Abandon et indifférence légendaires ! En dehors d’une ruelle qui a été baptisée au nom de Marc Vivien Foé au quartier Mfandena à Yaoundé, l’Etat du Cameroun n’a pas bougé d’un seul pouce pour assurer la continuité des chantiers engagés avant la disparition de l’international camerounais dont rien n’est fait pour pérenniser son image dans l’esprit de ses compatriotes.
Sous le poids de la douleur et de l’accablement causé par la disparition tragique de leur progéniture, Foé Amougou et son épouse pensaient, en écoutant religieusement la kyrielle d’hommages et de promesses faites dans le dessein de poursuivre l’œuvre de l’international camerounais, que l’héritage légué à la postérité serait entre de bonnes mains.
Que nenni ! C’est peut-être la présence de Paul Biya, le président de la République à cette cérémonie du lundi 7 juillet 2003 qui avait poussé certains, à promettre ce qu’ils ne réaliseront jamais.
La preuve, treize ans après le décès de Marco, rien n’a bougé.
A plusieurs occasions, papa Foé vers qui les interrogations sont orientées, a martelé qu’il n’a jamais rien reçu de l’Etat du Cameroun pour un projet ou pour un autre.
Même pas pour les cérémonies commémoratives du décès de son rejeton. A plusieurs occasions, celui qui est par ailleurs, le maire de Nkolafamba, a crié à hue et à dia que les chantiers de son fils se meurent.
En vain. Ses cris de détresse, sa peine et son appel au secours sont restés lettre morte.
Retombées de la Coupe des Confédérations
Lors d’un entretien avec des confrères de la presse sportive l’an dernier, l’homme qui continue de pleurer son fils, marquait son étonnement sur ce qu’est devenu le chantier du complexe multisport de Biteng. « Depuis que Marco est décédé, personne n’a daigné venir déposer au moins une gerbe de fleur sur sa tombe.
Je n’ai vu personne alors que de son vivant Marco mangeait avec eux, il jouait avec eux, ils partageaient des bons comme des mauvais moments en sélection avec eux. J’ignore si c’est de la méchanceté ou de la haine.
Si c’est de cette façon que nous voulons bâtir le Cameroun, je dois vous avouer que ça me fait honte », confiait-il, l’âme en peine. Or, le gros œuvre du gymnase couvert est terminé à 80 %. Les équipements nécessaires aux travaux de finition sont disponibles à 70 %. En gros, les infrastructures prévues ne sont réalisées qu’à 38 %. Beaucoup de chemin reste donc à faire. Selon un ouvrier ayant requis l’anonymat, Foé comptait beaucoup sur les retombées de la Coupe des Confédérations pour relancer le chantier. Le sort en a décidé autrement. Il est parti avec ses rêves et ses ambitions. Seule la Fifa qui avait promis de prendre en charge les enfants du défunt jusqu’à la majorité, a tenu à ses engagements.
Main basse au Minsep ?
Qu’a donc fait le gouvernement de ses promesses il y’a 13 ans ? Et le ministère des sports et de l’éducation physique où une cellule d’étude de ce dossier avait été créée ? Qu’est-elle devenue et quelles en sont les faits d’armes ? Mystère et boule de gomme. La plupart des fonctionnaires du Minsep approchés par nos bons soins, refusent de s’exprimer en « on » comme en « off » sur ce dossier « très compliquée ». A plusieurs reprises, le ministère que dirige Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt aujourd’hui avait été traduit au tribunal familial qui l’accuse d’avoir fait main basse sur les fonds destinés à pérenniser l’œuvre de l’emblématique footballeur. Mais, ces accusations n’avaient duré que le temps d’un Remember Foé. Comme pour sauver la face, l’Etat avait décidé de baptisé une des rues de l’arrondissement de Yaoundé 5 « Rue Foé ».
Une espèce de fuite en avant que n’a jamais toléré les parents et les proches de l’illustre disparu. « Quand je contemple cet imposant complexe qu’il a commencé, je me rappelle de ce rêve qu’il nourrissait pour la jeunesse de son pays. C’est pour eux qu’il construisait ça. Il songeait à la formation de la jeunesse qui fera la relève demain. Lui au moins l’a fait mais aujourd’hui, il est en ruines. Il arrivait parfois qu’on n’ait pas l’argent mais on mettait le cœur », confesse Foé Amougou qui se souvient que lors de la messe de requiem célébrée en présence du président de la République, tous avaient pourtant souhaité que l’œuvre et le souvenir du dossard 17 des Lions soient préservés à travers les travaux d’achèvement dudit complexe que le défunt voyait comme un centre de formation et de perfectionnement.
Bijou architectural
Meurtri par le désespoir et la déception, les camerounais s’accordent à penser que le Complexe sportif Marc-Vivien Foé restera le testament (bafoué) d’un homme de conviction préoccupé de répandre le bonheur autour de lui.
Dans un pays qui, en dépit de ses performances sportives sur la scène internationale, manque cruellement d’infrastructures sportives ce bijou architectural abandonné en pleine forêt unique est le plus précieux héritage qu’on puisse léguer à la jeunesse camerounaise qui trouvera là un espace rêvé pour le développement des potentialités naturelles.
Selon les prévisions, le complexe devait coûter 3 milliards Fcfa. Les travaux, jusqu’ici, ont été exécutés par l’entrepreneur belge Donald Bloemen. Mais à quelle fin ?