Invité des « Matinées de la Crtv » sur le Poste national ce mercredi, l’ancien international camerounais revient sur les récentes performances des Lions Indomptables face au Nigéria, et se projette vers la CAN camerounaise de 2019. Et c’est maintenant qu’il faut commencer à se préparer. Parce que, « construire des stades est plus facile que construire une équipe », assure-t-il.
Quelle analyse faites-vous de la récente débâcle des Lions Indomptables, lors des éliminatoires de la Coupe du monde, Russie 2018 ?
Je pense que, s’ils ne jouaient que pour eux-mêmes, les Lions Indomptables peuvent se consoler puisqu’ils connaissent déjà la Russie. Malheureusement, ils jouaient aussi pour d’autres qui n’iront jamais en Russie et là il y a forcément, non pas des regrets parce que parler de regret voudrait dire qu’ils auraient pu gagner, mais il faut dire que les Lions Indomptables n’étaient pas au niveau et que le résultat est tout simplement indiscutable.
Vous parlez de problème de niveau parce qu’après avoir encaissé 4 buts au Nigéria le Cameroun a encore été mené à Yaoundé ?
C’est plutôt une confirmation de l’analyse qu’on aurait pu faire du premier match. Le grand problème de l’équipe des Lions c’est qu’après avoir pris 4 buts vendredi et rencontrer la même équipe trois jours plus tard, c’est comme demander à un boxeur qui a subi un K.O. de revenir sur le ring quelques jours plus tard contre le même adversaire. Il n’a pas récupéré, il a une peur bleue. Pour espérer renverser la situation, il aurait fallu que l’entraîneur soit un tout petit peu magicien et qu’il trouve les mots pour pouvoir remotiver ses troupes. Il ne les avait pas trouvés, il n’a pas tenu le propos rassurant à ses joueurs ; ce qui fait que l’équipe qu’on a vu à Yaoundé était une équipe encore meurtrie. Finalement ce match n’a été vu à mon sens que par le comportement des spectateurs qui sont venus nombreux au stade, pour une équipe qui avait perdu 4-0 trois jours au paravent. Et comme si tout le monde a pris conscience qu’il ne fallait pas de dérapage, il n’y en a pas eu.
Depuis 2010, on a l’impression que les entraineurs testent beaucoup de joueurs. Qu’est-ce qui fait qu’on n’ait plus cette colonne vertébrale invariable ?
Il y a deux choses : soit des joueurs qui se dégagent par leurs performances et donc qui s’imposent à tous et qui font bien ce qu’ils ont à faire même dans la défaite ; ou alors on prend un entraineur principal qui, lui, sera fort de caractère pour choisir des joueurs en pensant qu’ils vont s’améliorer et les maintenir contre vents et marées. Malheureusement, nous n’avons ni l’un, ni l’autre, je pense. Et donc, on a des gens qui étaient sur le banc de touche lors du 4-0, et qui disparaissent du banc de touche lors du 1-1.
Après cet échec, comment rebondir vers la CAN 2019 qui est le seul prochain horizon du Cameroun ?
Même si on s’était qualifié pour la Coupe du monde, il aurait fallu assurer 2019. Il s’agit donc de se concentrer sur un objectif, là où on en avait deux. Désormais on sait qu’il ne nous reste que ça à faire. J’avais déjà annoncé que construire des stades est plus facile que construire une équipe. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut renoncer à en construire, mais ce qui veut dire qu’il faut lui prêter au moins la même attention que celle qu’on accorde au béton.
Où trouver des perles rares ?
Je pense qu’il faut arrêter de rêver. Aujourd’hui dans le football mondial, les perles rares sont connues. L’effectif camerounais est presque connu et aujourd’hui, malheureusement on n’a pas entamé de programmes spécifiques depuis qu’on a remporté la CAN en début 2017. Et donc 2019 va arriver dans moins de deux ans et je ne crois pas qu’on puisse fabriquer d’autres joueurs. C’est avec ce qu’on a, qu’on doit adapter des stratégies et des tactiques.