trouvés et laissés l’entraîneur Souleymanou Aboubakar avant de céder sa place sur le banc à Birwé. Tous ne peuvent pas faire le poids. « Le statut des joueurs de Coton sport n’est plus celui qu’on a connu par le passé. Ce ne sont plus des joueurs d’une dimension extrême. Ça fait que ce sont des joueurs complètement moyens », analyse le consultant télé Yves Tchamadeu. Le départ de certains leaders a davantage ruiné les chances de Coton sport.

Abouna Ndzana, Ambassa, Bassama et Bokwé qui figuraient sur la liste des 30 joueurs envoyée à la Confédération africaine (CAF) pour la Ligue des champions s’en vont voir ailleurs avant le début de la compétition. Il est alors trop tard pour les remplacer. Yves Tchamadeu plaint l’entraîneur Minkreo Birwé qui prend la tête de l’encadrement technique des « cotonniers » dans un contexte difficile et un peu tendu. « Sur le plan administratif Coton Sport avait un déséquilibre la saison passée avec notamment l’actuel président qui n’est plus aimé par les supporteurs qui veulent le débarquer.

Cela a eu un impact au plan technique. Le choix de l’entraîneur n’a pas été facile. Celui qui a été recruté est arrivé à une semaine du début du championnat. Celui qui arrive est un novice de la compétition africaine. A partir de ce moment il est obligé d’étudier son effectif en produisant dans le même temps des résultats. Ce qui n’était pas chose facile. Car il faut dire que même en championnat ça n’a pas été facile pour Coton sport en début de saison », constate l’expert.

Qui explique par ailleurs que parvenu en Coupe d’Afrique, le club du Nord-Cameroun ne ressent pas de motivation particulière. « Coton sport avait atteint son objectif qui était d’accéder en phase de poules pour obtenir les 300 millions de Francs CFA que la CAF remet à chaque club qui parvient à cette étape », assure-t-il. Cette somme représente une véritable manne pour un club qui n’a plus autant de moyens financiers qu’il en avait il y a encore 4 ans.

Le temps des vaches maigres

Les caisses de Coton sport de Garoua subissent une cure d’amaigrissement peu après l’arrestation de son principal mécène l’ancien président de la Fédération camerounaise de football Iya Mohammed Iya en juin 2013. Il est incarcéré éarrêté pour sa gestion de la Société de développement du Coton (Sodecoton) d’où provenaient les impressionnantes ressources financières de Coton sport.

Dès 2015, le président du conseil d’administration Gabriel Mbaïrobé annonce la mort dans l’âme d’importants changements. Il ne sera plus le club corporatiste qu’entretenait la Sodecoton. Il aura une organisation administrative et financière autonome. Le club ne recevra plus que les tiers des 500 millions de Francs CFA qui lui étaient octroyés chaque année par son ex sponsor. Coton sport va dès lors compter sur les perdiems de la CAF, les bénéfices des transferts de ses joueurs, la subvention de la municipalité de la ville de Garoua, la vente des cartes de supporters (dont les prix vont de 1000 à 100 000 Francs CFA) et l’appui des potentiels partenaires pour remplir ses caisses.

Le passage du statut de « club riche » à celui de « club ordinaire » se voit aussitôt. Coton sport ne prend plus souvent l’avion. Comme les autres l’équipe s’habitue à emprunter le train qui rallie au terme de longs voyages le nord à la partie au sud du Cameroun. Les recrutements des footballeurs réputés à l’étranger se font rares. Pour la première fois depuis longtemps, il n’y a pas un entraîneur ou manager général expatrié sur son banc. La direction des « cotonniers » a jeté son dévolu sur des techniciens locaux après le départ du Français Lionel Soccoia.

Ainsi évolue une formation qui pendant près de 20 ans a trusté les titres au Cameroun et s’est illustré de fort belle manière dans les compétitions africaines. Coton sport de Garoua compte 14 titres de champion du Cameroun remportés sur la période 1997-2015. Soit quasiment un titre chaque année. Il a été vice-champion à 5 reprises. En Coupe du Cameroun, il s’est imposé à 6 reprises et perdu la finale 1 fois. En Coupe d’Afrique des clubs, Coton sport a eu à procurer des sensations fortes au public camerounais.

Ce fut le cas lorsque le club se hissa pour la première fois de son histoire en finale de ce qui s’appelait alors la Coupe de la CAF. En novembre 2003, le club camerounais tombe devant le Raja de Casablanca du Maroc (2 buts à Casablanca et 0-0) à Garoua). Coton sport ne sera pas plus heureux cinq ans plus tard. Il perd la finale de la Ligue des champions d’Afrique, qu’il dispute contre l’ogre égyptien National Al –Ahly (0-2 au Caire et 2-2 à Garoua).

Là c’était la belle époque, différente d’aujourd’hui où Coton sport cherche à retrouver sa place au soleil. Comme les hommes de Minkréo Birwé veulent absolument humer le parfum de la Coupe d’Afrique, ils mettent les bouchées doubles en cette fin de saison. Si le championnat du Cameroun venait à s’arrêter maintenant, Coton sport de Garoua qui est 2ème à 7 journées du terme serait qualifié pour la prochaine édition de la Champions League. S’il y arrive il devra se donner les moyens de ne pas simplement figurer.