Le duo hollandais entame sa première expérience sur le banc de touche d’une sélection africaine. Celle du Cameroun, certes, quintuple champion d’Afrique, mais réputée pour sa gestion calamiteuse. Seedorf est-il au parfum de toutes les réalités qui sonnent pour lui comme des défis ?
Le duo Clarence Seedorf et Patrick Kluivert sait-il que la gestion des Lions indomptables n’a (presque) rien de pareil avec l’équipe nationale néerlandaise dans laquelle ils ont évolué ? Le processus de son recrutement lui sert pourtant d’indicateur. Puisque que ni Clarence, encore moins Patrick n’a postulé à l’appel d’offre international de recrutement lancé en mars par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). A leur décharge, d’aucuns diront qu’ils ne sont pas les premiers à atterrir au Cameroun par un vol spécial de la mafia. Hugo Bross, champion d’Afrique en titre, et Otto Pfister, tombé en finale de la Can 2008 contre l’Egypte avaient donné du poids à cette technique de parachutage des entraineurs.
N’empêche que le duo hollandais s’interroge dès à présent sur son mode de désignation. Partout ailleurs, y compris dans leur pays la Hollande, c’est la fédération, organe technique qui recrute le sélectionneur. Au Cameroun, c’est un homme politique, le ministre des Sports, qui s’en charge, “ sur instructions ” dit-il de la “ haute hiérarchie”. Entendez, la primature ou la présidence de la République. De quoi renseigner Seedorf ou Kluivert, que le football est une discipline sportive hautement politisée chez nous.
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A ce titre, Samuel Eto’o, ami et ancien coéquipier de Seedorf, dont plusieurs sources généralement crédibles attestent qu’il a joué un rôle prépondérant dans l’arrivée du duo néerlandais, leur a-t-il tout dit sur le fonctionnement des Lions indomptables ? Clarence Seedorf sait-il par exemple que des hommes politiques vont tenter de s’immiscer dans la gestion de son vestiaire ? Est-il prévenu qu’il est possible que sa liste des joueurs soit modifiée et remplie par des éléments dont-il n’a jamais vu ou entendu parler ? Eto’o a-t-il expliqué à Seedorf qu’au Cameroun le mot godasse ne désigne pas seulement la chassure aux crampons, mais renvoie également au parrainage des joueurs moins méritants ? Et que cette sale manœuvre porte les noms des agents de joueurs, hommes politiques, membres de la fédération, et même des anciens internationaux.
Patrick Kluivert sait-il qu’à une époque très récente ce sont les agents de joueurs qui étaient les “ vrais adjoints du coach” ? Qu’il est quelques fois arrivé que le sélectionneur ait le même agent ou manager que certains joueurs de son effectif. Qui, de fait étaient titulaires incontestables.
Malgré l’amateurisme
A propos de leur contrat, le duo hollandais peut sans l’aide d’un quelconque proche, se rendre compte que pour une des rares fois dans leur carrière, le montant de leur salaire n’a pas été rendu public. C’est que, le salaire de l’entraineur des Lions indomptables est classé parmi les secrets d’Etat. Même si l’information finit toujours par filtrer. Cette fois, l’on parle de 63 millions de FCFA pour le duo. Un salaire brut auquel ne sera pas retranché l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), pourtant institué il y a peu par l’État du Cameroun. De quoi conforter Seedorf que la gestion des Lions indomptables repose sur des mécanismes que les hommes politiques seuls maitrisent.
Et’o’o a-il déjà conduit Seedorf et Kluivert au marché Mokolo pour s’acheter des sacs Mbandjok ? Surement pas encore. Le recordman des buts en sélection nationale du Cameroun leur dira sans doute bientôt que dans son pays, et toujours contre son gré, l’argent des primes et le salaire se remettent parfois en mains propres. Non pas par chèques ou virements bancaires comme sous d’autres cieux. La frustration connue par Choupo Moting, Joel Matip ou Assou Ekotto, contraints de percevoir plus de 40 millions de FCFA en cash à quelques heures d’une Coupe du monde peut aider le duo hollandais à mieux se tropicaliser.
Parlant de Coupe du monde justement. Seedorf n’a certainement pas eu vent que la préparation d’une équipe pour le dernier mondial a été perturbée par des questions de primes. Samuel Eto’o est mieux placé pour lui confesser qu’il n’y a pas eu de scandale parce que son pays n’était pas qualifié. En général c’est lui qui anime la rubrique des faits divers pour ce type d’affaires honteuses.
Etant donné que tout aventure a une fin, Kluivert et son boss ont sans doute à coeur de remporter leurs premiers trophées d’entraineurs avec le Cameroun. Ils doivent donc eviter de tomber dans les mêmes “ pièges ” que leurs predecesseurs. Presque tous ont été éconduits pour : “ refus de résider au Cameroun “, et “ objectif non atteint ”. Des motifs auxquels echappent très rarement les sorciers blancs.
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Toutefois, le duo Seedorf et Kluivert doit savoir que malgré toute l’amateurisme qui entoure la gestion de l’équipe nationale du Cameroun, les fans attendent des résultats. Des entraineurs étrangers ont réussi à faires des prouesses dans ces conditions.