Infrastructures. A 24 mois de la CAN 2019, rien ne semble être sorti de terre depuis le début des travaux. Une batterie de vigiles travaille pour garder la presse à distance.

« Vous avez l’autorisation pour filmer ? Vous n’avez aucun droit d’utiliser votre appareil de photos ici, si vous n’avez pas une autorisation expresse du ministre des sports et de l’éducation physique. Je peux casser vos bêtises là, et vous n’allez vous plaindre nulle part. » Pas besoin d’une autre forme de procès pour savoir que ce monsieur est, comme ceux que nous avons rencontrés, depuis les quatre heures passées ici à Yassa.

Pour essayer d’avoir une idée sur le déroulement des travaux de construction du complexe qui devrait abriter un des stades de football de la CAN 2019, nous ne sommes pas les bienvenus. Ils sont une demi-douzaine, les hommes postés à l’entrée principale du chantier. Ils nous ont gentiment fait entendre : « Monsieur, les responsables sont en réunion, et ne peuvent pas vous recevoir. Vous pouvez tourner un peu, en attendant que la réunion finisse. » Entre huit heures et douze heures ce 25 juillet 2017, ladite réunion n’est jamais terminée.

La pause de midi est le seul moment où nous avons vu quelques deux cent personnes se ruer vers les commerces qui jouxtent la grande barrière. Et là, quelques indiscrétions fusent : « Il y a eu grève ici la semaine dernière, car nous accusons quelques mois d’arriérés de salaire. Nous les noirs seulement. Car nous n’avons vu aucun blanc se plaindre. Nous ne savons pas si c’est parce que ce sont les turcs et ils parlent une langue que nous ne comprenons pas, ou si eux ils sont payés en catimini. Pour une entreprise où on annonçait près de 1000 employés, nous ne sommes même pas 300, et la majorité ce sont les turcs venus avec l’entreprise en charge des travaux. Yassa est devenu l’espace où il y a la plus grosse concentration de turcs au Cameroun.»

Parmi les gros œuvres à réaliser pour l’organisation parfaite d’une Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN) 2019, le complexe Sportif de Yassa devrait abriter un des stades de la ville de Douala. Les seules informations qui sont à la portée des journalistes, ce sont celles indiquées sur les banderoles affichées ça et là, autour de la grande barrière qui indiquent que le maître d’ouvrage est le Ministère des Sports et de l’Education Physique, et que le maître d’œuvre est l’entreprise turque Yenigun Construction Industry.

Le financement viendrait du budget spécial de la CAN, et le délai d’exécution serait de 30 mois. Lesdites banderoles n’indiquent pas les dates de début des travaux, ni la date de livraison. Un des responsables qui a requis l’anonymat nous a lancé : « Le contrat avec notre entreprise est clair : pour avoir accès à la moindre information, vous devez vous rendre au ministère des sports et de l’Education physique pour une autorisation. Rien ne peut filtrer d’ici sans ce précieux sésame. » L’image de la maquette du ‘’Japoma Sports Complex’’ montre qu’il va y avoir un stade de football, deux gymnases, des terrains de basket, des courts de tennis et bien d’autres espaces de sports. Tout ceci devrait être prêt dans les 24 prochains mois.