La CAN Total Energies 2021 sera belle, certainement très belle même, au regard de la qualité des infrastructures sportives qui ont été offertes par le chef de l’Etat camerounais. D’ailleurs les anciennes gloires du football africain, des analyses et chroniqueurs sportifs qui accompagnaient le ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans une tournée d’inspection de ces infrastructures sportives ont pu s’en rendre compte.
Dans une vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux, ces stars ont laissé entendre que cette "Can" sera sucrée. Oui elle le sera certainement dans l'aire de jeu, elle le sera dans les gradins. Les spectateurs à l'unisson vont célébrer leurs champions. Et c'est tout à leur honneur ! Elle sera également belle et sucrée pour ceux qui auront choisi de la vivre derrière leur petit écran. Parce qu'ils auront au moins le mérite d'avoir à éviter le stress des embouteillages à l'entrée comme à la sortie des stades.
Mais ceci n'est rien à comparer au calvaire que les populations des grandes métropoles auront à subir pendant cette période consacrée à la grand-messe du football africain. C'est vrai que la Can ne se jouera pas hors des terrains de football. Mais pour s'y rendre, les passionnés du ballon rond devront passer par la route. Or, le réseau routier camerounais et en particulier celui de la métropole économique que je connais bien, ressemble à celui d'une ville d'après-guerre.
L'essentiel des routes qui mènent aux différents stades choisis pour abriter la poule de Douala sont dans un piteux état. Des nids de poule ont fini par devenir des cratères. Au point où s'y aventurer nécessite beaucoup de courage et de témérité. Faisons un tour du côté du stade Onmisports de Bépanda, rénové pour la circonstance jusqu'au terrain d'entrainements. Ces infrastructures sportives sont belles et personne ne dira le contraire. Elles ont coûté chères et très chères même aux contribuables camerounais qui ont plié le doigt dans l'espoir au lendemain de la grand-messe sportive, toutes les vérités seront dites sur les montants exacts qui ont été dépensés pour la construction de ces joyaux architecturaux. Mais comme à Japoma, tout n'a pas été fait. C'est vrai qu'on me dira que la perfection n'est pas de ce monde. Si on a réussi à dégager une petite voie de contournement allant vers l'entrée Bépanda L'An 2020, tel n'a pas été le cas pour Bépanda Omnisport.
Pourtant, les fidèles de l'église catholique située à quelques encablures de ces stades avaient souri à l'annonce de la réhabilitation du stade de Bépanda et de son annexe. Malheureusement pour eux aujourd'hui. Car, ils ne bénéficieront pas des fruits de cette croissance. Encore moins les usagers qui empruntent cette bretelle pour éviter d'affronter les embouitellages du carrefour feu rouge, comme on l'appelle de ce côté. Ils se sont résignés à force de faire des va-et-vient chez les mécaniciens. Les automobilistes se plaignent au quotidien, mais la situation n'a pas changé d'un iota. C'est comme-ci leurs plaintes entraient dans les oreilles de sourds. Rien ne semble bouger les lignes malheureusement. Plus on se plaint, plus les choses s'enveniment davantage. Ce qui rend la situation intenable. Et pendant les heures de pointe où l'affluence est à son comble, parce que tous les usagers de la route veulent regagner leurs domiciles après une journée de travail tout aussi difficile et parfois stressante, la métropole économique bouit. On étouffe ! Faites un tour au mythique carrefour Ndokoti ou tout juste un peu plus bas, au tunnel.
Entre les moto taximen qui discutent le trottoir avec les piétons pour se frayer un passage et les vendeurs à la sauvette qui encombrent ces espaces pour écouler quelques produits de consommation courante, difficile de circuler. Pourtant, c'est l'un des passages qui conduira au stade de Japoma. Malheureusement, le ministre d'Etat, secrétaire général de la République qui se voulait être les yeux et les oreilles du chef de l'Etat le temps de ce périple qui l'a amené à Douala n'a pas eu le privilège de vivre ce spectacle lugubre. Et quand bien même il serait passé par là, il n'aurait rien vu. Parce que toujours comme en pareille circonstance, toutes les routes étaient bloquées à leurs passages pendant de longues minutes, créant d'interminables bouchons à leur départ. Je l'ai principalement venu à l'hôpital général de Douala. Pendant plus d'une vingtaine de minutes avant leur arrivée dans cette infrastructure hospitalière de référence, le temps a semblé suspendre son vol. Mêmes les conducteurs de motos qui ont la réputation de frondeurs ont dû se ranger. Et il a fallu plus de 4 heures après leur départ pour que la situation se normalise. Pour toutes ces personnes qui rongeaient le frein dans d'interminables embrouillages cette Can sera-t-elle sucrée ? Je ne pense pas. Elles auront bien voulu être loin, mais alors très loin pour ne pas avoir à subir tout cela. Mais comme dirait quelqu'un: "c'est la vie".
Après avoir vécu pareil spectacle on ne peut qu'à avoir peur à l'approche de la Can. Parce que comme lors du dernier Chan au Cameroun, les autorités de la métropole économique avaient claquemuré les populations à certains points de la ville pour permettre aux différentes équipes, ainsi que leurs supporters de rallier le stade de Japoma sans problème. Obligeant parfois les autres automobilistes à attendre sur place ou de faire des arbitrages tout aussi difficiles : rentrer chez eux tard ou très tôt. Mais comment rentrer tôt si les horaires du travail ne le permettent pas toujours ? Un véritable cul de sac ! Oui la Can Total Energies 2021 sera probablement sucrée, mais derrière nos petits écrans.