L'actualité autour du chantier du Stade d'Olembe est marquée ces derniers temps par un charivari retentissant en matière de communication. La date du 30 novembre 2021 était sue de tous comme la date de la mise à disposition de l'ouvrage devant abriter l'ouverture et la clôture de la Can 2021 à la Confédération africaine de football (Caf).
Quelques jours auparavant, sans doute sous la pression d'une lettre particulièrement menaçante du secrétaire général de l'instance faîtière du football africain, le président du Cocan, par ailleurs ministre des Sports et de l'Education physique (Minsep) indique que deux jours avant l'échéance, sur la foi des assurances du prestataire canadien Magil, le stade d'Olembe va rendre une copie conforme aux exigences de la Caf.
Le jour-dit, le 30 novembre, Narcisse Mouelle Kombi revient à la charge, cette fois-ci pour informer de sa plus belle plume l'opinion publique de la préparation des formalités d'usage liées au marché (recettes techniques) en vue de la "cession" du joyau architectural à la Caf le 3 décembre 2021.
Mais ce jour-là, patatras ! Un nouveau rebondissement, un nouveau glissement survient. Le Minsep refile la patate chaude au vice-président de la commission communication du Cocan, de qui l'on apprend que la livraison du l'ouvrage, tout au moins pour ce qui tient des attentes de la Caf, est reportée à une date ultérieure.
Bien évidemment, ces pédalages et rétropédalages ont le don de perdre l'opinion publique, qui redoute toujours l'épée de Damoclès de la Caf. Sur les réseaux sociaux et la presse classique, les réactions indignées s'enchaînent et se déchaînent. Les observateurs les plus cléments parlent de la malédiction Olembe, d'autres, plus corrosifs, y voient simplement une honte nationale monumentale.
Dans l'attente de la mission de la Caf annoncée cette semaine, le gouvernement, lui, semble groggy par ses propres contradictions et errements.
Les dernières péripéties sur le Stade d'Olembe consacrent surtout une décrédibilisation voire une désacralisation de la parole publique.
Le ministre des Sports n'est pas le premier à se prendre les pieds aussi spectaculairement dans le tapis.
Le ministre de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu), elle aussi, est depuis quelque temps la risée des réseaux sociaux, pour avoir annoncé la livraison de la section rase campagne de l'autoroute Yaoundé-Nsimalen au plus tard le 30 novembre 2021. Une déclaration triomphaliste qui ne résiste pas à la réalité du terrain.
Du reste, qui a oublié les "perles" du "porte-parole" du gouvernement sur des tueries perpétrées par des militaires dans l'Extrême-Nord, attribuées à tort à des soldats maliens ou plus récemment les méprises en rapport avec le massacre de Ngarbuh, dans le Nord-Ouest ?
Il s'agit d'une succession de dérapages qui remettent gravement en cause le postulat dont les bien-pensants du pouvoir ont longtemps rebattu les oreilles du petit peuple, à savoir " la rumeur vient d'en bas, la vérité d'en haut".
Bien plus, ces sorties de piste accroissent le fossé déjà abyssal de désaffection entre les populations lessivées et désabusées par un pouvoir quarantenaire. Face à ce qui apparaît comme une gouvernance de slogans, d'effets d'annonce et de jactance, le contrat social entre gouvernés et gouvernants s'effrite et se désagrège.
Il faudra sans doute une révolution copernicienne afin que le lien de confiance soit restauré. En fait de révolution, il faut simplement revenir à l'adage selon lequel "les actes parlent plus que les paroles". Des actions structurantes de développement, il faut en poser à un rythme soutenu dans tous les territoires et non faire du saupoudrage et s'en vanter de manière décomplexée.
Cette culture de l'action qui parle et impacte doit être remise au centre de la communication des tenants du pouvoir d'État. Dans le cas contraire, la délégitimation de la parole et la puissance publiques, qui pulvérise des records ces derniers jours, aura encore de beaux jours devant elle.
Par Georges Alain Boyomo