Préoccupé par la nécessité d’assainir le secteur d’activité relevant de ses compétences, le délégué régional du Tourisme et des Loisirs pour l’Ouest, a engagé depuis peu, une campagne de fermeture des hôtels et autres espaces de loisirs, exerçant dans l’illégalité. Une centaine au total dans la région de l’Ouest dont une cinquantaine dans la seule ville de Bafoussam. Si pour lui, il est important de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, il est surtout urgent de mettre toutes les structures ciblées à niveau dans la perspective de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can) que le Cameroun organise en 2019.
Qu’est-ce qui justifie l’opération de fermeture de certains établissements hôteliers que vous avez engagée ?
Nous sommes actuellement en train de procéder à la fermeture d’une cinquantaine d’établissements qui se trouvent dans une situation d’illégalité dans le cadre de l’assainissement du secteur de l’hôtelier et des loisirs. Le ministre d’Etat ministre du Tourisme et des Loisirs (Mintourl) depuis le mois de juin dernier, nous demandé de procéder au contrôle et aux inspections des établissements relevant de notre secteur d’activité. La fermeture ou la mise sous scellés des établissements est la suite de la procédure. Au préalable, ces établissements ont reçu des procès-verbaux de constatation d’infraction ; ils ont également été notifiés sur les amendes à payer. C’est face à l’indifférence des uns et des autres que nous avons décidé de continuer la procédure telle que prescrite par la Loi ; à savoir, procéder à la fermeture de ces établissements qui pour l’instant, sont clandestins, donc ne justifiant pas d’une autorisation légale d’exister.
Quel est le potentiel des établissements d’hébergement et de divertissement de la région de l’Ouest ?
Il est difficile de donner un chiffre exact parce qu’il y a tous les jours des établissements qui naissent dans les quartiers que nous ne découvrons que lors des descentes sur le terrain. Toutefois, nous pouvons estimer ce potentiel à environ 400 établissements hôteliers et de loisir dans la région de l’Ouest. Pour revenir sur l’opération que nous menons, il faut dire qu’elle s’inscrit dans le cadre de la préparation de nos établissements à pouvoir accueillir la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019. Il faut dire que dès lors qu’on est clandestin, ça devient difficile pour nous et pour les opérateurs de s’arrimer aux standards. Par contre, quand ils jouissent d’une autorisation, ça veut dire qu’ils remplissent les conditions minimums pour être dans les standards. Notre objectif n’est pas de sortir ces établissements du marché, mais de les amener à sortir de la clandestinité afin qu’ils s’arriment aux normes pour que nous soyons rassurés que pendant la Can, les établissements opérationnels répondent au minimum requis.
Que perd exactement l’Etat du fait de l’existence de ces établissements clandestins ?
L’impact économique de ces établissements clandestins est très significatif. Dans la mesure où, ils ne déclarent généralement pas les statistiques ; ce qui plombe nos informations sur la production touristique de la région. L’impact est également important sur le plan fiscal. Les établissements autorisés aujourd’hui selon la catégorie, doivent la reverser la taxe sur le séjour dans les hôtels. Donc quand un établissement n’est pas autorisé, il n’est pas classé et par conséquent, il n’y a pas de données pour prélever cette taxe. Bien plus, l’autorisation permet de retenir la redevance sur les panonceaux, qui est payée en fonction de votre catégorie. Tout cela a des implications sur les revenus du budget de l’Etat. Les établissements non autorisés ne sont pas autorisés à payer les redevances sur les panonceaux et engendrent des pertes sur les caisses de l’Etat.
Il y en a qui continue de douter de la capacité de la région à relever les défis de la Can 2019 sur le plan des hôtels. Que répondez-vous ?
Je pense que le site de Bafoussam, sera prêt pour accueillir la Can. Aujourd’hui nous parlons de l’assainissement du secteur. La ville de Bafoussam a plusieurs hôtels deux et trois étoiles. Et nous sommes entrain d’assainir le secteur pour que même ceux qui ne sont pas autorisés puissent au moins se mettre niveau des hôtels une étoile qui constituent l’essentiel des établissements de la ville de Bafoussam. À l’heure actuelle, pour accueillir toutes nos convives, nous pouvons disposer de 2000 lits. Pour ce qui est des exigences de la Confédération africaine de football (Caf), à savoir disposer d’au moins deux hôtels quatre étoiles, je voudrais vous rassurer que nous avons actuellement quatre hôtels quatre étoiles dont les travaux seront terminés avant fin 2018. Il s’agit de l’hôtel Beaulieu ; de l’hôtel Tagidor à Bangou ; du Centre climatique de Dschang, de l’hôtel Zingana, sans compter l’hotel Hento et le complexe hôtelier Congelcam. Nous sommes déjà à au moins 6 hôtels quatre étoiles. A titre de rappel, lors de la dernière visite du ministre d’Etat Mintourl dans la ville de Bafoussam, il s’est rendu sur les chantiers de certains hôtels pour non seulement se rendre compte de l’évolution des travaux, mais aussi pour s’assurer qu’ils seront prêts dans les délais. Pour ceux des promoteurs qui attendent d’être accompagnés par les pouvoirs publics, les dossiers avancent suffisamment au niveau de notre secteur d’activité pour l’hébergement de nos convives.
Vous avez évoqué les cas du Centre climatique de Dschang qui croupit depuis des années dans une promiscuité inénarrable. Qu’est-ce que l’on prévoit exactement faire là-bas ?
Le Mintourl était sur le site il y a environ une semaine. Et il n’y était pas en villégiature, mais pour essayer d’apporter des solutions. C’est clair que le centre climatique va subir une rénovation pour accueillir la Can 2019. En plus de ce qu’il y a déjà et qui sera rénové, d’autres chambres seront construites. A Buea aujourd’hui, le Mountain Hotel et le Parliamentary Hotel ont bénéficié d’une bonne cure de jouvence. Ce sera la même chose pour le centre climatique.
Quid des sites touristiques pour la plupart à l’abandon ?
L’Ouest à cette particularité que la plupart de nos sites éco-touristiques sont généralement des lieux sacrés. Nous nous employons à pouvoir faire une ligne de démarcation entre l’espace réservé aux visiteurs et l’espace réservé aux autochtones pour leurs rites et coutume. Cela a déjà commencé au niveau chutes de la ‘’Mouakeu’’. Il sera question dans le cadre de la Can 2019, de pouvoir faire également cette ligne de démarcation aux chutes de la ‘’Métchié’’ à Bafoussam ; au lac ‘’Toupè’’ et au Lac Baleng dans Bafoussam 2e. Je voudrais sur cet aspect, indiquer que nous avons dans notre plan d’action prévu quatre circuits touristiques pour les visiteurs qui seront à la Can au Cameroun. Et parmi ces circuits, on a intégré des sites comme des montagnes, des lacs, des sites patrimoniaux…Je peux rassurer l’opinion que nous disposons de beaucoup de sites patrimoniaux qui sont en bon état dont les voies d’accès sont praticables. Nous avons uniquement les problèmes avec les sites naturels qui ont des voies d’accès pas très praticables et qui nécessitent des aménagements. Au-delà de ces sites naturels, je peux vous rassurer que les autres sites sont bien aménagés. Lorsqu’on se rend par exemple aux monts Bapit et Bamboutos par exemple, on n’a pas de problème au niveau de ces sites, mais peut être au niveau des voies d’accès. Pour se rendre dans nos musées à Dschang ou à Batoufam, on n’a aucun problème. Donc nos convives ne doivent pas être inquiètes quant à leurs loisirs et agrément. Toutefois, pour ce qui est des coins de loisirs, je voudrais indiquer également que dans le processus d’assainissement du secteur, il est question pour nous non seulement d’amener les opérateurs en place à se mettre aux normes, mais aussi de lancer un appel aux investisseurs. La Can ne va pas se jouer qu’à Douala et Yaoundé, mais également à Bafoussam. Par conséquent, il faut que les investisseurs privés puissent s’intéresser à la construction des snack-bars, les boites de nuit, des cabarets et autres coins de loisir. La ville de Bafoussam en a besoin. Nous sommes prêts à les accompagner et à les conseillers dans ce secteur.
Quelles sont vos priorités face à ces vastes chantiers liées à la Can ?
La priorité, c’est sensibiliser nos promoteurs afin ce qu’ils soient prêts pour la Can. L’actualité majeure aujourd’hui, c’est d’accueillir la Can dans de bonnes conditions. La priorité pour nous, c’est de mettre un accent sur les promoteurs de notre secteur. Si l’Etat est acteur sur le plan des infrastructures routières et sportives, il se trouve que sur le plan des infrastructures hôtelières, c’est d’abord nos partenaires privés. La priorité aujourd’hui, est de travailler ensemble afin de relever le standard de nos installations et nos équipements d’hébergement, de restauration et de loisir pour être aux normes ou au niveau acceptable pour donner une belle image de la ville de Bafoussam à tous ceux qui vont venir pendant la Can.
Nous faisons le constat de ce qu’il n’existe presque pas de jardin public dans la ville de Bafoussam. Que faites-vous pour intéresser les municipalités à se pencher sur cette question ?
Le travail que nous faisons en direction des municipalités est un travail d’ensemble. Car pour aménager un espace de loisir dans une ville, il faut qu’il ait d’abord la disponibilité de l’espace. Ce que nous attendons des maires, c’est de nous indiquer les espaces pouvant faire l’objet d’un aménagement urbain pour permettre aux gens de se divertir. Dès que nous avons cet espace, en collaboration avec les autres sectorielles, nous faisons un travail de maturation du projet afin de ressortir un budget qui puisse permettre à l’Etat d’apporter les financements nécessaires à la commune. Or ce que nous constatons, c’est que beaucoup de maires ne s’approprient pas ce volet de leurs responsabilités à améliorer le cadre de vie de leurs populations. Nous avons espoir qu’avec la Can, au moins les maires de la ville de Bafoussam prendront à cœur l’aménagement des espaces verts.
Que répondez aux investisseurs réfractaires à tout investissement important à Bafoussam à cause de l’état piteux des routes ?
Il est vrai que les routes ne sont pas de bonne qualité ; surtout les deux principaux axes qui relient Bafoussam des autres grandes villes que sont Douala et Yaoundé. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas anticiper. Il est question pour eux aujourd’hui de faire leur travail de telle sorte que quand la route soit faite, qu’elle vienne trouver des installations, des équipements déjà disponibles. Par rapport aux échéances à venir à date connue, il est important pour les investisseurs d’anticiper afin que le moment venu, tout le monde soit au même niveau d’organisation. Surtout que la mission de la Caf qui sera sur terrain, ne viendra évaluer ce qu’on entend faire, mais ce qui est déjà fait.