Le président de l’Association camerounaise des entraîneurs et éducateurs de football revient sur les échanges qu’il a eus avec le Comité de normalisation de la Fecafoot.
Qu’est-ce qui ressort de votre entretien avec le Comité de normalisation qui vous a reçu dans le cadre des auditions pour l’amélioration du football camerounais?
J’ai été invité à cette audition en tant que président de l’Association des entraineurs et éducateurs de football (Aceef). Je me suis d’abord appesanti sur la situation de notre corps de métier. En effet, notre corps est délaissé. Bon nombre d’entraîneurs se plaignent de maltraitance, du non-respect de leurs contrats de travail et de beaucoup d’autres choses qui font que ce corps de métier doit être pris au sérieux.
Nous nous sommes basés sur les statuts des entraîneurs et éducateurs au Cameroun qui datent de 2011 et signés par le président de la Fecafoot de l’époque, Iya Mohammed, et qui, jusqu’aujourd’hui, n’ont jamais été modifiés. Nous avons demandé que certaines modifications soient faites pour adapter ce document aux réalités d’aujourd’hui du fait du professionnalisme.
Il faudrait qu’on puisse, par exemple, fixer un salaire minimum pour les entraîneurs comme on l’a fait pour les joueurs. Parce que l’entraîneur est l’architecte, c’est celui qui fabrique tout. Je pense que c’est un oubli qu’on peut rattraper, puisque nous sommes en phase de reconstruction. Il ne faut pas avoir peur de toucher là où ça fait mal et de faire en sorte que ça change demain. J’ai donc attiré l’attention du Comité de normalisation sur ce cas, d’autant plus que le rôle de la fédération c’est de promouvoir la solidarité entre les différents membres de la Fecafoot.
Concrètement, que peut faire la Fecafoot pour améliorer les conditions de travail des entraîneurs et éducateurs de football?
L’Aceef fait partie des onze membres statutaires de la fédération. C’est donc à l’organe mère, la fédération, de garantir la stabilité des droits de chaque membre.
L’Aceef, si elle avait les moyens, aiderait dans beaucoup de choses, notamment veiller à ce que les formations données aux entraîneurs soient de qualité, que ne se retrouvent sur les bancs de touche que des entraîneurs qualifiés. Nous deviendrons à peu près le gendarme de la Direction technique nationale. On ne peut pas autoriser qu’aujourd’hui, au Cameroun, un club utilise treize entraîneurs en Ligue 1 lors d’une même saison. Le fonctionnement doit être régulé, même au niveau des clubs et si ça ne va pas, on installe un Comité de normalisation là-bas.
Aujourd’hui, on a l’impression que chacun évolue seul, sans respecter la hiérarchie qui est la Fecafoot. Après concertation avec les clubs, nous avons proposé que les clubs puissent utiliser au plus trois entraîneurs par saison. Qu’on ne puisse pas embaucher un entraîneur avant d’avoir fini de régler le compte de celui qu’on a changé.
Pour cela, on a pensé à deux types de licences: une licence technique qui est celle appliquée aujourd’hui mais à la différence qu’après quatre ans, vous devrez faire un recyclage pour qu’on réactualise votre licence et ça vous donne le droit d’entraîner. Une licence club, qui vous donne l’autorisation d’exercer dans un club. Quand vous êtes limogés ou vous arrêtez d’exercer, cette licence n’est plus valable. Il faut que vous ayez un nouveau club pour l’avoir à nouveau au cours de la même saison.
Cette licence club est-elle une sorte de contrat?
Le contrat lie l’entraîneur au club. Lorsque l’entraîneur signe son contrat, on lui délivre une licence club, ce qui lui permet d’exercer dans le club. S’il arrête d’exercer, cette licence n’est plus valable pour aller exercer dans un club. Cela permet d’épurer les dettes de l’entraîneur sortant.
On ne peut pas utiliser des entraîneurs à tort et à travers sans que cela ne gêne personne. Mais, les entraîneurs n’ont pas de force, à part aller devant la commission d’éthique de la Fecafoot. Quand bien même vous gagnez un procès, pour rentrer dans vos droits, c’est un parcours du combattant. Pour que le football marche, tous ces compartiments doivent être verrouillés. Il faut que chaque corps de métier ait ses statuts et une autonomie de fonctionnement.